Managua expulse la mission de l'ONU après un rapport dérangeant

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Par AFP
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Deux jours après la publication d'un rapport de l'ONU dénonçant un "climat de peur" au Nicaragua à la suite de la violente répression des manifestations antigouvernementales, ce pays a expulsé la mission des Nations unies sur les droits de l'homme.

"Considérant que les raisons, les causes et les conditions qui ont donné lieu à l'invitation (de cette mission) ne sont plus réunies, ce ministère annonce y mettre un terme (...) à partir d'aujourd'hui, 30 août 2018", peut-on lire dans un courrier du ministère nicaraguayen des Affaires étrangères daté de jeudi et rendu public vendredi.

Le représentant de l'ONU au Nicaragua, Guillermo Fernandez, a annoncé que la mission quittera le pays samedi.

M. Fernandez, qui a rencontré vendredi le ministre des Affaires étrangères, Denis Mocada, a reconnu qu'il ne s'attendait pas à une telle décision d'expulsion.

Dans un communiqué à New York, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a "regretté" la décision du Nicaragua. Il "encourage le gouvernement à maintenir son engagement constructif avec le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme" et à continuer à recourir à l’assistance technique offerte par l'ONU, est-il précisé.

Dans un communiqué distinct, l'ONU a annoncé qu'elle "continuera", "à distance", à contrôler et informer sur la situation des droits de l'Homme au Nicaragua, conformément au mandat qui lui a été confié par l'Assemblée générale des Nations unies".

Elle a également réitéré sa "volonté" d'aider les autorités à remplir leurs obligations en matière de droits de l'Homme.

L'Alliance civique pour la justice et la démocratie, qui regroupe étudiants, entrepreneurs, paysans et membres de la société civile a critiqué ce "départ forcé" de l'ONU et soutenu que "les raisons et les conditions" de sa présence dans le pays "restent valables".

- Mépris des obligations internationales -

De son côté, Amnesty international a estimé que la décision d'Ortega "met en évidence les crimes commis et son mépris des obligations internationales".

Après l'annonce de cette expulsion, des partisans du gouvernement d'Ortega se sont rassemblés près du siège des Nations unies à Managua. Dans une ambiance tendue, ils ont fait exploser de puissantes bombes artisanales.

Dans un rapport paru mercredi à Genève, le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a dénoncé "l'usage disproportionné de la force, qui se traduit parfois par des exécutions extrajudiciaires; des disparitions forcées; des détentions arbitraires généralisées; la torture et les mauvais traitements".

Selon le Haut-Commissariat, entre le 18 avril, date du début des manifestations contre le gouvernement Ortega et le 18 août, au moins 300 personnes ont été accusées "de terrorisme et de crime organisé" après avoir participé à ces protestations.

Dans un communiqué diffusé à l'occasion de la publication du rapport, le Haut-Commissaire Zeid Ra'ad Al Hussein a appelé la communauté internationale à agir pour enrayer la crise au Nicaragua.

"La répression et les représailles contre les manifestants se poursuivent au Nicaragua, alors que le monde regarde ailleurs", a-t-il déclaré.

Daniel Ortega a réfuté ce rapport, qualifiant le Haut-Commissariat d'"instrument de politiques de terreur, de mensonge et d'infamie".

- Manque de respect -

Le gouvernement nicaraguayen a ajouté que cette institution des Nations unies avait "outrepassé ses prérogatives" et fait preuve d'un "manque de respect" envers la souveraineté nationale.

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L'épouse de Daniel Ortega, Rosario Murillo, qui est également vice-présidente, a affirmé vendredi qu'"ici, il n'y a pas de place pour la haine", estimant que les Nicaraguayens sont "un peuple hautain qui ne baisse pas la tête".

Le président Ortega est confronté depuis quatre mois à des manifestations de l'opposition réclamant sa démission. La répression de ces rassemblements, au cours desquels plus de 300 personnes ont été tuées selon des associations de défense des droits de l'Homme, a suscité de nombreuses critiques internationales.

Les autorités nicaraguayennes qualifient régulièrement de "putschistes" les participants aux manifestations de l'opposition. Elles font état d'un bilan de 198 morts pendant les manifestations et en imputent la responsabilité à l'opposition.

Jeudi encore, des centaines de Nicaraguayens ont formé une chaîne humaine à Managua pour demander la libération des personnes arrêtées lors des protestations.

Les manifestations de l'opposition au Nicaragua, le pays le plus pauvre d'Amérique centrale, ont commencé en avril contre une réforme de la sécurité sociale - abandonnée depuis - pour se durcir ensuite et s'étendre à tout le pays en réaction à la répression.

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Depuis, des milliers de Nicaraguayens ont fui leur pays pour se réfugier notamment au Costa Rica voisin, de peur d'être interpellés.

Les opposants à Daniel Ortega l'accusent de corruption, de népotisme et d'avoir instauré une dictature avec son épouse Rosario Murillo, qui est vice-présidente. Ils demandent que l'élection présidentielle prévue pour 2021 soit avancée au mois de mars 2019, ce que refuse M. Ortega.

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