Crise au Nicaragua: offensive contre une ville rebelle, au moins trois morts

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Au moins trois personnes ont été tuées dans l'offensive lancée mardi par les forces progouvernementales au Nicaragua pour reprendre le contrôle de la ville de Masaya, déclarée par ses habitants en rébellion, alors que le dialogue avec l'opposition est suspendu après deux mois de crise et plus de 180 morts. "On entend de fortes détonations de rafales (d'armes automatiques) dans les quartiers de Coyotepe, La Barranca et à l'entrée principale de Masaya", a déclaré le secrétaire de l'Association nicaraguayenne des droits de l'Homme (ANPDH), Alvaro Leiva. Le directeur du Centre nicaraguayen des droits de l'Homme (Cenidh), Marlin Sierra, a confirmé au moins trois morts à l'AFP pendant le raid à Masaya, portant le nombre de décès à 186 - un autre mort ayant été signalé dans une autre région du pays - en deux mois de répression violente des manifestations antigouvernementales. L'opération, déclenchée tôt dans la matinée, avait fait au moins 32 blessés à Masaya et 37 autres à Ticuantepe, à 14 kms de Masaya. "Nous lançons un SOS, pour que cessent cette attaque et la terreur" qu'elle provoque dans la population, a indiqué M. Leiva à la chaîne indépendante 100% Noticias. Cette ville de 100.000 habitants, située à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale Managua, est devenue ces derniers jours l'épicentre des violences au Nicaragua. Le pays est secoué par une vague de contestation depuis le 18 avril, au départ contre une réforme de la sécurité sociale avant de devenir un vaste mouvement exigeant le départ du président Ortega. La crise a déjà fait 180 morts et plus de 1.000 blessés. - "Attaque démesurée" - "Masaya reste ferme, mais face à cette attaque démesurée et d'une force incomparable, les citoyens exercent une résistance physique dans la mesure de leurs possibilités car ils doivent préserver leurs vies", a indiqué Alvaro Leiva. L'évêque auxiliaire de Managua, Silvio Baez, a lancé un appel sur Twitter: "Arrêtez l'attaque sur Masaya. Respectez la vie de la population". "Les États-Unis condamnent les actes de violence et d'intimidation commandités par le gouvernement", a déclaré le département d'État américain dans un communiqué rendant compte du voyage à Managua mardi de Carlos Trujillo, représentant du gouvernement de Donald Trump auprès de l'Organisation des États américains (OEA). Les forces progouvernementales, aidées de tracteurs et de camions, dégageaient les barrages installés par les opposants sur la route menant à Masaya, tandis que les jeunes protégeant ces barricades fuyaient en courant, poursuivis par des groupes violents de partisans du président Ortega, ont témoigné des habitants aux médias locaux. Ce regain de violences survient quelques heures après la décision par la Conférence épiscopale de suspendre le dialogue entre les deux parties. Celles-ci devaient notamment aborder mardi l'organisation d'élections générales anticipées en mars 2019 (au lieu de fin 2021) et les réformes du système judiciaire dans ce pays, le plus pauvre d'Amérique centrale. L'Eglise, en tant que médiatrice, exige tout comme l'opposition que le gouvernement tienne ses engagements et invite "d'urgence" les organisations internationales de défense des droits de l'homme, conformément à un accord conclu vendredi dernier. "Quand le gouvernement nous enverra une copie de ces invitations et que les organisations internationales nous enverront leur réception", le dialogue pourra reprendre, ont déclaré les évêques. Les opposants au président Ortega doutent de sa capacité à dialoguer alors qu'il exerce une mainmise sur le pouvoir depuis 2007, après avoir déjà gouverné de 1979 à 1990. - "Volonté politique" - "Ce gouvernement doit montrer de la volonté politique", a lancé à la presse l'évêque Baez. "Ceci n'est pas un jeu, c'est quelque chose de sérieux pour l'avenir du Nicaragua. Ici, on ne peut continuer à assassiner plus de gens. S'il vous plaît, donnez-nous des preuves de (bonne) volonté et de vouloir surmonter cette crise", a-t-il ajouté. Le ministre des Affaires étrangères Denis Moncada, chef de la délégation gouvernementale, a invoqué des raisons "bureaucratiques" pour expliquer l'absence d'observateurs internationaux, selon l'ancien ambassadeur aux Etats-Unis Carlos Tünnerman, représentant de la société civile. Après la suspension de la réunion, le gouvernement a exprimé sa "grave préoccupation face à l'escalade tragique de la violence subie par le peuple nicaraguayen". Il assure avoir proposé à l'opposition de "travailler pour parvenir à des accords vérifiables sur la sécurité, la paix et la réconciliation". A Genève, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a estimé que la situation au Nicaragua "pourrait bien mériter" la création d'une enquête internationale et a exhorté les autorités à envoyer "sans délai" une invitation à son bureau.

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