A Mati, personne n'imaginait le feu de la colline descendre jusqu'à la mer

A Mati, personne n'imaginait le feu de la colline descendre jusqu'à la mer
Par AFP
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Il n'a pas fallu plus de deux heures, lundi, pour réduire en cendres des quartiers entiers de la pimpante localité de Mati et ses alentours, dans l'un des pires incendies vécu par la Grèce, attisé par le vent et une certaine impréparation.

- Un temps inquiétant

En début d'après-midi, Anni Jenkins, une Anglaise vivant une partie de l'année à Mati, est à la plage. "Il y avait un vent incroyable". Elle regarde le ciel et pense: "ça, c'est un temps d'incendie". Elle s'y connaît, pour vivre le reste de l'année en Australie "où elle a connu de nombreux feux".

A 18H00 (15H00 GMT), Debbie Vinzani, touriste américaine, est déjà en train de dîner avec son mari à l'hôtel Mati, à quelques mètres de la mer.

"J'ai vu les flammes sur la colline de Penteli en face. Mais le personnel ne semblait pas s'inquiéter. Ils nous ont dit que c'est comme cela chaque année mais que le feu ne descend jamais jusqu'à la mer".

- Le feu partout en quelques minutes

Au même moment, Stella Petridi, une retraitée, est à l'église lorsque l'odeur de pins brûlés l'alerte. Elle se précipite chez elle. Les flammes ont déjà envahi les lieux. Elle "ne peut plus rien faire" pour ses six chiens enfermés là.

Sa voiture est brûlée aussi. Alors elle "court vers la plage". "Avec d'autres habitants paniqués nous avons sauté dans l'eau".

A 19H00 heures locales les flammes sont partout dans la pinède où est située Mati. "Les pins étaient en feu, on entendait exploser les bouteilles de gaz", raconte Andréas Matsios, un homme d'affaires résidant depuis 40 ans à Mati.

Lui non plus n'avait jamais imaginé que les feux de Penteli "descendraient un jour jusqu'à la mer".

A 20H00 le personnel de l'hôtel Mati s'affaire à éteindre le pin enflammé situé devant sa façade. A cette heure-là, "l'air est étouffant. Les Canadair sillonnent le ciel. On nous a dit de rester à l'intérieur. J'ai mis une serviette mouillée sur ma bouche. Il n'y avait plus d'électricité, nous étions dans le noir", se rappelle Debbie Vinzani.

- Sinistre loterie

Ce qui se passe ensuite relève de la loterie.

Les pins dans la cour de Maria T., qui vit à une extrémité de Mati, sont en flammes. Comme elle a vu faire dans un film, elle jette sur elle un drap mouillé, court vers sa voiture et fonce vers la ville voisine de Nea Makri.

"Si j’étais allée vers la côte, je serais probablement morte", dit-elle.

Car au même moment au centre-ville, sur l'étroite route qui longe la côte et dans les ruelles perpendiculaires qui y conduisent, l'embouteillage grossit. Et la situation s'aggrave lorsque beaucoup quittent leurs véhicules pour tenter de gagner la plage.

Des dizaines de personnes n'ont pas le temps d'y arriver. Pire encore, la côte est irrégulière. Sable ici, falaise en à-pic ailleurs. Brûler ou se fracasser sur les rochers. C'est ainsi qu'on retrouve sur un même terrain les corps de 26 personnes, qui n'auront eu pas le temps, ou le coeur, de sauter.

- L'attente des secours

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A 21H00, les premiers rescapés arrivent à Rafina, ville portuaire toute proche, à moto ou en voiture.

Stella Petridi est toujours sur la plage de Mati avec des centaines d'autres, dans l'eau jusqu'aux chevilles ou au torse, au milieu d'une atmosphère d'apocalypse, feu et cendres mêlés au-dessus de leurs têtes. Ils attendent les bâtiments de la marine de guerre ou de la police portuaire qui les amèneront à Rafina.

- Impréparation?

Minuit: Anastasios Promponas, qui avait pu s'enfuir à moto à Rafina, parvient à récupérer saine et sauve sa tante, bloquée dans sa maison, aidé par la police qu'il a appelée à la rescousse. Mais l'ingénieur sexagénaire peste contre "le manque total d'organisation".

"On n'a pas tiré les leçons des feux récurrents à Penteli ces dernières décennies", assène-t-il.

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- Le lendemain

A 03H00, Stella Petridi, récupérée comme 700 autres sur la plage de Mati par des bateaux, est enfin transférée au stade municipal de Rafina "où ils nous ont offert des couvertures et à boire".

Au lever de soleil mardi, elle est assise sur un banc devant ce gymnase. Visage noirci par les cendres, elle confronte son expérience à celle d'autres rescapés.

A la même heure, dans Mati et aux alentours, les sauveteurs commencent à compter les morts.

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