Voici les dates-clés de la crise des Rohingyas, pour laquelle des enquêteurs de l’ONU ont demandé lundi que le chef de l’armée birmane soit poursuivi pour “génocide”.
Entre août et décembre 2017, plus de 700.000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie, majoritairement bouddhiste, après une offensive de l’armée en représailles d’attaques de postes-frontières par des rebelles rohingyas. Ils se sont réfugiés dans d’immenses campements de fortune au Bangladesh.
- 25 août 2017: attaques de la rébellion rohingya Le 25 août 2017, la jeune rébellion rohingya lance une trentaine d’attaques contre des postes de police dans l’Etat Rakhine. Treize policiers sont tués. L’armée riposte avec des raids sur des villages rohingyas, présentés comme des opérations antiterroristes. Des témoins évoquent des tirs d’obus et de mitrailleuses sur des civils fuyant vers le Bangladesh. L’armée dit avoir tué 400 rebelles. Les détracteurs du régime soutiennent que la majorité des victimes sont des civils. L’ONU évoque au moins 1.000 tués les deux premières semaines. Onze jours après les attaques, plus de 120.000 réfugiés rohingyas sont entrés au Bangladesh. Au moins 300.000 Rohingyas s’y trouvaient déjà suite à des violences antérieures. Après avoir pour certains marché plus d’une semaine sous la pluie et dans la boue des rizières, ils découvrent des camps de réfugiés surpeuplés. Nombre d’entre eux disent avoir été victimes d’exactions de la part de l’armée et des bouddhistes. Dans un discours en anglais destiné à l‘étranger, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi se dit ouverte à un retour de réfugiés rohingyas, selon des critères ambigus. Elle n’apaise pas les critiques de la communauté internationale, qui dénonce sa position floue sur les Rohingyas, apatrides considérés par la société birmane comme des étrangers menaçant l’identité nationale. La prix Nobel de la Paix, au pouvoir depuis avril 2016, doit maintenir un fragile équilibre avec l’armée, qui a régné sans partage sur la Birmanie pendant près d’un demi-siècle. Elle effectue une première visite dans la zone du conflit le 2 novembre, sans déclaration. La Birmanie et le Bangladesh signent un accord au contenu flou sur le retour “dans les deux mois” de réfugiés au Bangladesh, sans citer les “Rohingyas”. Le lendemain, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) estime que les conditions pour assurer un retour “sécurisé et durable” ne sont pas réunies. L’accord reste au point mort. Les Rohingyas veulent recevoir des autorités birmanes des garanties en matière de sécurité et de droits. Depuis le Bangladesh, le pape François demande “pardon” aux réfugiés “rohingyas”, après avoir écouté les récits de seize d’entre eux. Le souverain pontife, qui a effectué un voyage de quatre jours en Birmanie, y a appelé le 29 novembre les bouddhistes “à dépasser toutes les formes d’intolérance, de préjugé et de haine”. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein évoque des “éléments de génocide” visant les Rohingyas, réclamant une enquête internationale. L’ONU a dénoncé à plusieurs reprises une “épuration ethnique” menée par les autorités birmanes. Au moins 6.700 Rohingyas ont été tués entre fin août et fin septembre lors d’une opération de l’armée birmane, selon Médecins sans frontières (MSF). Le nettoyage ethnique des Rohingyas “se poursuit” en Birmanie, dénonce le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, avec une campagne de “terreur et de famine organisée” pour les faire fuir vers le Bangladesh. Des dizaines de milliers de réfugiés rohingyas manifestent au nom de la “justice” dans les camps de réfugiés du Bangladesh, lors du premier anniversaire d’un exode sans précédent./p>
5 septembre: marée de réfugiés au Bangladesh /p>
19 septembre: Aung San Suu Kyi sort du silence /p>
23 novembre: accord pour un retour de Rohingyas /p>
2 décembre: le pape demande “pardon” aux Rohingyas /p>
5 décembre: “éléments de génocide” selon l’ONU/p>
14 décembre: des milliers de morts selon MSF/p>
6 mars 2018: le nettoyage ethnique continue (HCR) /p>
25 août – Manifestation de Rohingyas un an après l’exode /p>
27 août – Poursuivre le chef de l’armée birmane pour “génocide” (ONU)-
Des enquêteurs de l’ONU demandent que la justice internationale poursuive le chef de l’armée birmane Min Aung Hlaing et cinq autres hauts gradés pour “génocide”, “crimes contre l’humanité” et “crimes de guerre” à l’encontre des musulmans rohingyas.
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