Allemagne : amertume après l'acquitement du seul accusé d'un attentat raciste en 2000

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Par AFP
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Un tribunal allemand a acquitté mardi le seul suspect d'un attentat raciste en 2000, une décision qui suscite amertume et incompréhension 18 ans après cette attaque qui avait choqué le pays.

Ancien militaire allemand actif dans le milieu néonazi de Düsseldorf, Ralf Spies encourait la prison à vie pour 12 tentatives de meurtres, alors que l'attaque avait fait dix blessés dont six juifs.

Mais finalement, le juge Rainer Drees a estimé que "les preuves n'étaient pas suffisantes pour démontrer avec certitude la culpabilité de l'accusé".

"Dix-huit ans après l'attaque contre des étudiants juifs à Düsseldorf-Wehrhahn, les responsables n'ont toujours pas rendu de comptes. (...) C'est non seulement douloureux mais aussi très décevant", a réagi, dans le journal régional Rheinische Post, le chef de la communauté juive d'Allemagne, Josef Schuster.

Le parquet a immédiatement indiqué se pourvoir en cassation : "Je ne partage pas les doutes" de la cour, a dit le procureur Ralf Herrenbrück.

L'acquittement de l'accusé de 52 ans se dessinait depuis le mois de mai, lorsqu'il avait été remis en liberté par la cour, qui considérait que les éléments à charge étaient insuffisants.

- "Faire sauter les basanés" -

Le suspect, qui porte des tatouages nazis, a toujours nié avoir posé puis déclenché à distance une bombe le 27 juillet 2000 dans la gare de trains de banlieue de Wehrhahn à Düsseldorf.

L'attaque avait fait 10 blessés parmi un groupe de douze personnes originaires de pays d'ex-URSS sortant d'une école de langue. Une femme ukrainienne enceinte de cinq mois avait perdu son bébé.

L'attaque avait ébranlé l'Allemagne et déclenché, 55 ans après la chute du IIIe Reich, un vif débat sur la violence d'extrême droite à laquelle le pays est régulièrement confronté.

Entendu peu après l'attentat, le suspect avait été relâché, faute de preuves. L'enquête s'était ensuite enlisée pendant de longues années, malgré près de mille interrogatoires.

Ralf Spies a finalement été interpellé en février 2017, la police ayant obtenu notamment le témoignage d'un codétenu en 2014 à qui il aurait confié lors d'une brève incarcération avoir "fait sauter des +basanés+ dans une gare".

Un autre codétenu, Holger P., a aussi témoigné que l'accusé lui avait fait des confidences. Ralf Spies lui aurait dit que la mort dans l'attentat du bébé à naître était une "euthanasie réussie".

Mais la valeur de ces témoignages a été balayée par le juge : "La cour ne les a pas crus. Leurs témoignages se contredisaient", a indiqué le tribunal.

- Erreur judiciaire -

Face à l’imminence d'un acquittement, les parties civiles avaient déjà estimé la semaine dernière qu'il s'agissait de "la pire erreur judiciaire de l'Histoire judiciaire de Düsseldorf", selon l'avocat Juri Rogner.

Le procureur Herrenbrück s'était, lui, démené pour obtenir la condamnation de celui qui tenait à l'époque des faits un magasin de surplus militaire voisin de l'école de langues où étudiaient les victimes. Il avait requis la prison à vie.

Ralf Spies "se sentait investi d'une mission, celle de garder son quartier +propre+", a plaidé le procureur.

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Avec cet acquittement, l'affaire s'achève donc sur un épilogue humiliant pour les enquêteurs qui avaient célébré l'arrestation en 2017 de Spies.

A l'époque, sa mise en cause était vue comme une victoire contre les milieux racistes, en pleine période de résurgence des attaques contre les étrangers à la suite de la crise migratoire qui a vu arriver en Allemagne plus d'un million de demandeurs d'asile.

Autre motif de satisfaction alors, l'interpellation tranchait avec les défaillances policières dans une autre affaire retentissante, une dizaine de meurtres racistes dans les années 2000.

Ceux-ci avaient été commis par un trio de néo-nazis, le groupuscule "Clandestinité nationale-socialiste" (NSU), mais les policiers avaient délaissé pendant des années la piste raciste. Ce n'est qu'après la mort de deux des tueurs que la police découvrira qu'elle avait affaire à un groupe "terroriste" d'extrême droite.

La seule survivante du groupe, Beate Zschäpe, a été condamnée en juillet à la perpétuité après des années de procès rocambolesque.

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