12 millions d'hectares de forêt incendiés en Amazonie : la Bolivie reçoit l'aide de l'UE

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12 millions d'hectares de forêt incendiés en Amazonie : la Bolivie reçoit l'aide de l'UE
Par Monica Pinna
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L'Amazonie est en feu et pas uniquement au Brésil. Depuis juillet, la Bolivie a perdu plus de deux millions d'hectares de forêt obligeant son gouvernement à demander l'intervention de l'Union européenne qui a activé son Mécanisme de protection civile.

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Depuis le début de l'année, plus de 224.000 incendies ont ravagé l'ensemble du bassin de l'Amazone et 12 millions d'hectares de forêt ont été détruits par les flammes.

En Bolivie, plus de 2 millions d'hectares de bois et de savane sont partis en fumée depuis juillet selon les chiffres du Centre commun de recherche de septembre 2019.

Le pays a déployé, selon le recensement effectué par le gouvernement, plus de 5000 hommes pour lutter contre les feux dont des pompiers, des militaires et des volontaires.

Notre reporter Monica Pinna se rend dans le département de Santa Cruz, le plus touché par les feux de forêt en Bolivie, et plus précisément à Tierra Hermosa dans la région de Chiquitanía où d'innombrables incendies sévissent depuis juillet. 

La forêt qui entoure la commune est inexorablement grignotée par les flammes. Les habitants ont commencé à lutter contre ces incendies par leurs propres moyens, mais même le renfort de l'armée et de volontaires n'a pas suffi pour en venir à bout.

"On s'organise en groupes pour éteindre les feux," nous explique un habitant Reynaldo Rodríguez. "On va sur place tous les soirs et toutes les nuits, mais ils continuent de progresser, ils passent d'arbre en arbre et à cause des étincelles, un incendie peut en déclencher un autre trente ou quarante kilomètres plus loin : on n'arrive pas à les stopper," se désole-t-il.

Culture sur brûlis

Parmi les causes possibles des feux de forêt, les experts incriminent le chaqueo, une pratique ancestrale de la culture sur brûlis qui cause des incendies difficilement contrôlables, sachant qu'ils le sont encore plus sous l'effet du vent et des températures élevées.

Dans le même temps, la population subit l'impact de ces feux sur l'agriculture et l'élevage dont elle tire ses moyens d'existence.

Eleuterio Álvarez, un habitant de Guadalupe, nous montre sa parcelle qui a été détruite par les flammes la nuit précédente. "Tout est perdu : on dirait du charbon alors que c'est ce qu'on vend à la ville et c'est aussi ce qu'on mange," dit-il. "Aujourd'hui, je ne sais pas ce qu'on va faire, on a tout perdu," souligne-t-il.

Pompiers français

Une quarantaine de pompiers français spécialisés sont arrivés dans la région début septembre suite à la demande d'assistance formulée par le gouvernement bolivien auprès de l'Union européenne qui a activé son Mécanisme de protection civile.

Ces hommes constituent la première équipe européenne déployée dans la lutte contre les incendies à Tierra Hermosa.

Rodolphe Avenel de la Protection civile française nous montre les moyens dont ils disposent : "Nous avons des sortes de bêche-outil qui nous permettent de gratter le sol et de séparer les combustibles et des seaux-pompes, c'est-à-dire un bac souple d'eau qu'on porte à dos d'homme et qui contient à peu près 20 litres," précise-t-il.

Le transport de l'eau pose problème sur ce type de terrain. Elle est donc utilisée avec parcimonie.

Un premier groupe a parcouru environ un kilomètre dans la forêt avant de se retrouver face à un feu actif depuis longtemps. Les flammes progressent contre le vent en étant attisées par les feuilles et les branches sèches.

"Cela paraît tout bête, mais notre technique est suffisante dans ce cas précis sachant que le feu n'est pas très virulent," fait remarquer Rodolphe Avenel qui ajoute : "On a gratté le sol, on a donc retiré la couche d'humus et de végétaux secs et maintenant, le feu ne peut plus avancer parce qu'il n'a plus rien à manger, il est sur la terre."

Conseils logistiques et fourniture d'informations

Le défi est aussi logistique pour les équipes qui doivent se déplacer entre les zones touchées et leur base opérationnelle située à San Ignacio.

Il nous a fallu environ huit heures pour faire le trajet aller-retour en 4-4 sur des pistes.

Au Centre de coordination de la réaction d'urgence (ERCC) installée par l'Union européenne à San Ignacio, le travail de huit spécialistes venus de toute l'Europe a permis de déployer l'aide le plus rapidement possible.

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"Tout d'abord, nous coordonnons l'assistance que les Etats membres peuvent fournir," explique Iván Herreras Hernández, responsable d'équipe au sein du Centre. "Nous travaillons au déploiement des unités et des équipements qui sont envoyés, nous conseillons les autorités locales sur la meilleure manière dont ces équipes et ces ressources peuvent être utilisées et nous suggérons aussi de meilleures méthodes pour gérer l'urgence," énumère-t-il.

L'Union européenne a apporté son soutien à la Bolivie en fournissant des ressources humaines et matérielles, mais aussi des informations comme les images satellite de Copernicus. Le programme européen d'observation de la Terre délivre à la Bolivie, des données instantanées sur la localisation et l'évolution des feux, contribuant ainsi à les combattre plus efficacement.

Journaliste • Monica Pinna

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