Croatie: tout est pardonné... pour l'instant

Croatie: tout est pardonné... pour l'instant
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"Prions Dieu qu'ils perdent tous": ce vieux graffiti résumant le divorce entre les Croates et leur sélection paraît aujourd'hui bien incongru au son des chants qui s'élèvent du pays, à la gloire des demi-finalistes du Mondial. Si ces vieilles inscriptions avaient tendance à se raréfier, la colère fut grande, à l'image des violents incidents provoqués par les supporteurs lors de l'Euro-2016 pour saboter la campagne française des "Flamboyants", ou des chants pronazis volontairement entonnés pour que l'Uefa inflige des amendes à la fédération. Ses responsables et son président Davor Suker sont dépeints comme des pions entre les mains de Zdravko Mamic, un homme d'affaires sulfureux, accusé d'avoir mis en coupe réglée le football croate, de s'enrichir à millions sur les transferts et de décider de tout en fonction de ses intérêts. Une dizaine de jours avant le Mondial, le "parrain" du football croate a dû fuir en Bosnie pour échapper à la prison à laquelle l'a condamné pour six ans et demi le tribunal de la petite ville d'Osijek (est). Le procès avait été délocalisé, de peur que l'influent Mamic ne bénéficie de la mansuétude des juges de la capitale. - 'Split vous souhaite le pire' - Avant celui du défenseur Dejan Lovren, le témoignage en juin 2017 de la star Luka Modric avait brièvement ébranlé la statue de gendre idéal du lutin du Real Madrid, apparu mal à l'aise à l'audience. Sans jamais croiser le regard de Mamic, il avait tenté de l'exonérer de toute malversation sur un de ses transferts. Cette déposition à décharge lui a attiré l'animosité inédite de supporteurs (vite effacée par ses performances en barrages contre la Grèce à l'automne) et lui vaut d'être visé par une enquête pour "faux témoignage", délit théoriquement passible de prison. La sélection n'avait pas pris le chemin de la Russie sous une pluie de roses. "Le pire c'est que toute la société a perdu toute confiance dans le football", résumait pour l'AFP en avril l'ancien international Dario Simic. "Chacune de vos défaites nous rend heureux. Split vous souhaite le pire!", pouvait-on lire sur une banderole tendue sur un pont, après un match de préparation perdu contre le Brésil. Mais ça, c'était il y a un mois. Une éternité. Depuis, les noms de Modric, de l'entraîneur Zlatko Dalic, et de tous les joueurs est chanté dans le port sur l'Adriatique comme partout ailleurs en Croatie. Et la presse de vanter leur "courage", leur "perfection", leur "humilité". Mais pour le journaliste sportif Robert Matteoni, les problèmes ne vont pas disparaître, même par la grâce d'un parcours épique au Mondial: "le succès de l'équipe et tous les autres problèmes ne sont pas liés", dit-il. Les poursuites pour "faux témoignage" contre Modric et Lovren sont toujours en cours. - Suker tient la barre - Davor Suker, le héros de l'épopée de la Coupe du monde 1998, semble solidement en place à la tête du football croate, reconduit en décembre pour quatre ans. Condamné à trois ans de prison dans le procès Mamic, Damir Vrbanovic reste son directeur-exécutif à la fédération. Depuis son exil bosnien, Zdravko Mamic semble décidé à ne pas faire profil bas: "Je ne voudrais pas être dans la peau des gens qui m'ont monté un bateau comme ça", a-t-il dit, leur promettant une "réponse (...) jamais vue". Le plus grand club du pays, le Dinamo Zagreb, pourtant floué de millions d'euros à en croire la justice croate, lui a apporté son soutien, "convaincu de son innocence" et "choqué" par sa condamnation. Jutarji List, un des deux grands quotidiens du pays, espère dans un éditorial que le parcours de la sélection à damier va accélérer le changement amorcé avec la condamnation de Mamic: "Peut-être que le football revient vraiment à la maison", selon un éditorial faisant allusion au chant des supporteurs anglais "Football's coming home". "Le football croate a une chance de tourner une horrible page... et de commencer une nouvelle histoire", poursuit le quotidien. Mais, prévient Jutarnji, "après s'être aspergé du champagne de la victoire, les changements devront être profonds, pas seulement cosmétiques. Cela ne fera que grandir le parcours de Dalic et de ses héros".

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