Le Nicaragua paralysé par une grève générale pour faire plier Ortega

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Rues désertées, rideaux baissés: le Nicaragua était paralysé jeudi par une grève générale, décrétée par l'opposition pour protester contre la violente répression des manifestations hostiles au président Daniel Ortega, qui ont fait près de 160 morts en moins de deux mois. A Managua, seuls quelques rares bus aux trois quarts vides circulaient, dans des artères quadrillées par les forces de sécurité. Le Mercado oriental, l'un des marchés les plus fourmillants de la capitale nicaraguayenne, avait des airs de quartier fantôme. "Aujourd'hui, personne ne travaille", a assuré Carlos Sánchez, vendeur de chewing gums ambulant de 58 ans, qui espère que la grève permettra de faire pression sur le gouvernement pour trouver une issue à la crise. "Tout est à l'arrêt, (on voit que) la population soutient la grève", a renchéri Pablo Ramírez, un chauffeur de taxi contraint à l'inactivité faute de clients. Ce débrayage national de 24 heures, lancé par l'Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie - un regroupement d'étudiants, de chefs d'entreprise et de représentants de la société civile - n'a néanmoins pas mis fin aux affrontements. Pendant la nuit, des incidents violents ont éclaté dans plusieurs bastions de l'opposition, notamment à Masatepe, au sud de Managua, où quatre personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées, a rapporté à l'AFP Alvaro Leiva, directeur de l'Association des droits de l'Homme (ANPDH). Dans la ville toute proche de Masaya, à la pointe de la contestation anti-Ortega ces derniers jours, des paramilitaires en armes ont ouvert le feu sur les barricades dressées par les manifestants pour les contraindre à partir, a-t-il ajouté. - "Ca suffit!" - Les manifestations lancées le 18 avril contre le gouvernement sandiniste n'ont cessé de prendre de l'ampleur, malgré une féroce répression qui a fait 157 morts et plus de 1.300 blessés, selon le dernier bilan du Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh). Tout en soutenant la grève, "expression de protestation pacifique", l'influente Eglise catholique, qui s'est posée en médiatrice du conflit, a pressé le gouvernement et l'opposition de renouer le dialogue. Les évêques ont convoqué les deux camps à une réunion de concertation vendredi, où ils présenteront la réponse apportée par l'ancien guérillero de 72 ans, à leur proposition de réformes de la vie politique. Après un premier passage de 1979 à 1990, Daniel Ortega est à la tête du pays depuis 2007 et son troisième mandat lui permet de se maintenir au pouvoir encore trois ans. Trop longtemps de l'avis des manifestants, qui réclament son départ, l'organisation anticipée de l'élection présidentielle prévue fin 2021 et des réformes constitutionnelles. "Ca suffit. Nous voulons tous la paix, nous voulons dépasser ces circonstances dures, douloureuses, tragiques. Nous voulons trouver les possibilités de tracer un chemin vers l'avant à la table de négociations", a déclaré mercredi soir sur les médias officiels l'épouse de Daniel Ortega, Rosario Murillo, vice-présidente du pays et autre bête noire des manifestants. - "Guerre civile larvée" - Traversé par une profonde crise économique et sociale, le pays a connu un regain de violences depuis lundi après que les forces de sécurité ont tenté de démanteler de force les barricades dressées sur plusieurs routes du pays. Armés de frondes et de mortiers artisanaux face aux fusils des policiers anti-émeutes, les manifestants ont bloqué en plusieurs points les axes routiers, paralysant des milliers de camions et désorganisant l'approvisionnement du pays. Ces blocages ont miné la fragile économie nationale, avec un coût qui pourrait atteindre plus de 900 millions de dollars si le conflit se prolongeait, selon la Fondation nicaraguayenne pour le développement social et économique (FUNIDES). Après l'avoir longtemps soutenu, les milieux d'affaires ont coupé les ponts avec le président Ortega, lui reprochant sa violente répression des manifestations. Face à la force déployée par les policiers anti-émeute et des milices paramilitaires pro-Ortega, certains manifestants commencent à envisager de prendre les armes, alors que le mouvement se voulait jusqu'ici pacifique. "Pour moi, ce qui se passe est une guerre civile larvée", a déclaré un responsable étudiant surnommé "El Gato" (Le Chat), retranché depuis plus d'un mois avec des centaines d'autres, dans l'Université de Managua transformée en bunker. "La plupart d'entre nous ne veulent pas l'envisager, mais personnellement je pense que le moment va arriver où nous allons devoir nous armer pour être à égalité avec eux" (les forces de sécurité), ajoute-t-il. Avant de lancer: "Je crois que ce combat est juste".

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