Le moteur de l'investissement a-t-il vraiment redémarré en Europe ?

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Par Euronews
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La Commission européenne veut donner un nouvel élan à l'investissement en prolongeant le Fonds européen pour les investissements stratégiques.

Dans cette édition, nous prenons le pouls de l’investissement en Europe. Est-il faible ? Est-il sain ? Ou quelque part entre les deux alors que stagnent les niveaux d’investissement ? Nous posons ces questions délicates au président de la Banque européenne d’investissement Werner Hoyer. Nous nous rendons également à Lisbonne pour voir comment la ville tire le meilleur parti du soutien du Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) qu’il est aujourd’hui, question de prolonger jusqu’en 2020.

En Europe, les niveaux d’investissement sont actuellement meilleurs que pendant la crise, mais dans les prévisions pour 2016, 2017 et 2018, on constate qu’ils stagnent et dans certains cas, ils sont même plus faibles qu’avant la crise. Relancer l’investissement nécessite de se confronter à toute une série de difficultés qui vont de la réglementation à la taille du marché, en passant par le contexte politique incertain. L’une des pistes pour trouver la solution, c’est le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) dont nous vous parlons depuis deux ans dans Real Economy.

Ce fonds a pour but de combler le déficit en investissements qui atteint 500 milliards d’euros en Europe. Depuis sa création il y a dix-huit mois, il a bénéficié à des centaines de projets d’infrastructures et de conventions de financement portées par des PME. Le Fonds a levé au total, 30,2 milliards d’euros qui à terme, doivent générer 164 milliards d’euros d’investissements. Ce qui correspond à la moitié de l’objectif fixé pour 2018.

La Commission européenne propose de prolonger ce plan de trois ans avec le FEIS 2.0593531_EN.pdf. La garantie de l’Union sera augmentée de 10 milliards d’euros et les fonds de la BEI destinés aux projets bénéficiaires du FEIS, de deux milliards et demi d’euros. La mise de départ sera donc portée à 33 milliards et demi. Ce qui devrait aboutir selon un effet de levier agrégé de 15 pour 1, au montant d’investissements attendu pour 2020 : à savoir 500 milliards dans différents secteurs partout en Europe.

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— Maithreyi (@maithreyi_s) 9 janvier 2017

Werner Hoyer : “La confiance n’a pas encore fait pleinement son retour”

Qui mieux que le président de la Banque européenne d’investissement# Werner Hoyer peut nous dire comment se porte l’investissement en Europe.

Maithreyi Seetharaman, euronews :
Ce besoin de prolonger le FEIS auquel s’ajoute la stagnation des niveaux d’investissement, cela montre la réticence persistante à investir. Qu’est-ce qui fait encore défaut ?

Werner Hoyer, président de la Banque européenne d’investissement (BEI) :
“Il ne s’agit pas seulement d’accélérer le processus d’investissement. Il est également nécessaire de rendre l’environnement plus favorable à davantage d’investissements et je crois que c’est là où le bât blesse.
Les liquidités sont à disposition, en abondance. Deuxièmement, selon moi, les projets sont là et ils sont très bons. Alors, pourquoi ces liquidités ne financent-elles pas ces projets ? La confiance n’a pas encore fait pleinement son retour pour que le moteur de l’investissement redémarre.”

Maithreyi Seetharaman :
“Quand on voit que le secteur privé investit trois fois plus que les gouvernements, comment l’inciter encore plus à le faire ?”

Werner Hoyer :
“Les gens ont besoin d’un certain degré de certitude dans leurs prévisions. Si un investisseur dans les énergies renouvelables ne peut pas être sûr que pendant deux, trois ou cinq ans, les conditions d’utilisation des énergies renouvelables par les réseaux ne changeront pas, alors il sera très réticent à investir, à prendre le risque.
A l’heure actuelle, la principale tâche des gouvernements consiste à rassurer. Les infrastructures sont les secteurs qui pêchent le plus, à la fois en Europe et aux Etats-Unis d’ailleurs. Nous devons améliorer de toute urgence, nos infrastructures numériques – ce qui sous-entend d’adapter le réseau électrique d’une ville à la nécessité d‘être capable de transmettre des données en temps réel. Et ce n’est qu’un exemple. Il y a aussi les voies terrestres et ferroviaires et la distribution de l‘énergie.”

ÉDITO – Union européenne : Jean-Claude Juncker double le plan d'investissement > https://t.co/mRs3gty3vLpic.twitter.com/85nsegpWNC

— RTL France (@RTLFrance) 15 septembre 2016

Lisbonne est en plein renouveau grâce au FEIS notamment

Lisbonne fait partie de ces villes confrontées à un défi de taille : elles ne peuvent pas lever de fonds sur les marchés financiers et les banques ont dans le même temps, du mal à leur accorder les financements à long terme dont elles ont besoin. Notre reporter Daleen Hassan s’est rendue dans la capitale portugaise pour voir comment elle parvient malgré tout à se transformer et à moderniser ses infrastructures.

Concrétiser une vision ambitieuse a un coût. Lisbonne prévoit de se réinventer grâce à plusieurs projets d’infrastructures. Elle est soutenue dans sa démarche à hauteur de 250 millions d’euros par un prêt de la BEI dans le cadre du plan d’investissement pour l’Europe. Découvrons comment elle tire le meilleur parti de cet argent.

La municipalité s’est donnée pour mission de rendre Lisbonne encore plus attractive. Objectif : améliorer la qualité de vie et encourager les investissements. En plus du prêt de la BEI, elle consacre 274 millions d’euros à des projets de rénovation urbaine et à des mesures en faveur de l‘économie.

“Ce sont plus de 524 milions d’euros qui au total, vont être investis en argent public de la part d’organismes comme la BEI et de la municipalité dans les prochaines années, souligne Fernando Medina, maire de Lisbonne. Cet effort va favoriser les investissements privés parce qu’au niveau de notre ville, ajoute-t-il, quand on investit dans la rénovation urbaine, il est essentiel d’attirer l’investissement privé.”

Dans son plan d’investissement, la Ville a dédié 185 millions d’euros à un schéma directeur de drainage pour lutter contre les inondations. Il est prévu de construire deux tunnels souterrains. Un chantier qui va entraîner la création de plus de 1500 emplois. “Le schéma directeur de drainage de Lisbonne sera mis en place sur une période de 15 ans, explique Jose Ferreira, manager de projet chez LDMP. Nous nous trouvons là où nous allons réaliser le premier perçage et où nous allons entamer la construction d’un tunnel long de 5 kilomètres,” montre-t-il.

“On a besoin de plus de projets comme celui-là”

La transformation urbaine, cela passe aussi par le logement social comme dans l‘éco-quartier de Boavista. Nous rencontrons le représentant d’une entreprise de BTP qui a remporté un appel d’offres public pour la construction de 50 logements d’un montant de 4 millions d’euros. “Il y a deux ou trois ans, indique José Pedro Aguilar, manager de projet, des projets comme celui-là n’auraient pas pu être lancés, mais d’après moi, ce n’est pas suffisant pour donner du travail aux entreprises de construction portugaises, on a besoin de plus de projets comme cela : dans un appel d’offres comme celui-là, il y a entre quinze et vingt sociétés qui se présentent,” affirme-t-il.

524 Million euros from EIB</a> & <a href="https://twitter.com/hashtag/Lisboa?src=hash">#Lisboa</a> municipality to be invested in <a href="https://twitter.com/hashtag/Lisboa?src=hash">#Lisboa</a> Mayor <a href="https://twitter.com/FMedina_PCML">FMedina_PCML told euronews</a> <a href="https://twitter.com/hashtag/RealEconomy?src=hash">#RealEconomy</a> <a href="https://twitter.com/maithreyi_s">maithreyi_spic.twitter.com/rviU61VH7B

— daleen hassan (@daleenhassan) 17 janvier 2017

Werner Hoyer : “Une stabilisation du fait des élections en Europe”

Pendant que des villes comme Lisbonne séduisent les investisseurs, c’est bien d’un manque d’investissements que souffrent de nombreuses PME, premier employeur d’Europe. Reprenons notre discussion avec le président de la BEI, Werner Hoyer.

Maithreyi Seetharaman :
“S’agit-il simplement d’un problème d’accès au financement ou de quelque chose de plus fondamental ?”

Werner Hoyer :
“Si les gouvernements s’intéressaient au cadre dans lequel nous devons investir, s’ils le renforçaient, alors je crois que l’envie de prendre des risques et de revenir à l’esprit entrepreneurial qui a toujours été la principale caractéristique des PME en Europe sera de retour. L’accès au financement est un problème à l‘échelle de l’Europe où 80% des sources de financement des PME et des entreprises en général proviennent des banques et non des marchés financiers. Donc nous avons encore un déficit en investissements énorme.”

Maithreyi Seetharaman :
“Mais est-ce que les banques privées commencent à prêter ?”

Werner Hoyer :
“Pour être honnête, la marge de manoeuvre des banques commerciales s’est aussi réduite avec le temps et les organismes de financement publics ont pour mission de donner une nouvelle impulsion au moteur de l’investissement en finançant de bons projets. Je suis confiant dans le fait que cette année, nous assisterons à une stabilisation du fait des élections dans de nombreux pays d’Europe et je crois que cela va donner un nouvel élan !”

#Investissement de long terme : nos propositions et celles de notre réseau pour un Plan Juncker 2 : https://t.co/oZie95pBMgpic.twitter.com/JNpYEECNuA

— ConfrontationsEurope (@Confront_Europe) 11 janvier 2017

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