Stimulez votre croissance grâce à la "spécialisation intelligente"

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Par Euronews
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Deux régions en Italie et en Pologne ont adopté la stratégie européenne de spécialisation intelligente et les résultats sont là.

Laspécialisation intelligente, est-ce la clé pour développer l‘économie des régions d’Europe en misant sur la modernisation, l’investissement et l’innovation dans leurs secteurs de prédilection ? Pour le savoir, nous nous rendons en Pologne, en Poméranie où les autorités ont adopté un plan ambitieux en la matière et les résultats sont là. Nous interrogeons aussi Patrizio Bianchi, élu de la région de Bologne en Italie et ardent défenseur de cette stratégie.

A l’image de l’Emilie-Romagne en Italie, certaines régions de l’Union européenne misent sur la modernisation, l’investissement et l’innovation pour développer leur économie dans leurs secteurs de prédilection, stratégie qui a pour nom, la “spécialisation intelligente.” Pour les encourager à promouvoir l’innovation dans leurs différentes branches d’activité, les mesures d’incitation sont d’une grande utilité. Aujourd’hui, pour accéder aux fonds régionaux et de cohésion de l’Union européenne – et en particulier, aux 40 milliards d’euros réservés à la Recherche et Développement -, les collectivités régionales doivent adopter un plan de “spécialisation intelligente.”

Qu’y a-t-il derrière ce beau concept ?

Schématisons les choses dans notre cours accéléré. Imaginons une région qui serait la planète Z. Grâce à ses nombreux moutons, elle a fait de la production de laine et de fil, un secteur-clé de son économie. Mais ses produits sont simples et peu compétitifs. Un jour, les habitants de Z réalisent qu’ils doivent évoluer, se diversifier et se moderniser. Ils réunissent autour d’eux, représentants de l’Etat, éleveurs, tisseurs, stylistes – certains très connus -, hommes d’affaires et spécialistes en tout genre.

Résultat de leur brainstorming : ils trouvent comment innover en s’appuyant sur leurs points forts et sur les atouts de la technologie, créer de nouvelles opportunités et accéder à de nouveaux marchés. Quand l’industrie traditionnelle essaie de profiter de cet élan, les participants veulent que chacun soit traité sur un pied d‘égalité et trouvent de l’expertise et un financement ailleurs dans la galaxie, comme du côté de l’Union européenne. Les habitants de Z ont adopté la “spécialisation intelligente”, leur industrie attire les investisseurs privés et leur planète connaît la croissance.

50.000 emplois créés en Emilie-Romagne

Dans la région de l’Emilie-Romagne, on applique la “spécialisation intelligente” dans les secteurs pour lesquels la région est réputée comme la mécatronique, l’automobile, la construction, mais aussi la culture et la création artistique.

Le vice-président de la région “Patrizio Bianchi”: http://www.patriziobianchi.it participe à la mise en place de cette stratégie. Il est aussi professeur d‘économie industrielle.

Maithreyi Seetharaman, euronews :
“Constatez-vous déjà les résultats de ce plan ?”

Patrizio Bianchi, vice-président de la région Bologne en charge des politiques européennes :
“Nous avons de grands résultats. La “spécialisation intelligente”, cela veut dire travailler ensemble et on incite les gens à le faire.
Grâce à cette stratégie, on a créé environ 50.000 emplois et un millier de postes de chercheurs. C’est ce qu’on veut continuer à faire dans l’avenir pour encourager les universités, les entreprises et la formation professionnelle à travailler ensemble.”

Le rôle de précurseur de la Poméranie en Pologne

Mais cette région n’est qu’un exemple. La “spécialisation intelligente” peut-elle contribuer au développement partout en Europe ? Denis Loctier est allé voir ce qu’elle a changé dans une autre région en Pologne.

A Gdańsk, un centre de soins dentaires propose des implants personnalisés et des techniques de régénération de tissus osseux, des méthodes de pointe que ses équipes ont élaborées avec une université locale et une entreprise pharmaceutique. Milena Supernak-Marczewska, coordinatrice recherche et développement au sein de l’entreprise, explique : “La population polonaise et européenne vieillit : on vit plus longtemps et on veut être en meilleure santé quand on avance en âge, donc on a besoin de produits innovants,” insiste-t-elle.

Le partenariat mis en place a été récompensé dans le cadre d’un concours organisé par cette région de la Poméranie. “C’est en 2014 que cette compétition de spécialisation intelligente a commencé, poursuit Milena Supernak-Marczewska. Il était évident pour nous qu’on devait participer parce qu’on connaissait le potentiel de l’Université de technologie de Gdańsk&
et de notre centre et on savait aussi ce dont les patients avaient besoin,” assure-t-elle.

La Poméranie est aujourd’hui, aux avant-postes de la “spécialisation intelligente” car elle est la seule du pays à avoir impliqué les entreprises privées en amont de la démarche : elle a d’abord lancé un appel à propositions ouvert au privé et au public avant de sélectionner les meilleures avec l’aide d’experts.

“On est la seule région à avoir organisé un concours de Spécialisation intelligente et à avoir lancé un appel à projets, souligne Karolina Lipińska, coordinatrice “spécialisation intelligente” au sein du bureau du maréchal de Poméranie. Pour nous, la Spécialisation intelligente n’est pas qu’un concept, c’est une démarche concrète avec un objectif de commercialisation à l‘échelle mondiale parce qu’on se place au plan international,” assure-t-elle.

Ces projets de recherche et développement ont été répartis en quatre domaines : le médical, la logistique, les technologies interactives et l’efficacité énergétique. Les besoins en financement d’un montant total de 500 millions d’euros ont été couverts à parts égales, par trois cents entreprises et par les fonds européens régionaux.

Karolina Lipińska renchérit : “Les sources de financement publiques ne se suffisent pas à elles-mêmes, les entreprises aussi doivent mobiliser leurs capitaux. Je pense, ajoute-t-elle, que c’est positif pour la bonne marche des projets, mais aussi pour avoir des sources de financement à plus long terme.”

Comme le souligne notre reporter Denis Loctier, “en Pologne, le secteur privé finance en moyenne, moins de 40% des dépenses totales en recherche et développement tandis qu’en Poméranie, ce taux atteint près de 50%, c’est plus proche de la moyenne en Europe qui est de 55%.”

En menant cette stratégie, la région espère promouvoir les projets de recherche commercialisables, créer des emplois et donner un nouvel élan à l’enseignement supérieur, à la santé publique et aux énergies propres.

Qu'est ce que la Smart Specialisation Strategy ? #s3#spécialisationintelligente#stratégie#collterr#régionshttps://t.co/sgCL6w0OxJ

— LabTerritorial (@LabTerritorial) 29 juillet 2016

Patrizio Bianchi : “Un énorme potentiel”

Poursuivons notre entretien avec Patrizio Bianchi, élu de la région de Bologne en charge des politiques européennes.

Maithreyi Seetharaman :
Quand on regarde les statistiques, quels effets cette stratégie a-t-elle sur la croissance et la création d’emplois ?”

Patrizio Bianchi :
“Nous devons explorer toutes les possibilités qui nous sont offertes d’utiliser la technologie, de permettre à tous d’avoir une vie meilleure : voilà les effets de cette stratégie. Elle représente un énorme potentiel en termes de création d’entreprises, de nouveaux services, de nouvelles recherches et en termes de compréhension entre les intervenants et de travail en commun.”

Maithreyi Seetharaman :
“Qu’en est-il des régions qui ont des industries plus traditionnelles ou qui sont plus rurales. Comment peuvent-elles identifier leurs points forts et les renforcer en investissant dans l’innovation ?”

Patrizio Bianchi :
“Je crois qu’on est aujourd’hui face à une étape extraordinaire de cette grande révolution qui touche les activités agricoles. On n’est plus sur une production générique de masse, mais sur des productions spécifiques en fonction du climat ou centrées sur un seul type de denrée. On est aussi en train d’explorer l’opportunité de concevoir de nouveaux produits. Il y a beaucoup d’innovation dans ce secteur.
On s’est concentré sur l’innovation dans l’industrie. Aujourd’hui, il est temps de donner aussi la possibilité aux acteurs des zones rurales de profiter des avantages de la technologie.”

Maithreyi Seetharaman :
“Il y a aussi des freins à cette démarche comme les industries traditionnelles qui pèsent sur les décisions politiques. Comment aller au-delà ?”

Patrizio Bianchi :
“Il y a cette vision ancienne de la politique industrielle. Cette politique dans laquelle on subventionne ceux qui ne le méritent pas appartient au passé.
La nouvelle approche à avoir – ou du moins, la politique industrielle que nous menons ici – consiste à créer les conditions qui permettent à chacun de créer sa propre activité et de lui donner la possibilité de travailler avec d’autres. Il n’y a pas de Spécialisation intelligente s’il n’y a pas de coopération intelligente, de complémentarité intelligente, de capacité à travailler ensemble au développement de l‘économie. C’est la clé de cette nouvelle politique industrielle : créer des liens. C’est l’idée d’une société dans son ensemble qui soit capable d‘évoluer, de générer de l’innovation et c’est cela, l’Europe. C’est la voie que l’on doit prendre pour changer l’Europe d’aujourd’hui.”

SPÉCIALISATION INTELLIGENTE en France dans le domaine de l’énergie! https://t.co/PurE77KLpGpic.twitter.com/lFxE60B7ed

— Javier GOMEZ PRIETO (@Jagopri) 16 janvier 2016

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