En Irak, l'âge d'or révolu d'un "paradis" pour touristes et jeunes mariés

En Irak, l'âge d'or révolu d'un "paradis" pour touristes et jeunes mariés
Par AFP
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Dans les années 1980, la station touristique du lac de Habbaniya en Irak était l'une des plus en vue du Moyen-Orient. Saddam Hussein et son entourage aimaient s'y rendre et les jeunes couples s'y pressaient pour leur lune de miel. Mais cet âge d'or est révolu.

Ce vaste complexe autrefois renommé pour le charme de ses jardins, la qualité de ses restaurants et le confort de ses bungalows, attend aujourd'hui désespérément des vacanciers qui, déçus par sa décrépitude après des années de conflits, le boudent.

"Le complexe touristique est terriblement dégradé depuis 2003" et la chute du dictateur, dans la foulée de l'invasion initiée par les Etats-Unis, raconte à l'AFP Karim Tourki, responsable de la communication du lieu depuis 27 ans.

Derrière lui, des fils électriques arrachés pendent le long des murs abîmés d'un des quelque 500 bungalows.

A 60 ans, cet homme aime évoquer la grande époque de ce "paradis perdu", ses touristes venus du Moyen-Orient et d'ailleurs. Il se lamente sur le "débris" qu'est devenu ce joyau de la province d'Anbar, un immense désert bordé par Bagdad à l'est et la Syrie à l'ouest.

Après l'invasion américaine, des groupes armés extrémistes ont installé en 2006 et 2007 leur quartier général dans l'hôtel et les bungalows désertés de ce complexe de 100 hectares.

- Renaissance avortée -

La police irakienne en a repris le contrôle en 2008, avait raconté à l'époque à l'AFP un de ses responsables locaux, Laurens Saad al-Essawi. Et la "Habbaniya Tourism City" a alors connu une brève renaissance, au moins auprès des touristes irakiens amateurs de jet-skis et de pique-niques champêtres.

Une entreprise privée turque a même entrepris de rénover la station, espérant attirer à nouveau des étrangers sur les rives du lac. En vain. Quelques mois plus tard, elle jetait l'éponge.

La région est devenue de nouveau le théâtre de violences confessionnelles et d'attentats, le groupe Etat islamique (EI) s'étant emparé de cette zone de l'ouest irakien.

Puis l'Etat, engagé dans une offensive antijihadistes, a réquisitionné les bungalows et l'hôtel de 265 chambres pour y loger ces dernières années des déplacés, chassés de leurs maisons par l'EI.

Désormais, Bagdad a clamé la victoire sur les jihadistes et les Irakiens reprennent le goût du tourisme, mais le complexe de Habbaniya peine à retrouver son attractivité. Le temps n'est plus aux voies d'accès embouteillées et aux listes d'attente sans fin pour des réservations.

- "Dépotoir" -

Saad Alani, 41 ans, a passé sa lune de miel dans ce complexe au début des années 1990, durant l'âge d'or. L'an dernier, il y est revenu par nostalgie, mais ne réitérera l'expérience pour rien au monde: "L'endroit est devenu un dépotoir, il n'y a ni eau ni électricité, aucun service", raconte à l'AFP cet homme aux cheveux poivre et sel.

Son cas n'est pas isolé. "Beaucoup de gens viennent aujourd'hui à Habbaniya pour se rappeler le bon vieux temps", relève Karim Tourki. Mais une fois sur place, ils constatent que restaurants et jardins ont disparu et sont dépités. A la place, pour border le lac artificiel créé en 1956 sous le roi Fayçal II, seules quelques échoppes survivent, ainsi que des petites cantines sans prétention.

"C'est la dernière fois que je viens", lance Hussein Jabbar, un fonctionnaire trentenaire de Bagdad, accompagné d'une dizaine d'amis. "Avant, c'était super, mais tout s'est dégradé", affirme-t-il à l'AFP en désignant les berges abandonnées du lac qui autrefois grouillaient de plaisanciers et d'employés chargés de répondre à leurs demandes.

Contactés, les ministères du Tourisme et de la Culture n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Pour Saad Alani, l'unique moyen de faire revivre le tourisme à Habbaniya, dans le 12e pays le plus corrompu au monde selon le classement de l'ONG Transparency International, est simple: "il faut engager des entreprises privées spécialisées dans le tourisme et retirer le lac de Habbaniya des mains de l'Etat".

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