En Birmanie, des camps de transit pour Rohingyas vides

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Le camp de transit de Nga Khu Ra en Birmanie peut accueillir 150 Rohingyas par jour. Il reste désespérément vide, faute de candidats au retour parmi les 700.000 Rohingyas réfugiés au Bangladesh après ce que l'ONU dénonce comme un "nettoyage ethnique". "Nous sommes prêts à les accueillir depuis janvier", se désole Win Khaing, directeur du camp de transit de Nga Khu Ra, dans le district de Maungdaw, épicentre des violences anti-rohingyas, dans l'ouest de la Birmanie. Après avoir monté en épingle le retour en avril d'une première famille, les Birmans ont organisé cette semaine un voyage de presse pour montrer qu'ils sont prêts, avec des dortoirs hommes et femmes pouvant accueillir les réfugiés dès leur arrivée, pour quelques jours de transit. Mais pour l'heure les officiers de l'immigration postés dans les deux camps créés à la frontière sont seuls avec leurs papiers et leur équipement de mesures biométriques oculaires flambant neuf. Sur les papiers d'identité provisoires qui leur seront remis à l'issue du processus, les candidats au retour seront identifiés comme "Bangladais" et non "Rohingyas", ce que refusent la plupart des membres de cette minorité opprimée depuis des années en Birmanie. A cela s'ajoute le fait que les réfugiés n'ont pas confiance dans les promesses birmanes d'un réel retour à la paix, des viols, incendies de villages et autres crimes ayant été documentés par les ONG internationales comme Amnesty International. Celle-ci a publié un rapport choc cette semaine, demandant un recours à la Cour pénale internationale. Et jeudi encore, un enfant rohingya jouant dans la zone frontière entre les deux pays, dite "no man's land", a été blessé par des tirs des garde-frontières birmans. La Birmanie assure que plus de 150 Rohingyas au total ont franchi la frontière dans l'autre sens, sur les plus de 700.000 ayant fui ce que l'ONU décrit comme un "nettoyage ethnique" par l'armée birmane. Mais le Bangladesh dément de son côté toute amorce de mouvement. Le commissaire aux réfugiés du Bangladesh, Mohammad Abul Kalam, interrogé par l'AFP, assure que "le processus de rapatriement n'a pas commencé et qu'aucun Rohingya n'a encore été rapatrié du Bangladesh", malgré la signature d'un accord entre les deux pays fin 2017. Ye Htoo, responsable de l'administration du district de Maungdaw, en Birmanie, insiste que ceux qui sont passés par les camps de transit "ont tous été envoyés chez leurs proches dans d'autres villages". Les Rohingyas craignent d'être parqués dans des camps, comme c'est déjà le cas pour des dizaines de milliers d'entre eux près de la capitale régionale Sittwe. Preuve de leur bonne foi, les autorités birmanes ont convoyé neuf de ces réfugiés depuis leurs villages jusqu'au camp, pour rencontrer les journalistes participant à ce voyage de presse. -"Pas allés au Bangladesh"- Ceux-ci ont expliqué avoir passé les derniers mois en détention en Birmanie, sans avoir jamais pu se joindre à l'exode au Bangladesh. "Nous avons été arrêtés en novembre dernier et accusés d'être des immigrés illégaux du Bangladesh", et à ce titre condamnés à quatre ans de prison avant d'être libérés par une récente grâce présidentielle, témoigne Yar Sein, 35 ans, relâché de la prison de Buthidaung en mai. "Mais nous ne sommes jamais allés au Bangladesh", ajoute celui qui est aujourd'hui hébergé par des proches. Sur le total de plus de 150 Rohingyas passés par le camp, 62 sont des Rohingyas libérés comme lui de la prison de Buthidaung en mai suite à une grâce présidentielle, la plupart des autres ont été interceptés en mer sur la route de l'exode. Au total, 138 sur 154 se sont vu remettre une carte dite "NVC" (pour "National Verification Card"), les 16 autres étant des enfants donc n'ayant pas besoin de papiers d'identité, selon l'administration du camp. -Pas les bienvenus- Mais en Etat Rakhine, cette région de l'ouest de la Birmanie où les tensions entre la minorité musulmane des Rohingyas et leurs voisins bouddhistes, dits Rakhine, sont vives depuis des années, les candidats au retour ne sont pas les bienvenus. "Nous ne pouvons pas les accepter. Si le gouvernement prévoit vraiment de les reloger ici, nous partirons", témoigne Khin Soe, 30 ans, villageoise bouddhiste d'Etat Rakhine, disant sa haine des "kalars", terme péjoratif couramment utilisé en Birmanie pour désigner les Rohingyas. "Nous avons toujours peur... Personne ne peut garantir que cela ne se reproduira pas".

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