Les Gay Games de Paris, un répit pour des sportifs opprimés dans leur pays

Danse synchronisée aux Gay Games de Paris, photo du 8 août 2018
Danse synchronisée aux Gay Games de Paris, photo du 8 août 2018 Tous droits réservés Lucas Barioulet
Par AFP
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Les Gay Games, qui se tiennent à Paris jusqu'à dimanche, ne célèbrent pas seulement le sport et la diversité: ils offrent aussi un répit à des athlètes originaires de pays où l'homosexualité doit être cachée pour échapper aux persécutions.

Zhang Nan, contraint au silence en Chine

Zhang Nan devrait être en train de suivre des cours de français. C'est du moins ce qu'il a dit à sa famille en Chine pour cacher sa participation aux épreuves de tennis de table des Gay Games. Ils ne savent pas que Zhang est à Paris pour vivre librement son homosexualité, le temps d'une compétition qui réunit 10.000 participants issus de 90 pays. "Ma famille est très traditionnelle", explique-t-il.

"Même si mes amis le savent, il est très difficile de vivre ouvertement son homosexualité en Chine. Le gouvernement n'en parle jamais", regrette le jeune sportif, dont le large sourire s'efface quand il évoque le sort des personnes homosexuelles dans son pays.

A 21 ans, Zhang Nan participe à cette 10e édition des Gay Games avec quatre autres pongistes chinois au sein d'une délégation qui compte 69 membres. "Il y a vraiment du niveau ici, la compétition est rude. Mais je suis surtout venu ici pour trouver un copain", plaisante-t-il.

Jay Mulucha, l'Ougandais qui "ne veut plus se cacher"

"En Ouganda, être gay est illégal. Ceux qui s'affirment ouvertement gay risquent de se faire frapper dans la rue, expulser de leur logement, emprisonner, ou de se faire tuer dans les pires des cas", explique Jay Mulucha, basketteur transgenre, après un match disputé avec l'équipe féminine des Pays-Bas.

Poussé par ses frères et sœurs, Jay Mulucha s'est mis au basket au lycée. Il est remarqué pour ses qualités sportives et parvient à décrocher une bourse pour intégrer une université en Ouganda, dont il préfère taire le nom.

Il y poursuit un double cursus basket et informatique, en cachant son identité sexuelle, jusqu'au jour où les responsables de l'université découvrent dans la presse des images de Jay participant à une manifestation LGBT. "Ils m'ont retiré ma bourse et j'ai dû arrêter mes études", explique calmement Jay.

Expulsé de son école, écarté par sa famille, agressé à plusieurs reprises, celui qui est né dans un corps de femme mais qui se sent aujourd'hui homme a décidé de porter son combat en pleine lumière. "Je ne voulais plus me cacher", explique Jay.

Il est aujourd'hui directeur de la FEM Alliance Uganda, une organisation créée en 2011 pour défendre les droits des personnes LGBTQ. Surtout, Jay a créé la première équipe de basket gay et trans du pays, qui accueille maintenant une quinzaine de joueurs et joueuses.

"Ils se sentent chez eux dans notre équipe, mais rencontrent beaucoup de difficultés pour financer leurs transports, leurs repas, leur équipement… Certains perdent le moral. Mais c'est une fierté pour nous d'être la seule équipe de ce type".

Et Jay d'expliquer fièrement qu'ils ont réussi, en faisant pression sur la fédération ougandaise, à faire entrer leur équipe dans les compétitions nationales, dans ce pays où le basket est un sport très populaire. "J'essaye juste de créer un endroit où tout le monde peut s'exprimer. Je rêve qu'un jour, l'Ouganda puisse accueillir les Gay Games", conclut-il.

Yulia Zhdanova, s'enfermer pour danser

Yulia Zhdanova est hétérosexuelle mais n'ignore rien des difficultés des danseuses lesbiennes russes qu'elle entraîne aux Gay Games. "Pour certaines, leurs parents ne savent pas qu'elles sont gays. Il est très difficile, dans notre pays, de faire évoluer la situation", affirme-t-elle.

En Russie, l'homosexualité était considérée comme un crime jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999. Depuis 2013, une loi punit par ailleurs d'amendes et de peines de prison tout acte de "propagande" homosexuelle auprès des mineurs. "Pour certains Russes, être gay est anormal, immoral, c'est presque une maladie", confirme Yulia.

"Depuis qu'un autre groupe a été agressé et frappé, nous devons nous entraîner dans une salle dont on ferme la porte à clé", dit la jeune femme, elle-même danseuse. "Et côté financier, il est très difficile de trouver des fonds pour financer nos costumes, par exemple. Mais, je précise, on n'aime pas se battre, on préfère la diplomatie".

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