Mondial: en Belgique, les Diables rouges "bien plus fédérateurs" que le roi (politologue)

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La Belgique, souvent présentée comme un pays déchiré entre ses communautés néerlandophones et francophones, vibre à l'unisson derrière les Diables rouges, "bien plus fédérateurs que la famille royale", affirme à l'AFP Jean-Michel De Waele, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Bruxelles. Q: Faire oublier les clivages communautaires, n'est-ce pas encore et toujours une des grandes vertus du football en Belgique ? R: "D'abord il faut souligner que ce risque d'éclatement du pays, cette question communautaire sont nettement moins présents aujourd'hui. Il y a quatre ans (lors du Mondial-2014, année électorale en Belgique, ndlr) on soulignait beaucoup cet aspect francophones/néerlandophones, les hommes politiques se sentaient obligés d'aller voir les matchs, de montrer ce soutien à une équipe nationale. Cette fois-ci, le roi (Philippe) s'est déplacé une fois jusqu'à présent en Russie, on ne peut pas dire que le monde politique tente de récupérer le football. Et puis l'équipe nationale est avant tout très multiculturelle, on ne parle pas du fait que Thibaut Courtois ou Kevin de Bruyne sont de bons flamands, Eden Hazard un bon francophone ou que Vincent Kompany est un Bruxellois, on ne parle pas de leurs origines." Q: Cela veut-il dire que la question communautaire n'est plus d'actualité en fait ? R: "En tout cas l'équipe nationale de football transcende cela, ce qui est à mon avis beaucoup moins vrai pour la famille royale qui est vécue comme francophone, certains de ses membres ayant du mal à s'exprimer dans la langue majoritaire du pays, c'est-à-dire le néerlandais. L'équipe nationale est quelque part bien plus fédératrice que la famille royale puisqu'il y a des sentiments républicains tant au nord qu'au sud du pays. Je ne vois pas très bien ce qui en Belgique pourrait susciter un tel engouement. On est fiers d'avoir Stromae ou Jacques Brel, mais cela n'a pas le même impact. L'impact du football dans les profondeurs des sociétés est unique aujourd'hui. En Chine, il y a trois semaines, des étudiants chinois m'ont demandé si la Belgique était une ville ou un pays, mais ces étudiants étaient capables de me citer le onze de base de l'équipe belge. Ils ne savent pas mettre la Belgique sur une carte mais Hazard, Kompany, De Bruyne ils connaissent très bien, ils les voient à la télévision tous les week-ends. Nous, ça nous fait prendre conscience qu'on existe pour autre chose que pour des bières et du chocolat." Q: Et la confrontation France-Belgique, ne réveille-t-elle pas un peu ce complexe d'infériorité qui continue d'exister par rapport au grand voisin? R: "C'est surtout l'occasion de dire aux Français: +Vous voyez, on est au même niveau que vous+. A la veille de notre quart de finale, on entendait chez vous d'éminents journalistes dire que la France devait se préparer à affronter le Brésil, alors que notre match n'était pas encore joué. Il y a encore en France toute cette arrogance sur les +p'tits Belges+. Et du côté du Belge francophone une forme de passion pour la France. Le Belge francophone c'est un peu l'amoureux transi, il adore la France, c'est son pays préféré pour les vacances, il suit l'élection présidentielle avec plus de passion que le Français lui-même... Et il aimerait bien que la belle République veuille bien avoir un regard un peu moins condescendant vis-à-vis du petit Belge, ça c'est sûr."

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