L’Agence de contrôles internationale (ITA), opérationnelle depuis juillet à Lausanne, veut “restaurer la confiance” dans la lutte antidopage, explique son directeur général Benjamin Cohen, dans un entretien à l’AFP.
L’ITA qui sera chargée des contrôles lors des jeux Olympiques de Tokyo-2020 serait également “ravie” de fournir ses services à la Fifa lors du prochain Mondial au Qatar en 2022, “un moyen de donner à certains fans de foot la garantie qu’il existe un programme antidopage totalement indépendant” dans le cadre d’une Coupe du monde.
Questions: A la création de l’ITA, l’idée était que l’ensemble des fédérations internationales fassent appel à vous. Combien vous ont rejoint ?
Réponse: “L’ITA a été créée avec comme noyau de la “Doping free sport unit”, qui était une unité de l’Association mondiale des fédérations internationales de sport (GAISF). Cette unité fournissait déjà des services à certaines fédérations qui sont devenues partenaires de l’ITA. Aujourd’hui on fournit déjà des services à une trentaine de fédérations internationales. Depuis juin, nous avons signé un partenariat avec la Fédération internationale de tennis de table (ITTF) et nous avons confirmé un partenariat global avec la Fédération internationale de boxe amateurs (AIBA). Nous en finalisons un autre avec la Fédération internationale de judo (IJF) et, mardi, la Fédération internationale de lutte a décidé de nous confier tout son programme antidopage. Nous allons prochainement couvrir le triathlon de Lausanne, une étape du World Tour. D’autres partenariats importants seront signés dans les prochaine semaines. L’idée est de nous placer entre les fédérations et l’Agence mondiale antidopage et d‘être l’unique centre d’expertise. C’est l’ITA qui fera le programme antidopage des différents sports et plus les fédérations, cela permettra aux fédérations de se concentrer sur le développement de leur sport mais également d’harmoniser les décisions entre les différents sports, de mutualiser les coûts, d’augmenter l’expertise et de professionaliser la lutte antidopage”.
Q: Certaines grandes fédérations comme le cyclisme (UCI), l’athlétisme (IAAF) ou même le football (Fifa) possèdent déjà leurs propres structures et disent qu’elles n’ont pas besoin de l’ITA…
R: “Les fédérations internationales sont signataires du code mondial antidopage. Elles sont responsables de la mise en place de la lutte antidopage et sont libres de le faire comme elles l’entendent. Ma mission sera de rassembler le plus grand nombre possible d’acteurs. Vous dites que l’UCI, l’IAAF ou la Fifa ont décidé de ne pas venir à l’ITA: moi je n’ai pas entendu que ces décisions avaient été prises officiellement. Il n’est pas impossible qu‘à l’avenir l’ITA fournisse des services à ces trois organisations et ce sera aussi ma mission”.
Q: L’ITA sera-t-elle présente aux JO de Tokyo et peut-on imaginer qu‘à terme elle soit en charge des contrôles au Mondial de football ?
R: “Avant Tokyo, il y a déjà les jeux Olympiques de la jeunesse (JOJ) en octobre à Buenos Aires où l’ITA sera présente. C’est un événement important qui permet d‘éduquer les jeunes à la lutte antidopage. L’ITA sera aussi présente aux JOJ d’hiver de Lausanne en 2020 et nous serons forcément présents aux JO de Tokyo-2020. Sur le football, aujourd’hui on n’a encore pas entamé ce type de discussions. Mais bien entendu l’ITA serait ravie de fournir des services à la Fifa pour le Mondial au Qatar, on a la capacité de le faire. Cela permettrait aussi à la Fifa de pouvoir dire qu’elle a totalement externalisé ce service et aussi peut-être de donner à certains fans de foot la garantie qu’il existe un programme totalement indépendant dans le cadre d’une Coupe du monde, je vais m’y atteler.”
Q: Votre présidente Valérie Fourneyron souhaite avec l’ITAregagner la confiance dans la lutte antidopage. Cette confiance a-t-elle été perdue ?
R: “On sort d’une période assez compliqué, depuis les JO de Sotchi, avec certaines triches mises en lumière. L’athlétisme a eu aussi beaucoup de travail, le cyclisme reste un sport touché, tout comme d’autres sports comme l’haltérophilie ou la boxe. Malheureusement la lutte antidopage reste toujours un sujet d’actualité. C’est toujours dur de dire si la crédibililité du système en a pris un coup. Finalement je pense aussi que les structures de lutte antidopage ont été renforcées et, grâce à ça, on met en lumière de plus en plus de violations. Le système continue de se renforcer et l’ITA est là pour y contribuer, et si on on peut restaurer la confiance des sportifs et des fans de sport avec un organisme expert qui fait à 100% de la lutte antidopage et de façon indépendante, c’est une très bonne chose”.
Propos recueillis par Eric BERNAUDEAU