Comment l'Europe tente de sauver ses terres des conséquences du réchauffement climatique

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Par Claudio Rosminoeuronews
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Alors que l'Europe lance des initiatives pour trouver des solutions aux principaux défis de notre époque, ce nouveau numéro de Futuris s'intéresse aux projets relatifs à la préservation des sols qui ont été fortement dégradés.

Alors que l'Europe lance des initiatives pour trouver des solutions aux principaux défis de notre époque, comme l'adaptation au changement climatique, la protection des terres et des mers ou encore la lutte contre le cancer, ce nouveau numéro de Futuris s'intéresse aux projets relatifs à la préservation des sols qui ont été fortement dégradés. Ils sont pourtant essentiels pour lutter contre le réchauffement climatique. Nous sommes rendus en Autriche pour découvrir une gestion des sols qui allie nature et science en totale harmonie. Reportage.

Au total, cinq grands domaines d'action, inclus dans le programme Horizon Europe, seront lancés en 2021. Pour en parler, la Commissaire européenne à la recherche et à l'innovation Mariya Gabriel est dans un premier temps notre invitée. Nous lui avons demandé comment cet important plan décennal a été conçu et quelles sont ses ambitions.

"Les sujets comme la lutte contre le cancer, le changement climatique, les villes intelligentes, la santé des sols, des océans et des eaux de mer ont été choisis parce que leur impact est vaste sur le bien-être des citoyens européens et parce que nous avons besoin d’agir ensemble pour voir des résultats concrets", explique Mariya Gabriel. "Et c’est ce qu’on voit dans les recommandations des rapports ; par exemple la mission cancer propose de sauver trois millions de vie d’ici à 2030. Nous sommes un continent qui représente moins de 10% de la population mondiale, mais 25% de cas détectés sont en Europe. Nous devons agir."

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Claudio Rosmino, euronews : Quels sont les éléments clés pour que ces missions soient un succès ?

"Une mission doit d’abord être appropriée par les citoyens, ils doivent s’y reconnaître, par leur participation dans le processus, et ils doivent en voir les résultats. C'est pour cela que depuis le début je me réjouis que nous ayons mis en place ce processus. Cette nouvelle gouvernance peut être un véritable 'game changer' pour des futures décisions."

Claudio Rosmino, euronews : Aujourd'hui, nous présentons la mission de l'Union européenne dédiée à la protection des sols et à la qualité de l'alimentation. L'objectif est de réhabiliter 70% des terres agricoles abîmées d'ici à 2030. Le chef de mission Cees Veerman nous explique quelles sont les actions qui seront menées pour y parvenir.

"L'un des objectifs, c'est d'abord d'empêcher la dégradation des sols", explique Cees Verrman. "Il s'agit de mettre fin à leur imperméabilisation, de mettre un coup d'arrêt à leur pollution, afin de les rendre plus sains. Augmenter le niveau de stockage du carbone dans le sol, c'est une des autres mesures qui peuvent permettre de limiter la dégradation de notre environnement. L'objectif est de faire en sorte que la biodiversité, la gestion des forêts, l'agriculture, et donc la production alimentaire, puissent contribuer ensemble à faire en sorte que les sols soient en meilleur état".

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Le projet Best4Soil, qui a reçu un financement de l’Union européenne dans le cadre du programme Horizon 2020, est une illustration de cette mission. Nous sommes rendus en Autriche pour découvrir une gestion des sols qui allie nature et science en totale harmonie.

Les sols sont essentiels pour assurer la vie sur Terre. Plus de 95 % de notre alimentation provient de la production liée à la terre, et c'est pourquoi il est essentiel de maintenir les sols en bon état.

Pourtant, entre 60% et 70% des sols européens ne le sont pas, tant au niveau des matières organiques que des minéraux, selon les données fournies par le Soil Health and Food Mission Board et le Centre commun de recherche.

Ceci est le résultat d'une série de pratiques abusives comme la culture intensive, l'excès d'irrigation, ou encore la pollution par les produits chimiques et les pesticides. Les sols paient également les conséquences du changement climatique, de l'érosion et de l'élévation du niveau de la mer.

De l'importance d'avoir des sols fertiles en bon état pour lutter contre le réchauffement climatique
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"Si nous combinons ces deux approches, la nature et la science, nous obtiendrons une solution durable beaucoup plus rapidement."
Alfred Grand
Propriétaire de "Grand Farm"

Cette ferme en Autriche est un bon exemple de ce qu'offre une alliance de la nature et de la science pour tenter d'inverser la tendance.

"Si nous combinons ces deux approches - la nature et la science - nous obtiendrons une solution durable beaucoup plus rapidement. Nous voulons utiliser l'apport de la science pour tester et évaluer de nouvelles solutions, puis les montrer à nos collègues et à l'ensemble de la société", explique Alfred Grand.

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Dans le cadre du projet européen Best4Soil, cette ferme basée à Absdorf, en Basse-Autriche, met en place des méthodes et des rotations de cultures pertinentes dans l'objectif d'améliorer les conditions du sol.

"Il y a différentes méthodes qui peuvent être utilisées par les agriculteurs, comme le compost, la semence de plantes de couverture pendant l'hiver, ou la mise en place d'une rotation des cultures", souligne Alfred Grand. "Nous utilisons le compost immédiatement après la récolte, et nous essayons de semer. Plus le compost est coloré, plus il est diversifié, plus il apporte de la vie au sol, et plus ces sols sont sains. Et moins je dois utiliser de pesticides".

"Le défi de l'agriculture, c'est de nourrir une population mondiale croissante".
Harm Brinks
Coordinateur du projet "Best4Soil"

En fonction du type de sol, la nature peut mettre jusqu'à 1 000 ans pour produire 1 cm de terre fertile, mais il suffit de quelques années de mauvaises pratiques pour la détruire.

"Le défi de l'agriculture, c'est de nourrir une population mondiale croissante", explique Harm Brinks, coordinateur du projet "Best4Soil". "Et nous le voyons dans de nombreuses régions du monde, la qualité des sols diminue à cause des systèmes de production intensifs. Il est très important d'essayer d'adapter la gestion des sols pour qu'elle devienne viable", ajoute-t-il.

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À "Grand Farm", le compost occupe une place centrale. Le lombricompost et les cultures de couverture - des plantes semées pour maintenir le sol fertile - sont donc deux méthodes utilisées pour améliorer la qualité du sol.

"Cette multitude de micro-organismes joue un rôle important dans le maintien des sols en bon état. Plus ils sont nombreux, plus la diversité des espèces est grande, plus le sol est stable, moins il y a de maladies et moins il y a de problèmes dans le sol", souligne encore Alfred Grand.

En plus du lombricompost, un autre type d'engrais naturel est testé ici : le compost "thermophile". Il s'agit d'un mélange de matières organiques, qui contiennent du carbone et de l'azote.

Les chercheurs doivent régulièrement analyser des échantillons de pour vérifier quels sont les composants libérés dans le sol et l'atmosphère, afin d'éviter toute contamination.

Le processus de formation de ce compost est activé par des bactéries et des champignons : il peut produire des températures de 60-70°C capables de tuer les organismes néfastes pour les plantations.

"En plein changement climatique, il est très important que nous préservions notre énergie et nos ressources", explique Florian Schütz, étudiant à l'Université des ressources naturelles et des sciences de la vie de Vienne. "La biomasse est une source d'énergie et surtout d'azote, et nous devons veiller à l'économiser le plus possible".

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Cette ferme dans laquelle nous nous sommes rendus en Autriche est aussi un exemple à petite échelle de cette approche centrée sur la nature. Cela consiste à produire des aliments sains et variés sur une petite surface (ici, environ 1 hectare) et à les vendre en circuit court. La culture et la récolte se font principalement à la main, et aucune grosse machine n'est utilisée ici.

"Notre mode de production de légumes présente de nombreux avantages sur le plan économique, écologique et social", souligne Livia Klenkhart, cheffe de production. "Pour moi, le plus important c'est que des emplois soient créés, que nous ayons un contact direct avec le consommateur et que nous éduquions aux bonnes pratiques".

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Ainsi exploités de manière viable, les sols peuvent donc être préservés. En stockant le carbone, ils réduisent alors les émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et peuvent être une arme dans la lutte contre le changement climatique.

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