Développement : redonner les manettes aux pays pauvres

Développement : redonner les manettes aux pays pauvres
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Par Euronews
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C’est la première fois que Grace Mueni Nyaa met les pieds à Bruxelles. Elle a été invitée aux journées européennes du développement les 6 et 7 décembre pour raconter son histoire : comment, avec le soutien logistique et technique de l’Union européenne, elle a transformé son village natal, Kyome, au Kénya, en véritable coopérative agricole. Elle a baptisé sa société Kyome Fresh Company.

« L’aide des pays développés à l’Afrique est une bonne chose, reconnaît Grace, mais j’ai le sentiment que l’Afrique a besoin de passer à l‘étape suivante et de devenir autosuffisante. Bien sûr, quand vous avez un grand frère pour vous donner la main, vous pouvez traverser le pont. Mais il vous faut grandir un jour, pour pouvoir traverser le pont tout seul.”

Grace incarne l’avenir de l’aide européenne au développement. Sa vision des choses, le commissaire européen au Développement, Andris Piebalgs, la partage. « Nous devons établir de vrais partenariats, martèle-t-il. Nos partenaires des pays en voie de développement nous disent qu’ils souhaiteraient nous voir davantage soutenir leur croissance, en mettant l’accent sur le développement durable, l‘énergie en particulier, et sur l’agriculture.”

Objectif affiché : sortir du modèle donateur-récipiendaire pour aider les pays pauvres à se réapproprier leur croissance.

Car si les 27 sont encore les plus généreux donateurs au monde, mais faute de résutats visibles, la crise économique et financière pourrait bien avoir raison de leur altruisme.

La Commission a donc publié un livre vert pour ouvrir le débat sur les grandes lignes d’une nouvelle stratégie européenne de l’aide au développement.

Les citoyens européens sont appelés à donner leur avis : comment rendre l’aide plus efficace, plus équitable et plus durable ? Comment, enfin, garantir la sécurité alimentaire ?

Les ONG mettent en garde contre une approche exclusivement économique mais apprécient l’effort affiché de transparence.

“A l’heure actuelle, nous n’obligeons même pas les entreprises de nos pays à déclarer l’argent qu’elles versent aux gouvernements en voie de développement. La Commission a dit que d’ici la fin 2011, elle prendra des mesures pour imposer ce genre de transparence financière,” note Eloise Todd, qui dirige le bureau bruxellois de l’organisation caritative de Bono et Bod Geldof, One.

De son côté, Elise Ford, responsable du bureau européen d’Oxfam estime que « la croissance risque d‘être une excuse pour réduire les aides aux secteurs traditionnels de la coopération européenne au développement, des secteurs essentiels à une croissance inclusive, tels que la santé, l‘éducation et le droit fondamental des récipiendaires au développement durable. L’accent sur l’aide aux entreprises risque d‘être mis au détriment de ces secteurs-clés.”

Autre problème souligné par la Banque africaine de développement : comme Grace, beaucoup d’entrepreneurs exportent exclusivement vers d’autres continents.

Le président de la BAD, Donald Kaberuka, estime ainsi que «la meilleure façon d’avancer est d’accélérer l’intégration économique régionale. Pour cela, il nous faut construire des infrastructures, faciliter le commerce et faire tomber toutes sortes de barrières. Exactement comme l’Union européenne l’a fait.”

Les consultations lancées par le livre vert sont ouvertes jusqu’à la fin janvier. Après viendra le temps de la réflexion. La Commission européenne se fixe pour objectif de présenter des propositions définitives d’ici la fin 2011.

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