Russie: Poutine assouplit la très impopulaire réforme des retraites

Le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le 29 août 2018
Le président russe Vladimir Poutine à Moscou, le 29 août 2018 Tous droits réservés Alexey DRUZHININ
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Le président russe Vladimir Poutine a proposé mercredi un assouplissement de la très impopulaire réforme des retraites, dont l'annonce avait provoqué des manifestations et une chute de sa popularité, lors d'une adresse télévisée à l'approche d'une nouvelle mobilisation.

Le projet de loi, annoncé le jour de lancement de la Coupe du monde de football en Russie le 14 juin et approuvé en première lecture au Parlement le mois dernier, a suscité une onde de choc à travers le pays et fait sortir des milliers de Russes dans les rues, notamment à l'appel du Parti communiste.

Le principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, condamné lundi à 30 jours de prison, a également appelé à manifester contre ce projet de loi le 9 septembre, jour des élections régionales et municipales en Russie.

Dans un article publié sur son site internet après l'annonce du président, M. Navalny a affirmé que "Poutine panique et essaie de faire passer la pilule". Il appelle une nouvelle fois les Russes à manifester.

Au cours d'un long exposé défendant la réforme, M. Poutine a notamment proposé de ne relever l'âge de départ pour les femmes qu'à 60 ans (au lieu de 63 dans le texte initial, et 55 actuellement). Le relèvement de l'âge de départ à la retraite pour les hommes reste inchangé à 65 ans, contre 60 actuellement.

Les opposants à la réforme affirment que beaucoup de Russes, notamment les hommes - dont l'espérance de vie plafonne à 66 ans - ne pourront guère profiter de leur retraite.

Le président russe a également suggéré un départ anticipé pour les mères de familles nombreuses, le maintien d'avantages pour certaines professions comme les mineurs, et l'introduction de sanctions pénales pour les entreprises licenciant des employés proches de l'âge de la retraite.

Les propositions de M. Poutine seront introduites dans le projet de loi "le plus rapidement possible", a aussitôt indiqué le Premier ministre Dmitri Medvedev, cité par les agences russes.

"Un assouplissement de la réforme initiale par le président était une chose attendue. C'est une mesure tactique pour réduire le mécontentement. L'indignation au sein de la société va probablement légèrement diminuer", a estimé auprès de l'AFP Rouslan Grinberg, directeur de l'Institut économique de l'Académie des Sciences.

- "Injustice monstre" -

Dans cette adresse à la nation, Vladimir Poutine a longuement défendu et justifié le projet, affirmant qu'il ne pouvait "être reporté davantage".

"Sur le long terme, si nous faisons preuve d'hésitation aujourd'hui, cela peut menacer la stabilité de la société et la sécurité du pays", a-t-il assuré.

Sans réforme, "nous détruirons tôt ou tard nos finances, nous serons contraints de nous empêtrer dans les dettes ou d'imprimer de l'argent sans provision, avec les conséquences qui en découlent: hyperinflation et hausse de la pauvreté", a poursuivi le président russe, estimant que le déséquilibre actuel du système des retraites était une conséquence directe des pertes de la Seconde guerre mondiale et du chaos économique et social des années 1990.

"On dirait que tout ne sera pas aussi mauvais qu'annoncé. Mais cela reste une injustice monstre. Je suis très déçue par le pouvoir. Il est clair qu'il n'en a rien à faire du peuple", a déclaré à l'AFP Irina Petrova, une habitante de Saint-Pétersbourg de 44 ans.

"J'ai écouté (Vladimir Poutine) dans ma voiture. C'était une manière pour lui d'évacuer le problème mais il y avait du bon sens", a pour sa part affirmé Viktor Lounine, 55 ans, jugeant que ce discours du président russe était dû à sa "peur de l'indignation des gens".

Vladimir Poutine, qui n'avait pas mentionné la question des retraites lors de la campagne ayant mené à sa réélection en mars et qui avait pris ses distances en laissant le gouvernement endosser la réforme, a vu sa cote de popularité, habituellement affichée à des niveaux très élevés, chuter à 64% en juillet, contre 80% en mai, selon le centre russe d'études de l'opinion (VTsIOM).

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