Pas de relance post-Covid sans numérisation de l'économie européenne

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Par Naomi LloydGuillaume Desjardins
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Le plan de relance européen prévoit d'accorder des fonds aux États membres s'ils investissent notamment dans le numérique. Au Danemark, la digitalisation est en marche. Des efforts à amplifier à travers l'UE selon le commissaire chargé de l'Économie Paolo Gentiloni.

Les technologies numériques n'ont jamais été aussi importantes dans nos vies, du travail à distance aux téléconsultations en passant par les communications vidéo avec nos proches.

Mais la pandémie a aussi montré le retard en la matière dans l'Union européenne. Près d'un foyer sur quatre ne dispose pas du haut débit et moins de 20% des petites entreprises utilisent internet pour vendre leurs produits ou services selon l'indice relatif à l'économie et à la société numériques (Digital Economy and Society Index) pour 2020.

Des financements européens sous conditions

La transformation numérique est un élément clé du plan de relance européen face à la pandémie. Au cœur de ce plan, on trouve la facilité pour la reprise et la résilience qui mettra à disposition 672,5 milliards d'euros pour soutenir les réformes et les investissements entrepris par les États membres.

Pour accéder à cet argent, ils ont présenté leurs plans de relance où au moins 20% des dépenses doivent être consacrés à la numérisation de leur économie.

Les technologies numériques transforment nos modes de vie et de travail, mais il existe de grandes disparités dans ce domaine. 42% des Européens n'ont pas les compétences numériques de base et 83% des PME n'utilisent pas les services de cloud sur internet.

Pour s'assurer que cette transition bénéficie à tous, l'Union européenne veut voir des investissements dans le très haut débit et encourager la formation aux compétences numériques, l'innovation au sein des start-up et petites entreprises et l'utilisation de la technologie pour contribuer à atteindre la neutralité climatique.

Le Danemark veut aller plus loin dans sa numérisation

Les pays nordiques et les Pays-Bas sont pionniers en matière de numérisation. Mais même sur place, on espère toucher l'argent du Fonds de relance pour aider à la transition numérique comme nous l'avons constaté au Danemark.

Selon l'ONU, ce pays est le Danemark est le champion du monde de l'accès aux services publics en ligne. Par exemple, les conducteurs n'ont plus besoin d'avoir leur permis de conduire avec eux, ils peuvent le télécharger directement sur leur téléphone portable. Au delà de cela, ce sont tous les secteurs de l'économie qui se sont mis à la transition numérique.

Une entreprise du Jutland par exemple a fait ce pari. Fondée par un maréchal-ferrant en 1895, elle a traversé le XXe siècle en fabricant des remorques pour camions. Il y a quatre ans, son PDG Peter Jensby s'est lancé dans une refonte de sa société en intégrant le numérique.

"Nous avons dépensé deux millions d'euros pour changer totalement l'entreprise," indique le PDG de HMK Bilcon. "Cette transformation a fait basculer ce lieu de travail dans un nouveau monde et aujourd'hui, nous avons une entreprise rentable alors qu'elle perdait beaucoup d'argent auparavant," poursuit-il. "Nous sommes devenus plus productifs et nous sommes capables d'avoir un prix de marché intéressant sur nos produits : ce qui nous permet de ne pas être trop chers malgré les salaires très élevés en Scandinavie," fait-il remarquer.

Et d'autres exemples comme celui-ci devraient émerger dans les mois à venir. Le Danemark a sollicité 1,6 milliards d'euros de subventions dans le cadre du plan européen de relance et devra dédier au moins 20% de cette somme à la transition numérique. De quoi attiser les espoirs aussi bien des entreprises en transition que du secteur du numérique tout entier.

"Tout repose sur les investissements"

Sahra-Josephine Hjorth a créé un logiciel fondé sur l'intelligence artificielle pour aider enseignants et entreprises à créer des programmes éducatifs en ligne. L'entreprise a quadruplé ses effectifs cette année, mais peine à trouver des investisseurs privés pour continuer à se développer.

"Pour accompagner notre développement extrêmement rapide, il nous faut davantage d'investissements et des collaborateurs hautement qualifiés ici en Europe," estime Sahra-Josephine Hjorth, PDG de CanopyLAB. "En termes d'investissement, cela peut être délicat d'attirer des investisseurs classiques sur des projets à haut risque à la pointe de l'innovation, donc on essaie de mêler investisseurs privés et soutien de l'Union européenne," précise-t-elle.

Avec 134,5 milliards d'euros dédiés à la numérisation de l'Union européenne, ce plan sera-t-il suffisant pour concurrencer les géants chinois et américains ? Oui, si l'on en croit Katrine Forsberg, experte du Danish Board of Business Development.

"Nous avons clairement les atouts pour rivaliser avec d'autres géants au niveau mondial parce que nous avons l'infrastructure, nous avons les compétences," juge-t-elle. "Donc je pense que tout repose sur les investissements dans les PME afin de créer des emplois et de développer les entreprises," assure-t-elle.

Paolo Gentiloni : "La force de l'investissement dans le numérique peut avoir un impact sur l'ensemble de notre économie"

Pour en savoir plus sur les effets attendus de l'argent issu de la facilité pour la reprise et la résilience de l'Union européenne, nous avons interrogé le commissaire européen chargé de l'économie Paolo Gentiloni."

Naomi Lloyd, euronews :

"L'objectif de la facilité pour la reprise et la résilience, c'est de relancer les économies après la pandémie. Pourquoi mettre autant l'accent sur le numérique ? En quoi cela aide-t-il la reprise ?"

Paolo Gentiloni, commissaire européen chargé de l'économie :

"Parce que je pense que l'objectif, et c'est ce que nous disons des deux côtés de l'Atlantique, c'est de mieux reconstruire. Le numérique concerne tous les secteurs de notre économie. Grâce au numérique, on peut améliorer le fonctionnement de l'administration publique, du système de santé et des entreprises, ainsi que leur compétitivité, etc. Et c'est bien la force de l'investissement dans le numérique qui peut avoir un impact sur l'ensemble de notre économie."

Naomi Lloyd :

"Cette plateforme danoise d'enseignement en ligne que nous avons découverte dans le reportage... S'agit-il du type d'entreprise que vous voulez voir financer par les fonds de relance ?"

Paolo Gentiloni :

"Oui, parce que bien sûr, nous avons besoin de success stories. Ce monde n'est pas réservé aux géants. C'est aussi un monde de start-up, d'entreprises de taille moyenne. Elles ont un rôle à jouer dans ce nouveau monde numérique. Donc je crois que ces efforts en vue d'augmenter les capacités de nos entreprises dans ce domaine seront très importants dans les cinq prochaines années."

Naomi Lloyd :

"Il est certain que la pandémie nous a montré ce que les technologies numériques peuvent nous apporter, mais elle a aussi mis en lumière ceux qui risquent d'être laissés de côté."

Paolo Gentiloni :

"Oui, le bon côté des choses, c'est que nous avons vu aussi la solidité du réseau et nous avons constaté dans cette terrible crise, combien la connectivité est importante. En même temps, nous nous sommes rendus compte par exemple que dans le cadre de l'école à la maison pour les enfants et les jeunes, les problèmes de connectivité génèrent des disparités sociales. Et, bien sûr, c'est inacceptable. Nous devons donc saisir l'occasion de réduire et d'éliminer la fracture numérique. C'est maintenant ou jamais."

Naomi Lloyd :

"Un an s'est écoulé depuis le début de la pandémie. Cet argent est nécessaire aujourd'hui. Certains s'inquiètent du temps qu'il faudra à la Commission pour valider ces plans."

Paolo Gentiloni :

"J'ai bon espoir que le plan se traduira par le versement des premiers financements avant la pause estivale."

Notre équipe a été autorisée à filmer au sein du parc de Sceaux avec l'aimable autorisation du Département des Hauts-de-Seine.

Journaliste • Naomi Lloyd

Sources additionnelles • Montage : Silvia Lizardo ; production: Camille Cadet ; cameramen : Pierre Holland & Jorne Van Damme (Bruxelles), Vincent Kelner & Michel Damblant (Paris), Matthieu Bacques (Danemark) ; motion design : NEWIC

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