Cambodge: derrière une façade pro-Hun Sen, les moines bouddhistes divisés

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A l'approche des législatives de dimanche, le puissant clergé bouddhiste cambodgien a donné sa "bénédiction" à l'homme fort du régime, Hun Sen. Mais derrière cette façade, les moines sont divisés et certains tentés par les appels de l'opposition au boycott.

Le patriarche suprême Tep Vong était au côté de Hun Sen le 7 juillet, pour le lancement de la campagne. Il n'a pas prononcé de discours, mais a béni, lors d'une cérémonie bouddhiste émaillée de chants, celui qui est Premier ministre depuis 33 ans.

Depuis des mois, il appelle les fidèles à aller voter dimanche, sans évoquer la dissolution du principal parti d'opposition et l'emprisonnement de son chef. Au contraire, il enjoint les 60.000 moines du pays de ne pas s'engager dans les rangs des protestataires.

Pour la commission électorale, ce soutien affiché ne pose pas de problème de confusion des genres. "Le fait que le chef des moines appelle à voter n'est pas illégal", a répondu samedi la commission électorale à l'AFP.

Jeudi, le moine à la tête d'une pagode de la province de Kratie a diffusé une vidéo sur Facebook appelant les fidèles à se rendre aux urnes, les autorités craignant des bureaux de vote vides faute d'enjeu.

A Phnom Penh, Sao Chanthol, à la tête du temple Langka, fait partie de ceux qui suivront la ligne officielle.

"J'ai voté toute ma vie pour le Parti du Peuple cambodgien (PPC)", dit-il, une horloge illustrée d'une photo de Hun Sen et de sa femme dans le hall du temple en signe d'allégeance.

Il assure vouloir voter pour Hun Sen car celui-ci a redonné leur place aux institutions bouddhistes, décimées par le régime Khmer rouge dans les années 1970, qui a vu mourir en quelques années deux millions de Cambodgiens.

Les pagodes avaient alors été transformées en prisons, les moines tués ou envoyés aux champs comme les intellectuels de la capitale, dans le cadre de ce projet communiste radical d'inspiration maoïste.

- "Développement et unité" -

Hun Sen, ancien Khmer rouge, "a libéré le pays des dangers du génocide. Il apporte développement et unité", explique le moine Sao Chanthol, vêtu de la traditionnelle robe safran, entouré de statues dorées de Bouddha.

Ces dernières années, une partie des moines ont toutefois affiché leur engagement en faveur du principal parti d'opposition, le CNRP, dissout fin 2017. Cette formation avait organisé de grandes manifestations populaires après les législatives de 2013 pour dénoncer des fraudes.

Aujourd'hui, certains moines, faisant état de pressions de leur hiérarchie pour qu'ils aillent voter dimanche, assurent qu'ils suivront les appels de l'opposition, largement réfugiée à l'étranger ces derniers mois, à boycotter le scrutin.

"C'est une course avec un seul cheval alors ça ne sert à rien d'aller voter", explique un de ces moines à l'AFP, sous couvert de l'anonymat. Officiellement, vingt partis sont en lice mais tous sont des alliés d'Hun Sen.

Les moines qui exprimaient ouvertement leur désaccord comme Buth Buntenh, qui animait une émission de radio, ont fui.

Menacé de poursuites, Buth Bunthenh, fondateur du Réseau des moines indépendants du Cambodge, s'est exilé en 2017 aux Etats-Unis, d'où il appelle à boycotter le scrutin de dimanche.

Les 60.000 moines de ce pays ultra-majoritairement bouddhiste sont un segment non négligeable des un peu plus de huit millions d'électeurs inscrits sur les listes électorales. Et ils ont une grande influence sur la population.

En 33 ans de pouvoir, Hun Sen a tissé une toile pour s'assurer les soutiens de secteurs clefs du pays, de l'armée en passant par les artistes de variété ou les fonctionnaires, mais aussi le palais ou le clergé bouddhiste.

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"Hun Sen et le PPC utilisent chaque acteur de l'Etat cambodgien pour inciter les gens à aller voter, et les autorités bouddhistes chapeautant les moines n'y font pas exception", analyse Phil Robertson, représentant en Asie de l'ONG internationale Human Rights Watch.

Au Cambodge, le ministère des Cultes distribue de l'argent aux pagodes, en plus de l'argent que Hun Sen et ses proches leur donnent à titre de donations privées.

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