Syrie: exode massif à Idleb, où l'ONU craint la "pire catastrophe humanitaire" du siècle

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Les bombardements du régime syrien et de son allié russe sur Idleb ont fait plus de 30.000 déplacés, a mis en garde l'ONU lundi, craignant "la "pire catastrophe humanitaire" du 21e siècle en cas d'offensive contre l'ultime grand bastion insurgé de Syrie.

Située dans le nord-ouest syrien, la province d'Idleb et les territoires rebelles adjacents ont été ces derniers jours la cible des bombardements à l'artillerie du régime de Bachar al-Assad et des frappes aériennes de Moscou.

Ces violences sporadiques ont fait des morts parmi les civils et touché hôpitaux et autres structures médicales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moment où Damas et son allié russe brandissent la menace d'une offensive contre la région frontalière de la Turquie.

"Nous sommes profondément préoccupés par la récente escalade de la violence qui a entraîné le déplacement de plus de 30.000 personnes", a indiqué à l'AFP un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), David Swanson.

Ces derniers jours, le correspondant de l'AFP à Idleb a été témoin de la fuite de ces familles qui quittent le sud de la province pour monter plus au nord, installées à bord de dizaines de voitures et de camionnettes, transportant matelas, tapis de jute, bidons d'eaux et affaires chargées à la va-vite.

Entre le 1er et le 9 septembre, quelque "30.542 femmes, enfants, mais aussi des hommes" ont été déplacés du sud et du sud-ouest d'Idleb, ainsi que du nord et du nord-ouest de la province voisine de Hama, a souligné M. Swanson.

- "Pire catastrophe humanitaire" -

"La majorité de ces déplacés sont arrivés dans le nord d'Idleb (...) près de la frontière turque", a précisé M. Swanson.

Près de la moitié sont installés dans des camps, certains ont trouvé refuge chez des familles du secteur tandis que d'autres ont loué des logements, a-t-il souligné.

ONU et organisations humanitaires tirent régulièrement la sonnette d'alarme concernant l'ampleur d'une catastrophe humanitaire en cas d'offensive à Idleb, même à l'échelle d'un pays ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 350.000 morts et poussé des millions à l'exode.

Environ trois millions de personnes, dont la moitié sont déjà des déplacés d'autres régions de Syrie affectées par le conflit, vivent à Idleb et les poches insurgées des provinces voisines de Hama, Alep ou Lattaquié, selon l'ONU.

Ankara, qui a déployé des troupes dans la province et parraine de nombreux groupes rebelles, cherche sans relâche à éviter une offensive du régime, qui risquerait de provoquer un nouvel afflux massif de réfugiés vers sa frontière.

Mais si l'assaut n'a pas encore été donné, le pouvoir syrien et Moscou pilonnent déjà.

Samedi, les avions russes avaient mené les frappes les "plus intenses" en un mois, selon l'OSDH. Les bombardements du régime et de son allié russe ont tué au moins dix civils samedi et deux enfants dimanche, a assuré l'OSDH.

Deux hôpitaux ont été touchés ces derniers jours ainsi que deux centres des casques blancs, les secouristes en zones rebelles, d'après la même source.

"Il doit y avoir des moyens de régler ce problème pour que les prochains mois, Idleb ne se transforme pas en la pire catastrophe humanitaire du 21e siècle, avec les plus lourdes pertes en vies humaines", a déclaré le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, en conférence de presse à Genève.

- "Massacre" -

Mais une victoire à Idleb serait hautement symbolique pour le pouvoir, qui avec l'appui militaire crucial de Moscou et de Téhéran, a réussi à reprendre près des deux-tiers du pays.

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La région est dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), issu de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie, mais d'autres groupes rebelles y sont également présents.

Vendredi, un sommet tripartite a réuni la Russie et l'Iran, qui soutiennent le régime, avec la Turquie, sans toutefois apporter de solution concrète concernant le sort de la province.

Globalement, les trois pays ont semblé camper sur leurs positions. Téhéran et Moscou ont insisté sur la nécessité de combattre "le terrorisme", et le droit de Damas de récupérer l'intégralité de son territoire.

La Turquie, qui accueille plus de trois millions de réfugiés syriens sur son territoire, a mis en garde contre un "massacre" à venir.

Mardi à Genève, l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura doit recevoir des délégations des trois pays.

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"Il est reconnu qu'il y a là un grand nombre de combattants, y compris des terroristes d'organisations proscrites. Mais je pense qu'il y a 100 civils, la plupart des femmes et des enfants, pour chaque combattant à Idleb", a déclaré M. Lowcock lundi à Genève.

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