Nicaragua: libérés, des manifestants dénoncent la violence gouvernementale

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Des manifestants au Nicaragua, libérés de prison grâce à une médiation de l'Eglise catholique, ont dénoncé la violence du gouvernement de Daniel Ortega, accusé par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) de la mort d'au moins 212 personnes en deux mois de soulèvement. En larmes et réconfortés par leurs proches, 26 jeunes protestataires ont été remis en liberté, dont 15 à Managua, où ils ont été conduits vendredi par la police à la cathédrale de la capitale, et 11 autres à Masaya, une ville de 100.000 habitants devenue l'épicentre des protestations, à 35 km au sud de Managua. Bayron Hernandez, 16 ans, a raconté avoir été arrêté par des paramilitaires encagoulés. "J'ai essayé de courir mais ils ont tiré en rafale et je suis tombé. Ils m'ont frappé et m'ont entaillé le crâne avec le (fusil) AK", a-t-il déclaré à l'AFP à Masaya. Evert Padilla, libéré de la prison d'El Chipote, à Managua, avait participé aux manifestations qui secouent le Nicaragua depuis le 18 avril, pour exiger le départ du président Ortega et de son épouse Rosario Murillo, la vice-présidente, tous deux accusés de corruption, de népotisme et de confiscation du pouvoir dans tous les domaines. Mais c'est à son domicile qu'il a été arrêté: "Ils ont cassé le verrou de la porte, ils ont emporté mes affaires, ils m'ont couché au sol et m'ont roué de coups", a témoigné le jeune de 23 ans, à Managua. - Plus de 500 arrestations - A Washington, la CIDH a dressé elle aussi un bilan sévère, dans son rapport, très attendu, présenté lors d'une session extraordinaire du Conseil permanent de l'Organisation des Etats américains (OEA) à Washington. "L'action répressive de l'Etat a fait au moins 212 morts au 19 juin et 1.337 blessés", a-t-elle indiqué, affirmant que plus de 500 personnes avaient été détenues au 6 juin. La CIDH a dénoncé une "violence étatique" qui vise "à dissuader la participation aux manifestations et à étouffer cette expression d'opposition politique". Présent à la session, le ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, Denis Moncada, a rejeté "entièrement le rapport", le qualifiant de "subjectif, biaisé, plein de préjugés et notoirement partial". "Merci à la CIDH de montrer la vérité du génocide perpétré contre le peuple du Nicaragua par le gouvernement!", a de son côté réagi Silvio Baez, archevêque auxiliaire de Managua. Ces libérations sont le fruit d'une réunion tenue jeudi entre le commissaire de police Ramon Avellan et les évêques catholiques, venus en urgence à Masaya, assiégée par les forces de l'ordre, "pour éviter un nouveau massacre". Après plusieurs jours d'offensive de la police et de groupes paramilitaires, peu d'habitants se risquaient dans les rues vendredi, parcourues par les policiers anti-émeutes, encagoulés et fortement armés. "C'est calme, mais nous continuons d'avoir peur de sortir car à n'importe quel moment, ça peut repartir", a confié Daysi Mercado, une couturière qui a perdu son emploi à cause de la crise. Des milices progouvernementales - également cagoulées et fortement armées - continuaient vendredi de surveiller les accès à de nombreuses villes de ce pays pauvre d'Amérique centrale, notamment à Leon, où les pelleteuses des forces de l'ordre et des milices démolissaient les barricades érigées par les habitants. - Daniel Ortega muet - Le rapport de la CIDH, fondé sur des témoignages d'habitants recueillis sur place, est crucial avant la reprise, programmée pour la semaine prochaine, du dialogue entre gouvernement et opposition, à l'appel de l'Eglise, médiatrice. "Nous, nous connaissons la situation, mais ce rapport servira pour éclairer" les discussions entre les autorités et l'Alliance civique pour la justice et la démocratie, a indiqué le cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua. L'Alliance civique a salué le rapport comme "un pas sur le chemin de la justice". L'Eglise appelle le président Ortega - un ex-guérillero de 72 ans au pouvoir depuis 2007 après l'avoir déjà été de 1979 à 1990 - à organiser des élections générales anticipées en mars 2019, au lieu de fin 2021. Ce dernier reste muet sur ce point, mais il est soumis à une pression internationale croissante: son gouvernement "doit mettre un terme immédiatement à sa campagne de violence et d'intimidation contre son propre peuple", a affirmé jeudi l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley. Luis Almagro, secrétaire général de l'Organisation des Etats d'Amérique, a souligné la nécessité d'une "réponse politique" à la crise, estimant que "le temps joue contre le Nicaragua". "Pendant que la CIDH présente ses conclusions à Washington, des policiers et des bandes armées progouvernementales continuent d'assassiner les manifestants en toute impunité dans les rues du Nicaragua", a averti José Miguel Vivanco, directeur pour les Amériques de l'ONG Human Rights Watch. Amnesty International a souligné de son côté que "le gouvernement ne peut pas continuer à demander un dialogue et en même temps commettre de sérieuses violations des droits de l'homme et des crimes".

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