Novitchok: Londres tient Vladimir Poutine pour responsable

Le président russe Vladimir Poutine à Sotchi, le 22 août 2018
Le président russe Vladimir Poutine à Sotchi, le 22 août 2018 Tous droits réservés Pavel Golovkin
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Par AFP
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Londres, soutenu par ses alliés, a dit jeudi tenir le président russe Vladimir Poutine pour responsable de la tentative d'empoisonnement perpétrée en mars contre un ex-espion russe en Angleterre, une mise en cause réfutée par Moscou devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

La France, l'Allemagne, les États-Unis et le Canada ont annoncé avoir "entièrement confiance" dans les conclusions de l'enquête britannique.

"Nous avons entièrement confiance dans les conclusions britanniques selon lesquelles les deux suspects étaient des officiers du service de renseignement militaire russe (...) et que cette opération a très certainement été approuvée à un haut niveau de gouvernement (russe)", déclarent les dirigeants des quatre puissances occidentales dans un communiqué publié par Downing Street et co-signé par Londres, au lendemain du lancement d'un mandat d’arrêt européen contre ces hommes.

La Première ministre britannique Theresa May avait accusé mercredi les suspects, Alexander Petrov et Ruslan Bochirov, d'avoir empoisonné au Novitchok, un puissant agent innervant conçu en Union soviétique, l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia le 4 mars à Salisbury (sud-ouest de l'Angleterre), qui ont survécu.

Mme May avait ajouté devant le Parlement que cette attaque avait "certainement aussi été approuvée en dehors du GRU (le service de renseignement russe), à un niveau élevé de l’État russe".

Son secrétaire d'Etat à la Sécurité, Ben Wallace, a renchéri jeudi en blâmant nommément Vladimir Poutine. "En dernier ressort, bien sûr, il est responsable, c'est le dirigeant de l’État", a-t-il dit sur la BBC. "(...) C'est son gouvernement qui contrôle, finance et dirige le renseignement militaire via son ministère de la Défense".

La veille, il avait estimé que Petrov et Bochirov, en échouant dans leur mission de tuer Skripal, avaient "entaché la réputation de leur agence et de l'"Etat russe", moquant: "c'est plus Johnny English que James Bond".

Le Kremlin a jugé ces accusations "inadmissibles". "Ni les hautes autorités de la Russie, ni les responsables d'un niveau moins important (...) n'ont quoi que ce soit à voir avec ce qui s'est passé à Salisbury", a déclaré son porte-parole, Dmitri Peskov.

A New-York, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, l'ambassadeur russe Vassily Nebenzia a accusé Londres de présenter "un cocktail de mensonges sans fondements". L'ambassadrice américaine, Nikki Haley, a elle salué "la clarté et les résultats indéniables" de l'enquête britannique.

- "Veto" russe -

Depuis le départ, Londres accuse la Russie d'être à l'origine de l'attaque mais celle-ci nie toute implication. Cette affaire avait engendré une grave crise diplomatique entre le Kremlin et les Occidentaux, débouchant sur une vague d'expulsions croisées de diplomates et l'adoption en août de sanctions économiques par les Etats-Unis.

Ben Wallace a déclaré que son gouvernement chercherait à "maintenir la pression" sur la Russie pour signifier que son "comportement est totalement inacceptable" - tout en soulignant que la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité comme le Royaume-Uni, userait "probablement" de son veto.

Parmi les options envisagées figurent "davantage de sanctions", a-t-il précisé. Londres souhaite également élaborer avec ses alliés européens un régime de sanctions applicables en cas d'utilisation d'armes chimiques, selon un porte-parole de Downing Street.

- Flacon de parfum -

Les auteurs de l'attaque, identifiés par la police britannique comme étant les ressortissants russes Alexander Petrov et Ruslan Bochirov, sont soupçonnés d'avoir utilisé des pseudonymes. Leurs photos ont été publiées et un appel a été lancé au public pour les identifier.

Ils font l'objet d'un mandat d'arrêt pour conspiration en vue de commettre un meurtre, tentative de meurtre et usage et possession de Novitchok.

Le 3 mars, ils sont soupçonnés d'avoir "contaminé la porte d'entrée" de Sergueï Skripal en l'aspergeant de Novitchok, avant de quitter le pays via l'aéroport d'Heathrow le jour-même, se déplaçant toujours en transports en commun.

Les Skripal ont survécu à l'empoisonnement, ainsi que le policier leur étant venu en aide. Viktoria Skripal, la nièce de l'ex-agent double russe, l'a exhorté jeudi à donner des nouvelles à sa mère de 90 ans, insinuant qu'il pourrait être en mauvaise santé, et appelé Londres à "montrer qu'il est vivant".

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Fin juin, le Novitchok a fait deux nouvelles victimes à Amesbury, ville voisine de Salisbury, dont une est décédée.

Charlie Rowley, 45 ans, et sa compagne Dawn Sturgess, 44 ans, avaient manipulé un flacon, qu'ils pensaient être du parfum mais qui contenait l'agent innervant.

Cette dernière, mère de trois enfants, est morte le 8 juillet. Charlie Rowley avait, lui, pu quitter l'hôpital mais fin août il y avait été réadmis pour des problèmes de vision, selon son frère. La police estime qu'ils n'ont pas été visés délibérément.

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