Pour les détenus, à Rome, le bonheur est dans les parcs

Pour les détenus, à Rome, le bonheur est dans les parcs
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Il est 7H30 à la prison romaine de Rebibbia et un groupe de détenus s'apprête à passer une journée au grand air. Tous sont volontaires pour effectuer des travaux d'intérêt général dans l'un des parcs de la Ville éternelle, qui a grandement besoin de leurs services. "S'ils s'échappent, je ne leur courrai pas après...", plaisante Claudio Iacobelli, le responsable de la police pénitentiaire qui supervise ce projet piloté par la mairie de Rome et le ministère italien de la Justice. "Non seulement ils se sentent utiles, mais pour eux chaque minute passée dehors est une minute de moins passée derrière les barreaux", explique-t-il à l'AFP, alors que les voitures de police escortent le minibus qui conduit les détenus sur leur lieu de travail, toutes sirènes hurlantes. Une centaine de volontaires participent à cette opération dans divers parcs de Rome, après une courte formation à l'école des jardiniers de la ville. "Qui sait, peut être demain l'un d'entre nous fera ça pour gagner sa vie", confie Umberto, le plus jeune de la bande, qui s'apprête à tailler un buisson, une cisaille à la main. "Ce qui au début n'était qu'une simple sortie est peu à peu devenu un moment agréable parce qu'on rentre éreinté, avec une saine fatigue et on oublie les barreaux pendant quelques heures", ajoute le trentenaire. Ici, pas de mafiosi ou de condamnés à la perpétuité mais des hommes qui purgent de courtes peines, allant de un à cinq ans de prison. Tous travaillent gratuitement et beaucoup comptent sur ce travail pour se réinsérer. - "Un pacte avec eux" - "On travaille ensemble, on s'organise. Le soir, dans le bus qui nous ramène à la prison, on se regarde et on est satisfait. Et le lendemain on reprend là où on s'est arrêté", poursuit Umberto pendant sa pause cigarette. Le groupe est à l'oeuvre six heures par jour, du lundi au vendredi. Par une chaleur écrasante en ce mois de juin romain, 15 détenus se déplacent "librement" dans l'enceinte du jardin municipal Elsa Morante, dans le sud-ouest de la capitale, sous l'oeil vigilant d'autant de surveillants. "C'est une question de confiance: je passe un pacte avec eux et ils savent qu'au moindre écart, le projet tombe à l'eau", explique Claudio Iacobelli. L'expérience est également bénéfique pour la ville et ses habitants. Rome, l'une des capitales les plus vertes d'Europe, compte quelque 43.000 hectares d'espaces verts mais manque cruellement de bras pour en prendre soin. Les coupes budgétaires et la corruption ont fait chuter l'effectif, passé en vingt ans de 1.500 employés à un peu plus d'une centaine aujourd'hui. "L'initiative est positive à tous de points de vue. Les détenus sont contents et les habitants aussi parce que, grâce à eux, ils profitent bien mieux de leurs parcs", explique Pinuccia Montanari, adjointe à la mairie en charge de l'Environnement. "C'est important pour la ville, qui en a bien besoin parce qu'elle a peu de moyens", précise l'élue, membre du Mouvement 5 Etoiles (antisystème), qui a pris les commandes de la capitale italienne en juin 2016. Et la municipalité ne compte pas s'arrêter là. "Pourquoi ne pas s'attaquer aux routes?", s'interroge Claudio Iacobelli. "On en aurait bien besoin à Rome, on est connu dans le monde entier pour notre réseau routier dégradé", ajoute-t-il. Après six mois d'expérimentation, l'initiative qui a débuté au printemps devrait être reconduite, selon les services municipaux qui assurent qu'il est aussi question qu'elle soit élargie à d'autres villes italiennes comme à Milan, Palerme ou Naples.

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