Oubliés, 129.000 Rohingyas restés en Birmanie dépérissent dans des camps

Oubliés, 129.000 Rohingyas restés en Birmanie dépérissent dans des camps
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Coincé dans l'un des camps sordides qui abritent 129.000 Rohingyas dans l’État de Rakhine en Birmanie, Abdurahim s'inquiète des conséquences désastreuses pour ses enfants du manque de nourriture et de médicaments, et du confinement.

Dans les allées crasseuses du camp de Thet Kel Pyin, situé près de la ville de Sittwe non loin de la frontière avec le Bangladesh, des enfants étaient rassemblés autour d'une vache abattue pour le deuxième jour de l'Aïd el-Adha. La viande est rare dans le camp.

La plupart des habitants du camp ont été forcés de quitter leur maison en 2012, persécutés pour leur appartenance ethnique et religieuse, et y vivent coupés du monde.

Abdurahim, 46 ans, redoute que la vie dans le camp ait un effet à long-terme sur ses quatre enfants.

Âgés de 8 à 17 ans, ils y ont passé six ans de leur enfance.

"Quelle genre de mémoire s'installe dans leurs têtes ? Ils pensent qu'une seule ethnie vit comme cela. Leur vision du monde se construit ainsi", regrette Abdurahim.

Autrefois propriétaire d'une entreprise de construction prospère à Sittwe, il pense que la première étape pour améliorer les conditions de vie misérables des déplacés rohingyas qui n'ont pas quitté le pays serait de leur permettre de circuler librement.

Le sort de familles comme celle d'Abdurahim est toutefois éclipsé par l'exode de 700.000 Rohingyas au Bangladesh depuis août dernier à la suite de persécutions par l'armée birmane.

- Pas d'accès aux autres camps -

Les conditions de vie dans le camp de Thet Kel Pyin, observées au cours d'un voyage de presse organisé par le gouvernement, révèlent un réel besoin de nourriture, d'éducation, d'emplois et de services médicaux.

Pourtant, le camp figure sûrement parmi les plus corrects puisque le gouvernement y emmène médias et dignitaires.

Les visiteurs n'ont pas accès aux sites comme celui de Pauktaw où plus de 22.000 réfugiés survivent dans des abris construits à même les ordures et les excréments.

La Birmanie a déclaré qu'elle était prête à rapatrier les centaines de milliers de Rohingyas qui ont fui au Bangladesh mais beaucoup de réfugiés refusent de revenir sans garanties de sécurité et de compensations.

Les Nations unies ont déclaré que les conditions nécessaires à un rapatriement sûr et volontaire n'étaient pas réunies, notamment étant donné les conditions de vie dans les camps comme celui de Thet Kel Pyin.

Pour apaiser les critiques, la Birmanie a affirmé qu'elle fermerait une vingtaine de ces camps dans les mois à venir.

Les médias d’État ont affirmé mardi qu'un camp a été fermé à Ni Din dans la commune de Kyauktaw, à la suite des recommandations de Kofi Annan, ancien secrétaire générale de l'ONU décédé depuis.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) de l'ONU se demande toutefois si ces "prétendues fermetures de camps" ont vraiment été effectuées dans l'esprit des recommandations, qui insistaient sur la nécessité de mettre fin à la restriction de circulation et d'offrir l'accès à la citoyenneté birmane aux Rohingyas.

"Ce qui importe, ce n'est pas de savoir si les camps sont fermés, mais si les personnes déplacées peuvent rejoindre leur maison ou être relogées de manière à ce que cela transforme profondément leurs conditions de vie", a déclaré Pierre Peron, le porte-parole du BCAH, à l'AFP.

PUBLICITÉ

Le gouvernement birman se défend des accusations d'épuration ethnique des Rohingyas mais ne leur reconnaît pas la nationalité birmane : ceux qui reviennent du Bangladesh devront obtenir une Carte de vérification nationale, qui ne garantit pas la citoyenneté et les droits qui lui sont associés.

"Pourquoi aurions-nous besoin de ces cartes?", se demande Abdurahim. "Nous vivons ici depuis des générations".

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Tsahal promet de "riposter" à l'attaque iranienne

L’info du jour | 16 avril - Matin

La centrale de Zaporijjia n'explosera probablement pas, mais l'Europe reste sur ses gardes