La mobilité, un bien ou un mal pour l'économie européenne ?

La mobilité, un bien ou un mal pour l'économie européenne ?
Par Euronews
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Aujourd’hui, 2,8 % des Européens sont des migrants venus d’autres pays de l’Union. Cette liberté de circulation des personnes s’explique par l’existence du marché unique dont le but est d’assurer la prospérité non seulement des entreprises, mais aussi des populations. La mobilité des travailleurs en Europe a cru de manière significative depuis 2010 après avoir connu une forte baisse en raison de la crise. Les pays du sud de l’Europe connaissent un véritable exode. La plupart des migrants à la recherche d’un emploi sont des jeunes avec un haut niveau d‘études. Un phénomène qui ne va pas sans créer des difficultés dans les différents pays d’origine qui investissent dans leur éducation.

Le sujet de la mobilité suscite aussi des débats brûlants en raison de la crise, en particulier en Grande-Bretagne qui a accueilli 149.000 migrants venus du reste de l’Union en 2012, 209.000 en 2013. Sur place, certains stigmatisent les Roumains et les Bulgares. Pourtant, seuls 5 % des migrants en provenance de ces pays choisissent le Royaume-Uni, la plupart préférant se tourner vers l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. À Londres, le professeur d‘économie Marco Manacorda de la Queen Mary University assure que contrairement à ce que l’on pourrait souvent croire, “les natifs des pays d’accueil ne sont pas vraiment pénalisés” par la concurrence des migrants sur le marché du travail.

Si le Royaume-Uni par exemple bénéficie d’une forme de fuite des cerveaux, les pays d’origine peuvent aussi en tirer parti. Certains finissent par rentrer chez eux ou d’autres rapatrient des fonds dans leur pays et contribuent à leur croissance économique : cela représente 3,2 points de PIB en Roumanie et 4,1 points en Bulgarie.

Au siège de l’OCDE à Paris, nous avons demandé à László Andor, commissaire européen chargé de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion, son avis sur cette contestation de l’une des libertés fondamentales dans l’Union. Il reconnaît que “l’Union est devenue moins équilibrée en intégrant des pays de l’Est de l’Europe où il y a davantage de gens qui veulent profiter de cette liberté de circulation”, mais sans nier les difficultés, il estime que “cela contribue à surmonter les disparités sur le marché européen du travail”.
Quant à ces migrations qui seraient motivées par l’accès aux aides sociales, László Andor indique que “quand les gens se déplacent d’un pays à l’autre, il a été largement prouvé que c’est pour travailler. Les allocations, les dispositifs de protection sociale et les Etats-providence”, dit-il, “entrent très peu en ligne de compte”. Si cela s’avérait le cas, il invite les pays européens à “se doter d’un certain niveau de réglementation ou au moins d’une coordination des systèmes de protection sociale”.

Autre pilier du marché unique : la liberté de circulation des biens, services et capitaux. Une disposition qui fait croître le PIB européen de 2 à 3 %. Au sein du plus grand bloc commercial au monde comptant pour 20 % du PIB mondial, on fait encore face à d’importantes entraves : il y a les obstacles administratifs et l’application insuffisante de la législation, mais aussi de grandes disparités fiscales. De nombreuses entreprises en profitent.

En Roumanie, le taux d’imposition sur les sociétés est de 16 % contre 29,5 % en Allemagne par exemple. Ce qui les incite à ouvrir des sites sur place d’autant que le pays dispose d’un accès intéressant à la Mer noire. Des industriels italiens y sont présents pour cette raison, mais aussi parce que la main-d‘œuvre roumaine est “bon marché” comparé à celle d’autres Etats membres. On peut citer ce groupe spécialisé dans les grands composants pour centrales électriques qui a racheté un ancien site de production de pièces destinées aux centrales nucléaires roumaines ou cet autre qui travaille dans la confection et qui a ouvert à cent kilomètres au nord de Bucarest, des ateliers de finition de jeans haut de gamme. Autant d’exemples de production à coûts réduits qui peut s’opérer non pas à l’extérieur, mais au sein de l’Europe.

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