Au Nicaragua, la répression pousse à l'exil vers le Costa Rica

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Par AFP
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Par un matin pluvieux quelque part au sud du Nicaragua, deux hommes débarquent discrètement sur une plage: ils viennent de traverser la frontière et vont poser le pied au Costa Rica voisin, se disant persécutés pour avoir manifesté contre le président Daniel Ortega.

Tous deux ont été en pointe lors des manifestations dans la ville de Masaya, bastion de l'opposition où, derrière des barricades, ils ont défié le gouvernement de Daniel Ortega des semaines durant.

Jusqu'au 17 juillet: ce jour-là, un millier de paramilitaires fortement armés à bord d'une quarantaine de pick-up entrent au petit matin dans cette cité à une trentaine de kilomètres de Managua, la capitale.

Au terme de violents affrontements de plusieurs heures, les forces pro-gouvernementales prennent le contrôle de Masaya.

Depuis, "Guardabarranco" et "PSJ", leurs surnoms, sont en fuite.

Ils ont accepté la présence de l'AFP le long de leur périple cette semaine, à condition de ne pas révéler leur identité ou trop de détails sur leur itinéraire.

Guardabarranco, 28 ans, est un des leaders de la rébellion à Masaya, tandis que PSJ, 31 ans, a coordonné les manifestants armés de pierres et de mortiers artisanaux derrière une des premières barricades de la ville. Pour prendre part aux manifestations, le premier a abandonné un poste de responsable dans une entreprise de commerce, le second son travail dans une affaire familiale.

"On est en train de fuir le régime d'Ortega, car au Nicaragua protester est un délit, on nous a menacé de mort", déclare Guardabarranco peu avant de monter dans la petite embarcation qui doit les faire passer de l'autre côté. Ils viennent de marcher à travers une forêt, afin d'éviter les contrôles de police.

“La voilà, mon erreur: avoir voulu dire la vérité dans un pays qui soi-disant était libre, où l'on nous a trompé en nous vendant l'idée qu'on y défendait la révolution. Au contraire, ils sont en train de l'enterrer, le Nicaragua est esclave d'Ortega", ajoute-t-il.

- Ex-partisans du gouvernement -

Avec une seule valise chacun, ils ont laissé femme et enfants derrière eux pour rejoindre les milliers de Nicaraguayens qui, fuyant les violences, se sont installés au Costa Rica. Fin juillet, ils étaient déjà au moins 23.000 dans ce pays voisin, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). D'autres sont partis au Honduras, au Panama ou aux Etats-Unis.

"Ca me fait très mal d'abandonner ma patrie et mes enfants. Je ne voudrais pas partir, je vais au Costa Rica avec l'espoir de voir un jour mon pays libre", confie PSJ, des larmes aux yeux.

C'est le 18 avril qu'ont débuté les manifestations. Il s'agissait initialement de protester contre une réforme du système de retraite qui a été abandonnée par la suite. Mais la violence de la répression a transformé le mouvement en une campagne pour le départ du pouvoir de M. Ortega, accusé de diriger le Nicaragua de manière dictatoriale.

Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, au moins 317 personnes ont été tuées et au moins 2.000 blessées au cours des manifestations anti-gouvernementales.

"Le Costa Rica a ouvert les bras aux Nicaraguayens. On veut travailler, vivre un temps là-bas, en attendant que les choses se calment au Nicaragua, pendant que la pression internationale continue de pousser vers la sortie le peu qui reste du régime d'Ortega", explique Guardabarranco.

Par le passé, tous deux ont été des militants sandinistes, le mouvement au pouvoir du chef de l'Etat.

"Avant tout ça, j'étais un militant du Front sandiniste, mais en voyant les injustices contre les premiers manifestants, j'ai rejoint la lutte", explique Guardabarranco.

C'est à la télévisions que PSJ a vu les première manifestations en avril. En voyant les arrestations, il dit avoir senti un appel.

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"J'ai pris l'initiative de lever une barricade à l'entrée de Masaya, ma femme m'a aidé et il y avait aussi un groupe de jeunes. On a tenu comme ça pendant trois mois", raconte-t-il

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