Moto: la difficile entrée des mécaniciennes sur le circuit

Moto: la difficile entrée des mécaniciennes sur le circuit
Par AFP
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Elles subissent des remarques sexistes, gomment leur aspect féminin voire finissent par changer de sport: devenir et exercer le métier de mécanicienne sur le circuit moto est un combat de tous les instants, raconte notamment Marine Charié, qui officie ce week-end au Grand Prix de France. A 18 ans, elle décide de se consacrer à la mécanique après quelques années de pilotage. "Mes parents trouvaient que ce n'était pas un métier d'avenir, pas pour les filles", raconte la jeune femme. Elle obtient un bac pro mécanique et intègre la "Junior Team Le Mans Sud Suzuki", une formation pour la moto de compétition, où seuls dix élèves sont retenus parmi une centaine. "L'entretien a duré trois heures au lieu d'une heure et, pour les tests pratiques, on passe sur trois ateliers... moi, je les ai tous fait: réglage des fourches, braquet, couronne, pneumatique...", se remémore la mécanicienne de 21 ans, qui est la troisième femme à réaliser cette formation en vingt ans d'existence. Au quotidien, "des piques, des remarques blessantes pour te rappeler que tu es une fille. La moto reste un milieu macho", estime Marine. "J'ai failli arrêter, pendant une semaine, je n'y suis plus allée parce qu'au bout d'un moment tu rentres chez toi et tu pleures", confie-t-elle. Sa promo est engagée aux 24 Heures du Mans mais le manager refuse qu'elle change la roue avant de la moto lors des ravitaillements, lui préférant "le panneau chrono". "Ça fait potiche, j'ai dit +non+." Il justifie cette décision par un souci de "protection". "Si jamais il lui arrivait un truc, je ne voulais pas que les gens aient une mauvaise image d'elle, qu'elle se grille dans le milieu", explique Damien Saulnier, qui s'est excusé et l'a poussée à terminer son cursus. "Ce n'est pas une question de sexe", rétorque Marine, "si quelqu'un n'assure pas, c'est qu'il est mauvais, garçon ou fille !". Pour la saison 2018, la jeune femme collabore avec Cédric Tangre, engagé dans le Championnat de Superbike et invité au Mans ce week-end dans la catégorie Moto2. "On a déjà travaillé ensemble, ça s'est bien passé donc je l'ai rappelée. J'ai autant confiance en elle que si c'était un garçon", déclare le pilote français, confirmant "le milieu macho", "une question de culture". - 'Arrêter de se maquiller' - Sara, 27 ans, a privilégié l'automobile après une mauvaise expérience lors d'un stage moto. "C'est bien triste que les femmes soient considérées en 2018 comme des objets", regrette la mécanicienne. "J'ai subi du harcèlement sexuel, je ne suis pas un cas isolé. Pour la plupart des motards, une fille, c'est juste pour tenir le parapluie", pense-t-elle. Et de raconter qu'elle a "fini dans un bar à putes en Espagne" avec les supérieurs de son équipe. Formée à l'École de la performance à Nogaro (Gers), réputée dans le milieu de la compétition, Sara se remet en question. "Je voulais m'effacer complètement pour ne pas attirer l'attention. Je suis devenue moins sympathique, j'ai arrêté de me maquiller, mais ça n'a pas changé grand chose", explique-t-elle. "Es-tu vraiment sûre que la moto soit faite pour toi, tu ne préfèrerais pas faire la vaisselle ?", a lancé un camarade de classe à Anne Meslet, 27 ans, qui a suivi une formation "Moteurs et performances". Sur le circuit depuis six ans, la jeune femme raconte que "c'est beaucoup plus dur d'établir un climat de confiance avec un pilote". "Il le dit pas clairement mais on sent qu'il y a un peu plus de retenue", remarque-t-elle. Puis, "une fois qu'on a fait ses preuves dans le box, qu'on n'est pas là pour faire la potiche, qu'on est motivée, alors ils se rendent compte qu'on a notre place", note Anne. "On est bien plus minutieuses sur certains aspects. Les hommes ont tendance à +envoyer+ et des fois il n'y a pas de finition", assure la mécanicienne qui travaille pour Tech 1 Racing, une écurie de sport automobile... gérée par une femme. "C'est pas évident de faire sa place dans un monde de motards et encore moins quand on est une femme. C'est une mentalité différente de l'auto", confirme Anne Meslet. "Moi j'ai réussi donc pourquoi pas d'autres ? Il faut s'accrocher et surtout ne pas se dire +ce n'est pas fait pour moi+".

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