"Xi Jinping est animé par l'obsession de faire de la Chine la puissance mondiale dominante"

Le président chinois, Xi Jinping, lors de sa visite à Moscou le 21 mars 2023
Le président chinois, Xi Jinping, lors de sa visite à Moscou le 21 mars 2023 Tous droits réservés Sergei Karpukhin/Sputnik via AP
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Par Stefan Grobe
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Pour l’eurodéputé écologiste Reinhard Bütikofer, la guerre en Ukraine met en lumière les ambitions géostratégiques de Pékin.

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La Chine cherche à profiter de la guerre en Ukraine pour bousculer l’ordre mondial. Le partenariat affiché à Moscou entre les présidents chinois, Xi Jinping, et russe, Vladimir Poutine, se présente en opposition aux Etats-Unis et à l’Occident.

Euronews a interrogé l’eurodéputé Reinhard Bütikofer (les Verts), membre de la commission Affaires étrangères et président de la délégation des relations avec la Chine, sur le positionnement chinois dans la guerre actuelle.

Euronews :

La Chine cherche à se présenter comme un conciliateur potentiel dans le conflit ukrainien. Quel est l'intérêt de Pékin ?

Reinhard Bütikofer :

Ils voulaient se présenter comme les artisans d'un nouvel ordre mondial. Xi Jinping est animé par l'obsession de faire de la Chine la puissance mondiale dominante au plus tard en 2049, 100 ans après la fondation de la République populaire. Il l'a dit dans de nombreux discours. Et je pense que nous, ici en Europe, et bien sûr les Etats-Unis et tous nos partenaires et alliés, devrions prendre cette ambition très au sérieux.

Euronews :

Washington dit craindre que la Chine puisse armer la Russie. Vous partagez ces inquiétudes ?

Reinhard Bütikofer :

Certains rapports indiquent que la Chine a peut-être envoyé des armes en très petit nombre à la Russie, ce qui ne changerait rien sur le plan militaire. Elle soutient la Russie sur le plan politique et économique, au cas où elle arriverait à la conclusion que (Vladimir) Poutine serait sur le point de perdre. Je n'exclus pas qu'ils aillent jusqu'à cette extrémité pour le moment. Ils n'investissent pas parce qu'ils se rendent compte que le prix à payer serait élevé. Nous ne nous pourrions pas nous contenter de rester sur la touche en observant la situation.

Euronews :

Si la Chine soutient fortement la Russie, comment l'Occident et l'Europe doivent traiter Pékin ?

Reinhard Bütikofer :

Nous devrions traiter la Chine comme le problème systémique qu'elle est, comme nous l'avons compris depuis un certain nombre d'années. La Chine ne partage pas notre vision du monde. Elle ne partage pas nos principes. Nous pouvons, bien sûr, coopérer avec un problème systémique, nous pouvons être compétitifs s'ils respectent les règles de la compétition. Mais nous ne devons pas nous leurrer en pensant que la Chine, d'une manière ou d'une autre, peut être considérée comme une sorte de compréhension différente du multilatéralisme, de l'État de droit ou de la démocratie. Elle est à l'opposé de tout cela.

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