Le journaliste Babtchenko est vivant, son meurtre mis en scène par l'Ukraine

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Pendant près de 24 heures, l'annonce de sa mort avait provoqué l'émoi en Ukraine et en Russie: le journaliste russe critique du Kremlin Arkadi Babtchenko est réapparu vivant mercredi, Kiev expliquant avoir mis en scène un meurtre pour déjouer un assassinat commandité par la Russie. Dans un revirement invraisemblable, cet ancien soldat russe devenu reporter de guerre, exilé à Kiev où il se disait régulièrement menacé, est apparu devant les caméras et a expliqué avoir participé lui-même à une mise en scène dans le cadre d'une "opération spéciale" préparée depuis deux mois. Son apparition a été accueillie par des applaudissements et des exclamations incrédules de ses confrères. "Je voudrais vraiment remercier les Services de sécurité ukrainiens pour m'avoir sauvé la vie", a-t-il déclaré. "Je voudrais présenter mes excuses à ma femme pour l'enfer qu'elle a vécu pendant deux jours". Les forces de sécurité ukrainiennes ont cependant assuré que sa famille était au courant de l'opération, qui visait à déjouer une tentative d'assassinat pour laquelle un homme présenté comme l'"organisateur" a été arrêté. "Grâce à cette opération, nous avons réussi à déjouer une provocation cynique et à documenter les préparatifs de ce crime par les services spéciaux russes", a déclaré le chef des services ukrainiens de sécurité (SBU) Vassyl Grytsak, aux côtés du journaliste. - Un homme arrêté - "Nous avons interpellé l'organisateur de ce crime il y a trois heures à Kiev", a ajouté M. Grytsak, affirmant que cet homme avait reçu 40.000 dollars de la part des "services spéciaux russes" pour préparer l'assassinat du journaliste. L'annonce de la mort d'Arkadi Babtchenko, virulent critique du Kremlin, exilé à Kiev après avoir été menacé en Russie, avait bouleversé en Ukraine et en Russie. Mardi soir, la police avait annoncé que le reporter de 41 ans avait été abattu de plusieurs balles dans le dos en arrivant à son appartement à Kiev. Le Premier ministre ukrainien Volodymyr Groïsman avait aussitôt mis en cause "la machine totalitaire russe", déclenchant des démentis de Moscou. Le directeur des services de sécurité russes (FSB), Alexandre Bortnikov, avait qualifié les accusations ukrainiennes d'"absurdité" et de "provocation". Le Kremlin a "fermement condamné" le meurtre et dit "espérer une véritable enquête". M. Babtchenko se disait menacé après avoir dénoncé le rôle de la Russie dans le conflit dans l'est de l'Ukraine. Le 20 juillet 2016, son collègue, le Russo-Bélarusse Pavel Cheremet avait péri dans l'explosion d'une bombe placée sous sa voiture à Kiev, une affaire qui n'est toujours pas élucidée. A l'annonce de l'assassinat d'Arkadi Babtchenko, l'Union européenne avait appelé à une "enquête rapide et transparente" pour en punir les responsables. - Simulation "navrante" - L'ONG Reporters Sans Frontières (RSF), qui avait exhorté l'Ukraine et la Russie à "coopérer" pour faire la lumière sur cet "acte ignoble" plutôt que "se livrer à une guerre d'information dangereuse", a condamné mercredi une simulation "navrante". Dans la matinée, plusieurs dizaines de journalistes s'étaient réunis devant l'ambassade russe. Un autre rassemblement était prévu dans la soirée sur la place centrale de Kiev. Arkadi Babtchenko a participé en Russie aux deux guerres en Tchétchénie en tant que militaire avant de devenir un journaliste extrêmement critique vis-à-vis du Kremlin. Il avait raconté les guerres dans cette république russe du Caucase dans un livre édité en France par Gallimard sous le nom de "La couleur de la guerre". Avant son départ de Moscou, il a notamment coopéré avec le journal Novaïa Gazeta et la radio Echo de Moscou, deux médias critiques du Kremlin. Arkadi Babtchenko a fait des reportages dans l'est de l'Ukraine, où le conflit entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses a fait plus de 10.000 morts en quatre ans. Il a dénoncé le rôle de la Russie, appuyant la thèse de Kiev et des Occidentaux selon laquelle elle soutient militairement les rebelles, ce que Moscou a toujours démenti. Le journaliste a quitté la Russie en février 2017 en dénonçant une campagne de "harcèlement". Il a d'abord vécu en République tchèque et en Israël, avant de s'installer à Kiev où il a animé depuis un an une émission de télévision.

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