Les routiers brésiliens "en guerre" contre le gouvernement Temer

Les routiers brésiliens "en guerre" contre le gouvernement Temer
Par AFP
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Environ 200 routiers en grève et de nombreux sympathisants, la plupart arborant les couleurs vert et jaune du drapeau brésilien, bloquaient lundi l'accès à une raffinerie à Duque de Caxias, près de Rio de Janeiro, déterminés à gagner une "guerre" qui paralyse le pays depuis une semaine. Faisant face à une trentaine militaires déployés par les autorités pour assurer un ravitaillement minimum en escortant les cargaisons, ils ne laissent passer que les camions-citernes destinés aux services publics comme les transports en commun, les véhicules de police ou les ambulances. Dimanche soir, le président Michel Temer a cédé face à de nombreuses revendications de leaders syndicaux, consentant notamment une baisse significative du prix du diesel, mais les grévistes postés devant la raffinerie de Duque de Caxias affichent toujours leur insatisfaction. "La proposition de Temer est temporaire, mais le peuple veut quelque chose de durable. C'est le peuple qui souffre, non? Alors ça vaut la peine de souffrir encore un peu plus", affirme Carlos Alberto Neves, routier et ex-militaire de 43 ans. Les militants donnent la sensation que leur combat va bien au-delà des simples revendications du secteur, face à un gouvernement hautement impopulaire qui semble dépassé par la situation. - "Intervention militaire!" - "Ce n'est pas que la guerre des camionneurs, c'est la guerre de tout le peuple brésilien!", s'écrient certains grévistes, réclamant des améliorations des services de santé et d'éducation, ainsi qu'une lutte plus efficace contre les problèmes d'insécurité. Mais certains réclament aussi l'intervention de l'armée pour mettre fin à un système politique qu'ils considèrent pourri par la corruption et l'incompétence des dirigeants. Beaucoup d'entre eux soutiennent ouvertement le député d'extrême-droite Jair Bolsonaro, nostalgique de la dictature militaire (1964-1985) qui figure en deuxième position des intentions de vote pour l'élection présidentielle d'octobre. Ils reprennent son slogan, "Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous", mais le message le plus en vue sur leurs pancartes est "intervention militaire maintenant!" Pour Tango Roxa, vendeur d'électroménagers de 45 ans venu pour montrer sa solidarité envers les routiers grévistes, "ce n'est pas un combat pour une baisse du prix du diesel, c'est pour le pays que nous voulons laisser à nos enfants et petits-enfants". "Nous en avons assez de toute cette corruption. Si plus de gens descendent dans la rue, le gouvernement va tomber, c'est sûr", ajoute-t-il, son épaisse barbe recouverte de peinture jaune et verte. Lundi matin, le ministre du Secrétariat au gouvernement Carlos Marun a affirmé que les barrages persistants relevaient d'un "mouvement de radicalisation anarchique". Le chef du gouvernement Eliseu Padilha a dénoncé pour sa part la présence de personnes "infiltrées dans le mouvement (des routiers) avec d'autres objectifs, essentiellement politiques". - Organisation horizontale - La mobilisation est difficile à cerner, la plupart des grévistes étant des routiers dits autonomes (qui possèdent leur propre camion) et ne semblent obéir à aucune hiérarchie. "À chaque barrage, les décisions sont prises en commun sur les réseaux sociaux, avec des conversations en groupe sur whatsapp. Personne ne commande. Nous ne faisons qu'un, comme une famille", explique Carlos Alberto Neves. Danilo Paes, chômeur de 60 ans et père de deux enfants, a également voulu rejoindre le mouvement, même si, comme l'ensemble de la population, il est touché de plein fouet par les problèmes d'approvisionnement causés par la grève, notamment la pénurie de prix frais qui a fait grimper les prix en flèche. "C'est une pilule amère, mais ce sacrifice est nécessaire pour que les choses s'améliorent. Le géant est en train de se réveiller", affirme-t-il. Même les chauffeurs de camions-citerne salariés d'un sous-traitant de la compagnie pétrolière d'Etat Petrobras sont solidaires. "C'est mieux que la Coupe du monde. Le Brésilien a perdu son sens du patriotisme, les rues ne sont plus peintes en vert et jaune (comme c'est le cas d'habitude à l'approche de la compétition). Mais ici, on se remet à sentir ces vibrations", a affirmé un chauffeur de 39 ans qui a demandé à garder l'anonymat par crainte de représailles.

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