Pour un héros de l'attentat de London Bridge, le plus dur a démarré après

Pour un héros de l'attentat de London Bridge, le plus dur a démarré après
Par AFP
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Il y a un an, responsables politiques et médias ont venté son "héroïsme" durant l'attentat de London Bridge. Mais pour Florin Morariu, jeune boulanger roumain, c'est après l'attaque terroriste que le plus dur a commencé. "J'étais content de mon travail, je m'entendais bien avec les gens. C'est au moment où ma vie commençait à se stabiliser que cette misère est arrivée", raconte à l'AFP le jeune homme de 33 ans, contraint depuis de rentrer dans sa ville natale d'Iasi, au nord-est de la Roumanie. Le soir de l'attaque, le 3 juin 2017, il a ouvert les portes de la boulangerie où il travaillait à une quinzaine de personnes qui fuyaient et a frappé avec un cageot l'un des terroristes. Il a aussi mis en ligne une vidéo qu'il a tournée, "pour que les gens sachent" ce qui se passait. Elle a été reprise par les médias à travers le monde et tout a basculé. A cause de sa notoriété, il a dû quitter rapidement le logement qu'il louait. Craignant la vengeance des terroristes, ses voisins avaient menacé les propriétaires de partir si Florin ne le faisait pas. "Les gens ont eu peur, c'est normal. La propriétaire est une dame extraordinaire, on est toujours en contact: elle pleurait et ne savait pas quoi faire, je l'ai comprise", dit-il. Il est parti à la recherche d'une nouvelle maison, une mission qui s'est avérée impossible, affirme-t-il. - "Pas prêt à cela" - "On avait peur de m'accueillir. Mais je comprenais ça. Je me voyais sur toutes les télés en marchant avec ma valise, seul, le coeur amer, sans savoir où aller," se rappelle le jeune homme à l'allure athlétique. "Je n'étais pas prêt à cela. C'est dur d'être une personne simple et devenir d'un coup le sujet principal des informations internationales". Comme il aurait été "une cible trop facile", il n'a pas voulu reprendre le travail dans la même boulangerie. "J'étais très stressé (...). On ne peut pas comprendre cette situation si on ne la vit", dit Florin, qui enchaîne les cigarettes depuis l'attaque. Faute d'avoir retrouvé du travail ailleurs, il a dû se résigner avec regret à rentrer en Roumanie, après un an et demi de travail et d'"impôts payés en Grande-Bretagne". "Même si on a un pays riche et beau, la vie est plus dure ici. Et on aspire tous à une vie meilleure. Personne ne quitte son pays car la situation est bonne", déplore celui qui est né dans un quartier pauvre de Iasi, où il a appris les secrets de la boulangerie avant de faire une école spécialisée. - "Réaction spontanée" - Après plusieurs tentatives de travail avortées qu'il attribue au syndrome post-traumatique qui lui posait des problèmes de concentration, il y dirige aujourd'hui une petite équipe de travailleurs municipaux. Il dit être devenu "plus renfermé, plus stressé", alors qu'avant il vivait "librement". Fan de musique rap et hip-hop car elle "montre la réalité de la rue" et lecteur de "livres de prières" qui lui apportent "de la tranquillité", Florin a repris les cours au lycée, grâce au maire de la ville. Il rêve d'écrire un livre ou de faire un film qui "montrent aux gens comment quelqu'un était avant l'attaque, comment on reprend le contrôle après un tel traumatisme, comment réagissent les autres, comment on est affecté par la notoriété, par la fausseté de certains ou très touché par la gentillesse des autres". Il souhaite rencontrer d'autres survivants de l'attaque pour savoir comment ils font pour "résister" après "un tel choc". Ferait-il la même chose aujourd'hui? "C'est une réaction spontanée. Je dis maintenant que je la referai mais c'est possible que je ne la fasse pas. C'est le moment qui décide", répond-il, estimant qu'"on devrait être plus unis (…) car on est tous des humains". "Peu importe si on est Croate, Hollandais, Anglais, Russe ou Arabe. Ce qui compte c'est de s'aider les uns les autres".

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