A Singapour, Trump à l'épreuve d'un sommet hors norme

A Singapour, Trump à l'épreuve d'un sommet hors norme
Par AFP
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Donald Trump est-il, comme il le répète sur tous les tons, un négociateur exceptionnel? Après 500 jours à la tête de la première puissance mondiale, peu d'éléments concrets accréditent cette théorie. Le sommet avec Kim Jong Un, mardi à Singapour, lui offre une occasion unique de marquer les esprits. Mais le pari est risqué: un échec renforcerait le sentiment que le milliardaire volontiers provocateur n'a ni la discipline ni l'étoffe pour mener à bien des discussions internationales de haut-vol. En politique étrangère, le président américain revendique son peu de goût pour les détails ("l'important, c'est l'état d'esprit"), brandit son absence d'expérience diplomatique comme un atout-maitre, faire virevolter les ultimatum, et envoie, à coups de tweets rageurs, des signaux souvent contradictoires. La Maison Blanche a beau marteler qu'il a "restauré la crédibilité de la parole de l'Amérique sur la scène internationale", une impression de flottement domine et les tensions avec les alliés, en pleine lumière au G7 au Canada, se multiplient. De fait, depuis son arrivée au pouvoir, l'homme d'affaires de 71 ans a surtout détricoté et démantelé l'héritage de ses prédécesseurs plus qu'il n'a bâti de nouvelles alliances ou esquissé de nouvelles architectures. Accord de Paris sur le climat, accord de Vienne sur le nucléaire iranien, accord de libre-échange trans-pacifique (TPP): le 45e président de l'histoire a plusieurs fois claqué la porte avec fracas au nom de "L'Amérique d'abord". Peu après son installation sur Pennsylvania Avenue, il assurait qu'aboutir à un accord de paix israélo-palestinien n'était "peut-être pas aussi difficile que ce que les gens pensent depuis des années". Un an plus tard, la perspective d'un règlement n'a jamais semblé aussi éloignée. Le bras de fer commercial engagé avec la Chine n'a à ce jour pas apporté les résultats escomptés et nombre d'élus républicains s'inquiètent des conséquences économiques - et électorales - de cette croisade. "L'Amérique d'abord est, comme prévu, l'Amérique seule", résume Richard Haass, président du Council on Foreign Relations. "Rien n'indique que Trump et son équipe aient la moindre idée de ce en quoi consiste +L'art du deal+ (titre du best-seller de Trump, NDLR) pour ce qui touche à la diplomatie internationale", souligne de son côté dans Foreign Policy Ilan Goldenberg, ancien haut diplomate sous Obama. - L'exception nord-coréenne ? - Le dossier nord-coréen sera-t-il l'exception qui permettra à Donald Trump de redorer son blason sur la scène internationale, voire même, comme l'avancent certains de ses proches, de décrocher un prix Nobel de la paix? Mardi, dans un hôtel de luxe Singapour, il s'apprête à tenter quelque chose qu'aucun président américain en exercice n'a fait avant lui: négocier en direct avec un héritier de la dynastie des Kim une possible dénucléarisation du régime reclus. Or il a, sur ce dossier, en permanence, créé la surprise. Scène incroyable, le jeudi 8 mars, à la nuit tombée. Après une rencontre avec Donald Trump dans le Bureau ovale, Chung Eui-yong, conseiller national sud-coréen à la Sécurité, sort devant la Maison Blanche pour annoncer que Kim Jong Un a proposé de rencontrer le président américain. L'information, qui avait fuité, n'est qu'une demi-surprise. Mais dans la foulée, coup de tonnerre: il précise que Trump a accepté l'idée sur le champ! Trois mois plus tard, alors que les journalistes du monde entier ont réservé leurs billets pour Singapour, Trump adresse un courrier à Kim lui annonçant que le sommet n'aura pas lieu en raison de "l'hostilité affichée" de Pyongyang. Le lendemain dès l'aube, alors que l'encre des innombrables analyses décortiquant les raisons de cet immense "fiasco" n'est pas encore sèche, il ressuscite d'un tweet la possibilité d'un sommet. - "Nouveau pragmatisme" - Ses critiques relèvent qu'il a été beaucoup moins exigeant que ses prédécesseurs avant de s'assoir à la table de Kim Jong Un. Et soulignent, à raison, que le président américain ne peut s'attribuer tous les mérites de la spectaculaire détente diplomatique en cours sur la péninsule. Reste que le monde entier est suspendu à ce tête-à-tête inimaginable il y un an. Et que les "anti-Trump" sont partagés - parfois mal à l'aise - sur l'attitude à adopter face à son approche iconoclaste d'un dossier aussi épineux. Dans une chronique publiée dans le New York Times, Nicholas Kristof, peu suspect de proximité avec l'actuel locataire de la Maison Blanche, se désolait que certains élus démocrates passent plus de temps à prédire l'échec de Trump qu'à soutenir un processus certes embryonnaire mais prometteur. "C'est vrai, il y a de nombreuses raisons d'êtres inquiets (...) et tout peut encore s'écrouler", écrivait-il. Mais, ajoutait-t-il, le "nouveau pragmatisme" du président américain est "infiniment préférable" à la menace d'une guerre nucléaire. "Nous devrions tous nous réjouir que Trump s'implique enfin dans un genre d'approche diplomatique qu'il dénonçait autrefois".

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