Mondial-2018: président-supporteur, une incongruité devenue passage obligé

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Longtemps d'une prudente distance vis-à-vis du football en général et des Coupes du monde en particulier, les présidents français sont devenus de plus en plus fervents derrière les Bleus, jusqu'à s'afficher en premier supporteur, espérant y gagner en popularité. "Aujourd'hui, un président ou une présidente ne pourrait pas ne pas assister au match", estime auprès de l'AFP Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et grand spécialiste de la géopolitique du football, alors qu'Emmanuel Macron doit se rendre mardi en Russie pour la demi-finale France-Belgique. "L'équipe de France de football fait partie du +soft power+ (pouvoir d'influence, ndlr) de la France. C'est plus que du sport, d'autant que notre équipe est performante et sympathique", sourit le chercheur, qui rappelle qu'Emmanuel Macron, François Hollande et Nicolas Sarkozy sont tous les trois de grands amateurs de foot. La tradition est pourtant récente: si le président Chirac s'est rendu au centre d'entraînement des Bleus à Clairefontaine quelques jours avant le Mondial-98, puis s'est affiché avec un maillot barré du numéro 23 dans les tribunes lors de l'épopée du Onze français d'il y a vingt ans, c'était d'abord en tant que dirigeant du pays hôte de la compétition. Avant que les records de popularité enregistrés - 68% de bonnes opinions fin juillet 98 - n'inspirent ses successeurs. En 2016, François Hollande enregistre lui aussi un bond de popularité, +7 points, lorsque la France se qualifie en finale de l'Euro. Pourtant, dans les années 80, le politique s'était tenu à une prudente distance de la glorieuse équipe tricolore emmenée par Platini et Giresse. A peine François Mitterrand consent-il à assister à la finale France-Espagne au Parc des princes lors de l'Euro 1984 - premier titre majeur des Bleus -, mais il ne fait pas le déplacement deux ans plus tard lors de la Coupe du monde au Mexique, alors que l'équipe d'Henri Michel se qualifie héroïquement dans le dernier carré. Lecteur assidu de L'Équipe, passionné de sport, le président de la République né en 1916 n'entend pas suivre les exemples des chefs d'État supporteurs, à l'instar du président italien Sandro Pertini, bruyant habitué des tribunes ou, plus tard, Nelson Mandela ou Lula. - France-Allemagne 82 - "Il fallait sacraliser la fonction", rappelle Pascal Boniface, "et ça ne se faisait pas de porter un maillot de l'équipe de football", alors que le foot a longtemps renvoyé à une imagerie parfois ringarde et souvent raillée. Un an après son accession à l'Élysée, le président socialiste intervient pourtant après le funeste France-Allemagne, demi-finale marquée par l'agression de Schumacher sur Battiston, lors du Mondial-82 en Espagne: François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl signent alors un communiqué commun, "pour faire en sorte que la réconciliation entre les deux pays ne soit pas gâchée par ce match, tant il est vécu comme un drame", rappelle le chercheur. La rencontre marque également un engouement nouveau du pays pour l'équipe nationale après une longue période jugée médiocre, lors de laquelle l'équipe de France est à peine considérée par les chefs d'États successifs: les Bleus ne se qualifient ni en 1970 sous Pompidou, ni en 1974 quelques semaines après l'accession de VGE à l'Élysée, et "il n'est pas question que Valéry Giscard d'Estaing se rende en Argentine en 1978", alors que le pays est dirigé par une junte militaire, explique Pascal Boniface. Quid de Charles de Gaulle, réputé piètre sportif ? Il a lancé la tradition, depuis lors toujours respectée, d'assister à la finale de la Coupe de France, mais n'a jamais eu de mots sur le football. Le général avait certes tonné contre les sportifs français après les Jeux olympiques de Rome en 1960, lors desquels la délégation tricolore était revenue sans la moindre médaille d'or, mais il n'a rien dit du piteux parcours des Bleus, éliminés dès le premier tour lors de la Coupe du monde en Angleterre en 1966. "Le football n'avait pas l'importance qu'il a aujourd'hui", note Pascal Boniface. "Surtout, les relations entre l'Angleterre et la France, qui ne souhaitait pas qu'elle entre dans la communauté européenne, étaient mauvaises". D'autant que, cette année là, l'Angleterre a gagné.

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