Afghanistan: après le cessez-le-feu, un meilleur espoir de paix ?

Afghanistan: après le cessez-le-feu, un meilleur espoir de paix ?
Par AFP
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Les scènes extraordinaires de fraternisation entre talibans et membres des forces de sécurité lors du récent cessez-le-feu en Afghanistan démontrent que les deux parties en ont assez du conflit, observent des analystes, ce qui peut nourrir des espoirs de paix. "Il est difficile de prévoir ce que sera la prochaine étape, mais le sortilège a été rompu", remarque le politologue Ghulam Sakhi Ehsani, interrogé par l'AFP. "Sur toutes les photos et vidéos, il semble que les combattants des deux côtés en ont assez de la guerre", ajoute-t-il. Dix-sept années après qu'une coalition internationale les a chassés du pouvoir en octobre 2001, quelques semaines après les attentats du 11 septembre, les talibans ont décrété un cessez-le-feu inédit avec les forces afghanes, qui a couru de vendredi à dimanche. Le président Ashraf Ghani avait de son côté décidé d'une interruption des combats d'une semaine démarrant mardi dernier. Scènes impensables il y a peu, des talibans et des membres des forces de sécurité ont été vus en train de s'étreindre ou de se prendre en photo ce week-end dans plusieurs parties du pays. Les civils payent habituellement un très lourd tribut à la guerre mais nombre d'entre eux ont néanmoins salué les insurgés à leur entrée dans les villes, qu'ils ne visitent habituellement que pour les attaquer, notamment Kaboul. "Tout le monde est fatigué de la guerre. Si nos dirigeants nous ordonnent de poursuivre le cessez-le-feu, nous le maintiendrons pour toujours", a déclaré le commandant taliban Baba samedi à Jalalabad (Est). Quelques heures plus tard, ses hommes, comme tous les autres insurgés, étaient sommés de rentrer dans leurs campements. - Jours sans combats - La direction des talibans a dû craindre que "davantage de jours sans combat ne persuade les troupes que la paix est meilleure que la guerre", estime Michael Kugelman, du centre Wilson à Washington. Deux attaques suicides dans le Nangarhar (Est) ont ensanglanté le cessez-le-feu. Elles ont été revendiquées par le groupe Etat islamique, qui en avait été exclu. Mais le fait que les deux parties aient interrompu les combats suggère que "les dynamiques du conflit ont peut-être changé", explique Kate Clark, co-directrice du Réseau des analystes afghans, à l'AFP. "Une fois qu'il est reconnu que tout le monde est musulman (...) et qu'il est vraiment chouette de manger une glace (avec son adversaire), il faut espérer qu'il deviendra plus difficile de le tuer", poursuit-elle. "Si la réconciliation semble encore une perspective éloignée, elle semble un peu plus envisageable", constate Michael Kugelman. Mais parvenir à la paix pourrait prendre des années, selon les analystes, les talibans refusant toujours officiellement de négocier avec le gouvernement afghan, qu'ils qualifient de "marionnette" de Washington. - Négociations - Un dialogue s'est bien tenu secrètement entre les deux parties, et Kaboul et les talibans ont discuté au Pakistan en juillet 2015. Mais l'initiative avait rapidement avorté. Aujourd'hui, il n'existe aucune feuille de route, et aucune des parties n'a communiqué ses "lignes rouges" dans l'optique d'une sortie de conflit. "La seule option du (président Ashraf) Ghani est de continuer à essayer de parvenir à la paix", note Michael Kugelman. "La guerre ne peut pas être gagnée militairement, donc il devra faire tout son possible pour y mettre un terme par la négociation." Le président a annoncé samedi une prolongation de dix jours du cessez-le-feu. Les insurgés ont fait savoir dimanche qu'ils ne souhaitaient pas s'aligner. En février, M. Ghani avait déjà proposé des pourparlers de paix aux talibans. Ce plan, considéré comme l'un des plus complets proposés aux insurgés par un gouvernement afghan, avait toutefois été ignoré. Les talibans, qui n'ont de cesse de réclamer un dialogue bilatéral avec les Etats-Unis, ce que Washington a toujours refusé, ainsi qu'un retrait des troupes étrangères d'Afghanistan, avaient alors lancé leur offensive de printemps. Le mois dernier, le Pentagone faisait savoir que des cadres talibans négociaient secrètement un cessez-le-feu avec des responsables afghans. D'après un autre diplomate occidental, "ce week-end démontre bien que si toutes les pièces du puzzle s'emboîtent correctement, un dialogue constructif peut exister".

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