Euronews Debates | La santé de demain : et si on sortait de l’hôpital ?

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Par Fanny Gauret
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Transformer nos systèmes de santé grâce aux nouvelles technologies pour les rendre plus accessibles et résilients : Euronews propose un débat qui concerne les 447 millions d’européens qui sont aussi de potentiels patients.

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La crise du Covid est un révélateur. C’est indéniable. Cela dit, des réflexions étaient déjà très avancées avant la pandémie. Il y a clairement une tendance, un travail, des technologies et innovations qui permettent de repenser très sérieusement nos systèmes de santé, de les rendre plus résilients, et encore plus centrés sur le patient.

Beaucoup de questions, et quatre experts se sont joints au débat pour discuter de ce sujet passionnant.

La santé à la rencontre des patients : pour une égalité d’accès aux soins ?

La pénurie de personnel soignant, le manque de temps des médecins, sont une réalité pour une population croissante qui vit de plus en plus longtemps. L’augmentation du nombre de maladies chroniques est également un facteur qui contribue au déséquilibre entre l’offre et la demande en santé.

Rapprocher les citoyens des soins, et faire venir l’hôpital jusqu’à eux, c’est l’objectif aujourd’hui pour améliorer l’accès à la santé des 447 millions d’européens qui sont de potentiels patients.

« Nous avons vu grâce au COVID qu'une partie de la population a dû s'adapter au fait qu'il y a des opportunités par des voies télématiques aujourd'hui. Ça, c'est une très grande opportunité, mais cela ne suffit pas. Je pense que c'est très important de prendre en compte les voix des gens qui ne sont pas représentés ou pris en compte dans ce genre de discussions, et de créer ou de cocréer autant que possible, avec les citoyens-patients, des solutions » - partage Giovanni Nisato, Administrateur de FH Europe et membre du Forum Européen des Patients, qui ensemble représentent plusieurs dizaines d'associations de patients en Europe.

Un point de vue sur lequel s’accorde Sandra Gallina, Directrice Générale de la DG SANTE à la Commission européenne : « C'est très difficile d'avoir des patients qui sont traités de la même façon dans toute l'Europe. Et pour nous, c'est fondamental : l'égalité, l'équité, pouvoir avoir accès aux soins partout. […] En Europe, entre le pays où il y a un médicament pour la première fois, et le dernier à l'avoir, on a huit ans ! La différence n'est pas jouable. […] Donc au niveau européen, on va aller vers le digital, mais le digital doit être décliné autour d'un patient et d’un contrôle de ses données. »

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Personne âgée en téléconsultation depuis son domicileCanva

A quoi ressemble l’hôpital du futur ?

Pour David Corcos, Président de Philips France, entreprise très présente dans le milieu hospitalier et qui investit 10% de son chiffre d'affaires dans les innovations en matière de santé, l'enjeu est de construire une chaîne de soins qui va du patient jusqu'aux sur-spécialistes, et de l'établissement de proximité jusqu'à l'hôpital ultra-technique. « Et quand on fait ça par des moyens digitaux, notamment avec les médecins, et les ressources rares, là où elles sont, […] et bien on réduit les inégalités » - conclut-il.

Frédéric Rimattei, Directeur Général Adjoint du CHU de Rennes, qui fait partie des 10 meilleurs centres hospitaliers universitaires de France, partage cette vision. Il souhaite cependant que ces déploiements technologiques, et que les services de santé à distance, se fassent en préservant les « relations d'êtres humains dont on a autant besoin dans le soin, que de super spécialités ou d'hyper technicité ».

« Il ne faut pas oublier que les patients, c'est nous. Et quand on démarre un processus d'innovation en impliquant de façon active des citoyens-patients, on arrive à des situations qui sont, au niveau d'un flux de gestion dans un hôpital, ou même de la construction de certains produits, à des solutions qui sont qualitativement meilleures, donc c'est aussi un potentiel de développement industriel finalement », ajoute Giovanni Nisato.

L’e-santé va-t-elle nous permettre d’être mieux soignés ?

A la question postée sur nos réseaux sociaux : « pensez-vous que la santé connectée permettra d’améliorer significativement les prestations de soins de santé ? » : 29% des personnes qui ont participé ont répondu que « non », et 71% pensent que « oui ».

En effet, les innovations numériques et technologiques constituent un potentiel considérable et complexe. Comme l’a souligné Sandra Gallina, la téléconsultation, la télésurveillance, le développement des dossiers médicaux partagés, transforment déjà le paysage de la santé, et peuvent répondre par exemple, aux besoins des personnes vivant en zones rurales, et à une population âgée qui ne peut pas toujours se déplacer.

Quelles sont les technologies les plus prometteuses et accessibles ? La collection massive de données, les plateformes ouvertes, l'intelligence artificielle, les objets connectés, peuvent-ils permettre de détecter des problèmes médicaux plus tôt, et de sauver des vies ?

David Corcos, nous éclaire : « On a des innovations technologiques qui arrivent, qui sont très nouvelles, avec de l'intelligence artificielle, qui permettent de faire toute une série de premières interprétations, soit dans un service d'urgence - on l'a vu avec le Covid, soit dans le cadre de diagnostics plus traditionnels. On peut pointer du doigt au médecin qui va faire l'interprétation, les cas ou les patients les plus urgents, et du coup on gagne du temps sur le diagnostic ».

Frédéric Rimattei, poursuit : _« On a parlé d'IA [Intelligence Artificielle - N.D.R.] pour la détection précoce ou rapide des fractures, qui évite en fait des temps d'attente énormes aux urgences - et ça, c'est un gain qualitatif immédiat pour les patients. Il y a aussi tout le projet d’anapath numérique […]. En numérisant les lames d'anapath [Anatomie Pathologique - N.D.R.] plutôt qu'en les traitant uniquement à la main et en les regardant au microscope, on arrive à rendre des diagnostics plus tôt, et chaque jour compte en matière de diagnostic sur le cancer. On voit bien qu'on a comme ça des vrais sujets qualitatifs qui sont liés aussi à des développements qui ne sont permis que parce qu'on arrive à développer des algorithmes sur des outils, sur des données numériques »_.

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Un médecin pointe son stylo vers l'écran : l’intelligence artificielle apprend à détecter des pneumonies cérébrales et cellules cancéreuses dans le processus de radiographieCanva

Comment seront gérées nos données médicales ?

Dans la complexe construction de ces nouveaux systèmes de santé connectés, il est important de créer un lien de confiance avec les patients qui souhaitent être davantage impliqués dans la prise en charge de leur santé.

Car si ces nouvelles technologies demandent à absorber énormément de données réelles pour être efficaces, la transparence, les échanges, la pédagogie, c’est fondamental pour Sandra Gallina : « nous sommes 447 millions de patients, nous sommes très disposés à donner des données si on a un bénéfice de retour. […] Quel est mon bénéfice? Mon bénéfice, c'est d'avoir une meilleure médecine, une meilleure santé, pouvoir accroître l'accès aux soins. Mais il faut savoir qu'il y a un cadre réglementaire à bâtir qui n'est pas simple, parce qu'il y a de l'éthique, et il y a de la confidentialité ».

Vous pouvez retrouver l'intégralité du débat en cliquant sur le lecteur vidéo ci-dessus.

Notre panel d'experts

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Sandra GallinaEuronews

Sandra Gallina a rejoint la Commission Européenne en 1988. Elle a travaillé à la Direction Générale des Impôts et des Douanes (DG TAXUD), puis, entre 2014 et 2018, elle a été directrice de la DG TRADE Direction D «Développement Durable ; Accords de partenariat économique Afrique, Caraïbes et Pacifique ; Agroalimentaire ; et Pêche». Sandra Gallina a été également négociatrice en chef de l'Union européenne pour l’accord de libre-échange UE-MERCOSUR.

Entre 2018 et 2020, elle a été directrice générale adjointe de la DG COMMERCE, avant de rejoindre la DG SANTE pour laquelle elle occupe aujourd’hui le poste de Directrice Générale.

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David CorcosEuronews

David Corcos est diplômé de l’Université Paris-Dauphine, d’un Master en Stratégie à L‘ESSEC, et d’un MBA à la London Business School. Après des débuts dans les fusions-acquisitions à New York, il intègre l’entreprise Cerner, spécialisée dans l’informatique de santé, dans laquelle il évoluera pendant 10 ans, tout d’abord dans des fonctions commerciales puis en tant que Président de la Région France, Benelux, Suède.

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En 2016, il devient Président de Philips France, avec pour objectif de continuer la croissance du groupe en France, notamment grâce aux innovations dans les produits et services de santé. Il est convaincu que le capital confiance de Philips et ses importants investissements en recherche et développement sont des atouts pour accompagner la transformation de notre système de santé vers une médecine prédictive, préventive et personnalisée.

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Giovanni NisatoEuronews

Scientifique de formation (doctorat en physique à l'Université de Strasbourg), Giovanni Nisato est aujourd’hui consultant en innovation et gestion de projets dans le domaine de la santé digitale. Il est aussi co-fondateur de l’association Health Hacking Lab à Bâle en Suisse.

Giovanni Nisato est également professeur affilié au Mastère Spécialisé en Management des Entreprises de Biotechnologies et Pharmacie pour l’École de Management de Grenoble. Il est passionné par l’innovation centrée sur l’être humain, et notamment par le rôle que les citoyens-patients peuvent jouer dans la santé digitale. Il est membre des administrateurs de FH Europe, groupement d'associations européennes pour les hypercholestérolémies familiales (HF). FH Europe est un membre associé au Forum Européen des Patients (EPF).

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Frédéric RimatteiEuronews

Diplômé de l’ESSEC, de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, Frédéric Rimattei a acquis une expérience de plus de 15 ans dans le domaine hospitalier public. Il a occupé des postes de responsabilité dans des domaines variés (finances, investissements et logistique, achats, plateaux techniques, pôles) au sein de plusieurs grands centres hospitaliers universitaires français.

Il a en particulier exercé au CHU de Montpellier (2006-2013), au CHU de Toulouse (2013-2015) puis au CHU de Rennes dont il est directeur général adjoint depuis le 1er décembre 2015.

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Notre modérateur

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Serge RombiEuronews

Serge Rombi est l’un des rédacteurs en chefs d’Euronews. Il dirige aujourd’hui le département qui conçoit et produit les contenus sponsorisés.

Au sein de la chaîne, il a lui-même réalisé et présenté plus de 200 magazines TV et interviews dans le monde entier, principalement sur des thématiques économie et business. Parmi les productions qu’il a lancées : Business Planet, véritable «tour d’Europe des Success Stories dans les PME» et l’un des programmes phare de la chaine pendant 8 ans.

Outre ses activités au sein de la rédaction, il intervient régulièrement comme animateur et modérateur sur des évènements ou débats dont la chaîne est partenaire.

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