Une Yézidie persécutée par son prédateur de Daech jusqu'en Allemagne

Ashwaq Haji, jeune Yézidie d'Irak, persécutée par Daech en Allemagne.
Ashwaq Haji, jeune Yézidie d'Irak, persécutée par Daech en Allemagne.
Par Joël Chatreau
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

L'histoire d'Ashwaq, jeune Irakienne de la minorité yézidie, fait froid dans le dos. Réduite à l'esclavage sexuel par un jihadiste d'Etat islamique, elle avait réussi à fuir puis à se réfugier en Allemagne. Mais trois ans et demi plus tard, son prédateur l'a surprise dans un supermarché allemand.

PUBLICITÉ

Deux mois et demi de supplices sexuels en Irak, puis un peu plus de trois ans d’apaisement et de reconstruction en AllemagneAshwaq Haji, une jeune fille qui appartient à la minorité des Yézidis, pensait être débarrassée définitivement de son prédateur sexuel, un ex-combattant du groupe Etat islamique, mais le mal en personne est revenu la hanter jusque dans son pays européen d’adoption. Un début de vie déjà bouleversé à trois reprises. 

Eté 2014, la traque des Yézidis en Irak

Les jihadistes sanguinaires de Daech font régner la terreur sur un tiers du pays. Ils ont particulièrement la haine des membres de la minorité kurdophone des Yézidis qui ne sont plus à l'abri nulle part, même dans leur sanctuaire des monts Sinjar, dans le nord-ouest irakien. Massacres, enlèvements de femmes, surtout, pour qu'elles servent d'esclaves sexuelles aux mercenaires islamistes.

L'adolescente Ashwaq tombe dans leurs griffes le 3 août 2014. Elle est séquestrée dans une maison et abusée régulièrement par un Irakien qui se fait appeler Abou Houmam. Ce dernier a "acheté" la jeune victime - 100 dollars, apprendra-t-elle plus tard - dans la localité de Lalich, à environ soixante kilomètres de Mossoul, dans le nord.

2015, une terre promise en Allemagne

Fin octobre 2014, Ashwaq Haji a trouvé le moyen d'échapper à son tortionnaire, en s'évadant de la maison-prison, après deux mois et demi de calvaire. Elle a retrouvé sa mère et un petit frère, le réconfort mais une sécurité provisoire. En 2015 se présente à eux un sauvetage inespéré.

Le gouvernement allemand a décidé d'accueillir des réfugiés irakiens en danger, le trio peut s'installer dans une ville tranquille, Schwäbisch Gmünd, dans la région du Bade-Würtemberg. La jeune migrante prend des cours d'allemand afin de s'intégrer le mieux possible, et d'essayer - pourquoi pas ? - de trouver un travail. Une nouvelle vie, un début de renaissance...

Début 2018, la réapparition du monstre d'Etat islamique

Le 21 février dernier, Ashwaq Haji va faire des courses dans un supermarché de son lieu de résidence allemand. Deux hommes l'attendent dans une voiture blanche, l'un d'entre eux sort et vient à sa rencontre. La jeune Yézidie raconte la suite dans un entretien accordé à Ole Krogsgaard, journaliste d'Euronews :

"Est-ce que je peux vous demander quelque chose ?, me dit l'homme en allemand. Vous êtes Ashwaq, non ?".

"Je réponds : Non, qui êtes-vous ?".

"Il dit : Oui, vous êtes Ashwaq, et je suis Abou Houmam. Et là, il m'a parlé en arabe : Ne me mens pas ! Je sais où tu vis, je sais avec qui tu vis, dans quelle rue, je sais à quelle école tu vas. Il savait tout sur ma vie en Allemagne".

Ashwaq nous a confié qu'il lui avait donné l'adresse exacte où elle était avec sa mère et son frère. Des frissons dans le dos, elle fuit... une fois de plus !

La réfugiée irakienne s'est rendu rapidement à la police allemande, et la PJ du Bade-Würtemberg a ouvert une enquête le 13 mars. Malheureusement, elle est bloquée. Le problème, c'est que les policiers ont maintenant perdu de vue la plaignante.

"J'étais tellement terrifiée, explique-t-elle à Euronews, je ne pouvais pas rester en Allemagne". On peut la comprendre sans peine. La police, affirme-t-elle, lui a indiqué que son prédateur islamiste était lui aussi réfugié dans le pays.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Irak : des Yézidis enlevés par Daech retrouvent leurs familles

De nombreuses mobilisations lors de la journée internationale des droits des femmes

Egalité de genre : "Les preuves des bénéfices à gagner sont criantes", selon Kristalina Georgieva