Le sommet Trump-Kim est sur les rails mais il faudra des mois pour savoir si c'est un succès

Le sommet Trump-Kim est sur les rails mais il faudra des mois pour savoir si c'est un succès
Par AFP
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Après dix jours de montagnes russes diplomatiques, le sommet atomique Trump-Kim est à nouveau sur les rails. Mais pour qu'il tienne ses promesses, il faudra des concessions de Washington et Pyongyang, et un véritable succès ne pourra être mesuré qu'après plusieurs mois ou plusieurs années. Persuadé qu'il peut réussir là où ses prédécesseurs ont échoué et "débarrasser" le monde des armes nucléaires de la Corée du Nord, le président américain Donald Trump a confirmé vendredi la tenue de sa rencontre avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, le 12 juin à Singapour. Mais il a, une fois n'est pas coutume, tenté d'en relativiser les attentes immédiates. "On ne va pas signer quelque chose le 12 juin", "je n'ai jamais dit que ce serait réglé en une réunion", a-t-il expliqué, tout en prédisant le succès final de ce "processus". Comment mesurer un tel succès? Dès la fin du sommet, "on saura si c'est un échec", estime Boris Toucas, chercheur invité au Center for Strategic and International Studies à Washington. "Par exemple, si Kim refuse de s'engager par écrit sur la dénucléarisation ou s'il n'y a qu'une déclaration de bonnes intentions sans début de feuille de route." En revanche, dit-il à l'AFP, si Pyongyang prend des engagements clairs assortis d'un calendrier, "ce sera intéressant, mais on ne saura pas avant leur mise en oeuvre concrète et continue, au bout de plusieurs mois ou plusieurs années, si c'est vraiment sérieux". Les Etats-Unis réclament la dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible" de la péninsule coréenne. Toute la question est de savoir à quel moment de ce processus long et complexe - qui peut prendre jusqu'à 15 ans selon certains experts - ils seront prêts à lever les sanctions imposées au régime de Kim Jong Un. "Les Américains veulent un processus accéléré avec d'emblée un gros effort de dénucléarisation", expliquait Frank Aum, chargé du dossier nord-coréen jusqu'en 2017 au Pentagone, lors d'une conférence organisée vendredi par l'US Institute of Peace (Usip). "Il y a des choses qui peuvent être faites dès la première année", et le président Trump espère de grosses avancées "d'ici la fin de son mandat" début 2021, a-t-il souligné. Mais la Corée du Nord prône, elle, un processus "étape par étape", où les concessions des deux pays ennemis iraient de pair. - "Fin de la guerre" - Un choix qui serait risqué pour Washington. "Depuis les années 1990, la Corée du Nord n'a jamais rien fait qui inverse vraiment le cours de son programme nucléaire" vu comme une sorte d'assurance-vie du régime, fait valoir Boris Toucas. En même temps, si M. Kim veut "gagner encore du temps", "il a quand même intérêt à ce que le sommet ait l'air réussi", ajoute-t-il. Pour cela, il va probablement se dire prêt à une dénucléarisation totale en fin de processus, "mais tout dépendra alors des virgules et des clauses en petits caractères qui devront être négociées pour ne pas être trop faibles", prévient Joe Yun, représentant spécial des Etats-Unis pour la Corée du Nord jusqu'en début d'année, intervenu lors de la même conférence à l'Usip. Ensuite, il faudra que Pyongyang accepte de déclarer de manière honnête et exhaustive la liste de ses installations balistiques et nucléaires, et en ouvre l'accès à des inspecteurs. "Il y a des sites non déclarés", rappelle Joe Yun. Pour Boris Toucas, "s'ils font une liste qui nous apprend des choses que l'on ne connaît pas, ce sera déjà une victoire diplomatique réelle pour Trump". En face, les Etats-Unis seront réticents à lâcher du lest. Mais des avancées sont possibles en termes de sécurité: Pyongyang, qui redoute des velléités américaines cachées de changement de régime, réclame des garanties en ce sens et a d'ailleurs souvent eu recours à une définition très large d'une future dénucléarisation de la péninsule coréenne. Le Nord souhaiterait ainsi la fin du "parapluie" nucléaire fourni par les Etats-Unis au Sud, en termes de présence militaire mais aussi d'exercices conjoints. Donald Trump s'est déjà dit prêt à fournir des garanties de sécurité. Vendredi, il a clairement ouvert la porte à un traité de paix pour mettre fin à la guerre de Corée, qui ne s'est conclue en 1953 que par un armistice. Selon Joe Yun, "une déclaration de fin de la guerre peut intervenir rapidement", ainsi qu'une "reconnaissance diplomatique qui prendrait la forme d'un bureau de liaison américain à Pyongyang et d'un bureau de liaison nord-coréen à Washington". Surtout, les Américains ont déjà fait une "énorme concession" en acceptant le principe même du sommet, souligne Boris Toucas: "Ca donne de la légitimité à Kim sur le plan interne et international, même si c'est in fine un échec". "Le plus gros risque diplomatique est du côté américain", conclut-il.

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