Turquie/Erdogan: les raisons d'une victoire

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Par AFP
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En remportant dimanche le scrutin présidentiel dès le premier tour, le chef de l'Etat turc Recep Tayyip Erdogan a ajouté, à 64 ans, une énième victoire électorale à son palmarès et déjoué les pronostics disant sa popularité en déclin. Voici cinq raisons expliquant cette victoire: - Une base solide - Un simple coup d'oeil sur la carte des résultats électoraux dans les 81 provinces du pays montre la solidité de la base sur laquelle M. Erdogan peut compter pour gagner les scrutins. M. Erdogan, issu de la mouvance islamo-conservatrice, est arrivé en tête dans pas moins de 63 provinces, surtout au coeur de l'Anatolie mais aussi à Istanbul et à Ankara. Son principal rival, le social-démocrate Muharrem Ince, qui avait pourtant réuni des foules impressionnantes lors sa campagne au quatre coins du pays, n'a devancé M. Erdogan que dans huit provinces, surtout à l'Ouest. Le candidat emprisonné du parti prokurde HDP Selahattin Demirtas n'est arrivé quant à lui en tête que dans dix provinces dans le Sud-Est à majorité kurde. Le robuste soutien dont M. Erdogan jouit dans les régions anatoliennes s'explique surtout par le développement et la prospérité économiques que ces provinces ont connus depuis son arrivée au pouvoir en 2003. Les électeurs de ces régions, qui partagent souvent ses principes islamo-conservateurs, lui ont témoigné leur fidélité en dépit d'un contexte économique actuel moins favorable. "Le lien émotionnel d'Erdogan avec ses électeurs s'est avéré intact", souligne Ozgur Unluhisarcikli, directeur du bureau d'Ankara à la German Marshall Fund. - Contrôle - Outre sa popularité, M. Erdogan a bénéficié lors de la campagne électorale d'une couverture favorable dans les médias. La télévision d'Etat a accordé très peu de place à l'opposition, ignorant même complètement par exemple le dernier grand rassemblement de M. Ince à Istanbul samedi tout en retransmettant en direct et en intégralité plusieurs meetings électoraux de M. Erdogan le même jour. La presse privée réserve aussi une couverture plutôt favorable au chef de l'Etat, surtout depuis l'achat du plus important groupe de médias, Dogan, par une holding pro-Erdogan à quelques mois des élections. "La vaste majorité de Turcs s'informe grâce à la télévision et l'opposition n'y a pas suffisamment accès", affirme Anthony Skinner, analyste du cabinet de consultants en risques Verisk Maplecroft. Dans un rapport, l'OSCE et le Conseil de l'Europe ont fait état de conditions de campagne inéquitables des différents partis, notamment sur le plan médiatique. - Stratégie - Avec sa victoire à la présidentielle et aux législatives, M. Erdogan a porté à 14 le nombre de scrutins qu'il a remportés depuis 2002. Cette longévité lui a permis de maîtriser les ficelles pour réussir une campagne électorale, aidé par sa faconde, sa connaissance des dossiers et ses attaques bien senties contre les figures de l'opposition. En convoquant des élections anticipées 17 mois avant la date prévue, M. Erdogan, tout en prenant l'opposition de court, a devancé une dégradation supplémentaire annoncée de la situation économique. "Erdogan est le stratège suprême et il met à profit ses compétences", souligne M. Skinner. - Nationalisme - La principale surprise des élections parlementaires a été le bon score réalisé par le parti ultranationaliste MHP, allié de l'AKP de M. Erdogan, qui a obtenu plus de 11% des voix alors que de nombreux observateurs le voyaient péricliter. Ce score contraste avec celui du nouveau parti Iyi de Meral Aksener, né d'une scission du MHP et qui obtenu moins de 10% des votes alors qu'il était présenté comme un rival sérieux de l'AKP. M. Erdogan aura ainsi réussi son pari de se rapprocher avec les nationalistes, qu'il a cherché à satisfaire en affichant sa fermeté sur le dossier kurde et en lançant plusieurs offensives en Syrie contre une milice syrienne liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). - Crédibilité - Si M. Erdogan peut se targuer de sa longue expérience à la tête du pays, ses principaux rivaux et leurs partis n'avaient aucun passé de gouvernement à faire valoir. M. Ince a admis lui-même avoir commis une erreur le soir de l'élection en reconnaissant sa défaite dans un message à un ami journaliste au lieu de faire une déclaration ou une apparition publique. Un autre rival de M. Erdogan, le candidat prokurde Selahattin Demirtas, a quant lui fait campagne depuis sa cellule de prison et n'avait aucune réelle chance d'inquiéter le chef de l'Etat. "C'est un tableau très déprimant pour l'opposition car ces élections étaient sa dernière fenêtre d'opportunité" pour barrer la route à M. Erdogan avant qu'il n'assure un nouveau mandat aux pouvoirs renforcés, note M. Skinner, l'analyste de Maplecroft.

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