En déclin aux Etats-Unis, le baseball peine à séduire les Noirs

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Il n'est pas rare aux Etats-Unis de voir, comme en ce beau jour d'été dans Washington, des groupes d'enfants jouer au baseball, encouragés par leurs parents, hot-dog à la main. Mais sur ce terrain du sud de la capitale, un détail différencie les équipes qui s'affrontent ce jour-là: la couleur de peau des jeunes joueurs. La ligue Mamie Johnson, qui réunit des enfants noirs de 5 à 15 ans des quartiers défavorisés de Washington, est opposée à une équipe des milieux aisés du District de Columbia, dont tous les joueurs sont blancs. Cette ligue, qui remporte aisément le match, a été créée en 2015 pour relancer l'intérêt apporté au baseball par les Noirs. Alors que la MLB, la Ligue majeure de baseball professionnelle américaine, comptait près de 20% de joueurs noirs dans les années 1970 et 1980, ils n'étaient plus que près de 8% en moyenne à débuter les matches en 2016. Ce sport typiquement américain est surtout associé à la classe moyenne blanche, capable de s'offrir un équipement coûteux. "Nous voulions que les gamins des quartiers se remettent à jouer au baseball", explique l'entraîneur de Mamie Johnson, Neil Snell. "On voulait développer ça pour notre communauté, pour que les enfants ne soient pas dans la rue, qu'ils aient plus de chances d'aller à l'université". Keith Barnes, président et fondateur de la ligue Mamie Johnson, renchérit: "Je voulais juste voir plus d'Afro-américains jouer au baseball. Beaucoup d'entre eux jouent au football américain ou au basket-ball." Le manque de joueurs noirs au baseball s'explique notamment par le manque d'idoles noires auxquelles ils peuvent s'identifier, relève M. Barnes: les enfants "jouent aux sports où on leur vend des gars comme LeBron James ou Kobe Bryant", les deux superstars du basket américain. Jonah McPherson, du haut de ses 10 ans, le dit tout net: "Je préfère le basket", avoue ce jeune talent qui a tapé dans l'oeil des entraîneurs, en mettant en avant le rythme effréné des rencontres NBA. - Déclin - De manière générale, le baseball commence à perdre de son influence aux Etats-Unis. Les matches de trois heures avec peu d'action (ou une action visible seulement pour un oeil très initié) ont du mal à captiver les spectateurs en 2018. Tous les chiffres sont en baisse dans le pays: spectateurs, téléspectateurs, et licenciés. La crise est également démographique: l'âge moyen des spectateurs est de 53 ans, comparé à 47 ans pour le championnat de football américain (NFL) et 37 pour la NBA. Il y a trente ans, plus de 40 millions d'Américains allumaient leur poste pour suivre les World Series, les finales MLB. L'année dernière, ils étaient moitié moins. Selon un récent sondage de l'institut Gallup, le basket et le foot américain sont bien loin devant en terme de sports appréciés par les spectateurs, et le football ("soccer") pourrait même bientôt dépasser le baseball, un bouleversement qui aurait été inimaginable il y a encore 10 ans. "Le baseball représente un défi pour des enfants qui veulent une gratification instantanée, qui veulent tout rapidement. Le baseball n'est pas rapide, c'est un jeu de patience et de réflexion", plaide Gregory McCarthy, un responsable de l'équipe de MLB locale, les Washington Nationals, qui sponsorise la ligue Mamie Johnson. La MLB, qui a malgré tout généré 10 milliards de dollars l'an dernier (8,6 milliards d'euros), commence à s'adapter, en modifiant quelques règles pour essayer d'améliorer la vitesse du jeu. "Le baseball nous permet de nous identifier à travers les générations et de nous rapprocher de gens que nous n'avons jamais connus", analyse John Thorn, historien de la MLB. "Nous ne pouvons pas juste assister à un déclin du baseball (...): c'est dans notre intérêt national et dans l'intérêt de ce sport d'avoir des Afro-américains qui y jouent", développe-t-il. Lorsqu'il a lancé la ligue Mamie Johnson en 2015 ans, Keith Barnes, s'occupait de 100 enfants. Ils sont maintenant trois fois plus nombreux.

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