Législatives dimanche au Cambodge: opposition muselée, plébiscite attendu de Hun Sen

Législatives dimanche au Cambodge: opposition muselée, plébiscite attendu de Hun Sen
Tous droits réservés 
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Les législatives de dimanche au Cambodge sont dénoncées comme une "farce" par l'opposition, dissoute, ses dirigeants emprisonnés ou exilés, et le régime met en garde contre tout "chaos" contestataire visant à "détruire" ce plébiscite attendu de Hun Sen, au pouvoir depuis plus de trente ans.

Appelant à la "résistance passive", Sam Rainsy, fondateur du principal parti d'opposition, le Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), dissout fin 2017, demande à ses partisans de "boycotter, pour ne pas participer à cette farce électorale", dans un entretien à l'AFP à Paris, où il s'est exilé pour échapper à la prison.

Les électeurs avaient voté en masse pour son parti lors des législatives de 2013, prenant le régime de Hun Sen de cours.

A l'époque, l'atmosphère étaient à une certaine ouverture. Le CNRP de M. Rainsy, porté notamment par le vote des jeunes électeurs, avait raflé 55 sièges de députés sur un total de 123 et même organisé de grandes manifestations dénonçant les fraudes électorales mises en place par le régime pour minimiser sa défaite.

Cette année, l'atmosphère a bien changé: le suppléant de Sam Rainsy à la tête du CNRP, Kem Sokha, est emprisonné, accusé d'avoir tenté de renversé le régime avec le soutien de Washington.

Hun Sen dénonce depuis des mois toute velléité de "révolution de couleur", brandissant la menace d'une ère de chaos dans ce pays encore traumatisé par le régime khmer rouge, coupable d'un génocide ayant fait près de deux millions de morts dans les années 1970.

La police est prête à "empêcher tout acte de terrorisme et de chaos politique", a mis en garde jeudi Chuon Sovann, chef de la police de Phnom Penh, lors d'un exercice impressionnant, avec plus de 4.600 membres des forces de l'ordre, armés de fusils et de gilets pare-balles, dans le centre de la capitale.

Il s'agit d'"empêcher les activités de l'opposition et de leurs alliés, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, qui tentent de détruire l'élection", a-t-il insisté.

Le régime donne des signes de nervosité, alors même qu'il contrôle toutes les couches du pouvoir et que les opposants sont exilés ou emprisonnés, mobilisant plus de 80.000 policiers dimanche.

- Soutien de la Chine -

Il a pourtant le soutien affiché de la Chine, qui envoie ses "observateurs internationaux", alors que Washington et Bruxelles ont annulé toute aide à l'organisation du scrutin après la dissolution du CNRP.

"La présence de policiers armés autour des bureaux de vote ajoute à l'atmosphère de peur et d'intimidation", critique Chak Sopheap, directrice du Centre cambodgien des droits de l'Homme.

Dans le collimateur du régime se trouve une campagne appelant les électeurs à conserver leur "doigt propre" ("clean finger"), en ne votant pas et en ne trempant donc pas leur doigt dans l'encre prévue à cet effet.

Rares sont ceux qui osent souscrire à l'appel au boycott à visage découvert. "Je n'irai pas voter, ma famille non plus", témoigne l'un d'eux, Touch Teara. "Mais le peuple n'ose pas manifester, il n'y a plus de meneurs", ajoute-t-il, sans illusions.

Hun Sen multiplie les effets d'annonces pour séduire jeunes et ouvriers du textile, deux soutiens clefs de l'opposition en 2013.

Même aux échelons locaux, les élus CNRP ont été systématiquement remplacés. Dans la commune de Kakab II, banlieue populaire de Phnom Penh, Kem Chan Vannak, 39 ans, n'aura pu exercer au final son mandat de maire que quelques mois. "Le peuple nous a choisis, ils ont voté pour quelque chose de nouveau et c'est l'inverse qui s'est produit", dit-il à l'AFP.

Il a été remplacé par Maly Piseth du parti CPP au pouvoir, pour qui Hun Sen "est un bon dirigeant, sympathique avec les gens, voulant régler leurs problèmes".

En retour, il s'agit d'être "loyal", explique ce membre du CPP, ascenseur sans lequel il est impossible de faire carrière, même si l'adhésion au parti n'est officiellement plus obligatoire pour les fonctionnaires.

PUBLICITÉ

Comme beaucoup, Maly Piseth est enrôlé dans la campagne et fera du porte-à-porte dimanche pour "encourager" les électeurs à aller voter.

Hun Sen mobilise même ses fils, dont l'un est député, pour s'afficher à la tête de rassemblements où ses partisans sont tous vêtus de casquettes blanches et de T-shirts du CPP. Vendredi, dernier jour officiel de la campagne, un grand rassemblement du CPP est prévu à Phnom Penh.

La vingtaine de petits partis officiellement enregistrés ont quant à eux fait une discrète campagne.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Gaza : une frappe israélienne sur Rafah fait au moins neuf morts, dont six enfants

Espagne : manifestations contre le surtourisme aux îles Canaries

Irak : une explosion sur une base militaire de milices pro-Iran fait un mort