Le Portugal et l'Angola sur la voie de la normalisation

Le Premier ministre portugais António Costa, à Ottawa, le 3 mai 2018
Le Premier ministre portugais António Costa, à Ottawa, le 3 mai 2018 Tous droits réservés Lars Hagberg
Tous droits réservés Lars Hagberg
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Après plusieurs années de crispation, les rapports entre le Portugal et son ancienne colonie l'Angola sont sur la voie de la normalisation, marquée par la reprise des visites de haut niveau entre ces deux pays très liés au plan économique.

Le Premier ministre portugais Antonio Costa se rend lundi et mardi à Luanda, puis le président angolais Joao Lourenço doit visiter Lisbonne les 23 et 24 novembre prochains.

"L'Angola et le Portugal sortent actuellement d'une phase difficile. L'important c'est que les deux parties soient capables d'identifier les obstacles et les éléments perturbateurs afin de les surmonter", notait la semaine dernière le ministre angolais des Affaires étrangères Manuel Augusto.

"Les rapports étaient bons sur le plan économique, mais il y avait un facteur d'énervement lié à une question judiciaire. Une fois dépassée cette question, plus rien n'entrave nos relations", a souligné le chef du gouvernement portugais, le premier à visiter l'Angola en sept ans, dans un entretien au journal portugais Diario de Noticias paru dimanche.

Ce point de friction a été éliminé en mai dernier, lorsque la justice portugaise a décidé de transférer à Luanda un procès pour corruption contre l'ancien vice-président angolais Manuel Vicente.

Les poursuites judiciaires avaient fâché l'ancien président José Eduardo dos Santos, qui a régné d'une main de fer sur l'Angola de 1979 à 2017, et jeté un froid dans les relations bilatérales.

Son successeur avait lui aussi exigé que la procédure soit confiée à l'Angola "pour que les relations entre l'Angola et le Portugal reviennent au niveau d'un passé récent".

- "Normalité perdue" -

L'ancienne colonie est un partenaire clé pour le Portugal, il s'agit du troisième destinataire de ses investissements et le huitième débouché de ses exportations.

Et pendant que le Portugal, malmené par la crise financière mondiale, évitait la banqueroute avec un plan de sauvetage de l'Union européenne, l'Angola s'y est hissée au dixième rang des investisseurs étrangers, portant sa part de 0,1% en 2008 à 1,5% en 2017.

La visite d'Antonio Costa "marque un pas très important vers une normalisation du partenariat entre ces deux pays", considère l'analyste Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House.

"Le malaise entre les deux pays semble dépassé, mais il a laissé des dégâts", écrivait toutefois le week-end dernier le directeur du quotidien d'État Jornal de Angola, Victor Silva, dans un éditorial.

"C'est un des premiers pas vers le rétablissement d'une normalité perdue, mais la visite d'Antonio Costa ne règlera pas tous les problèmes", abonde Celso Filipe, directeur adjoint du quotidien économique portugais Jornal de Negocios.

Selon Alex Vines, la détérioration des rapports avec Luanda provoquait "beaucoup d'anxiété" dans la diplomatie portugaise, car elle a coïncidé avec l'ambition du nouveau pouvoir angolais d'élargir ses horizons.

Lors d'une récente tournée européenne, le président Joao Lourenço a notamment fait part de la volonté de son pays d'intégrer à la fois la Francophonie et le Commonwealth britannique.

- Isabel dos Santos écartée -

"L'ouverture de l'Angola au reste du monde n'est pas la conséquence d'un quelconque énervement vis-à-vis du Portugal", s'est défendu son ministre des Affaires étrangères.

L'actuel président angolais a promis de lutter contre la corruption et de remettre sur pied l'économie du deuxième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, qui ne s'est toujours pas remis de la dégringolade des cours de l'or noir en 2014.

PUBLICITÉ

M. Lourenço a ainsi évincé des institutions et des entreprises publiques les proches de M. dos Santos, dont sa fille Isabel, figure de proue des investissements angolais au Portugal.

Sa mise à l'écart de la direction de la compagnie pétrolière nationale Sonangol a notamment laissé planer le doute sur un éventuel désengagement de cette entreprise du groupe énergétique portugais Galp ou de BCP, la première banque privée portugaise.

"Avec Joao Lourenço à la présidence, il faut espérer que ces relations leur permettront de collaborer en vue du rapatriement des fonds volés en Angola et parqués au Portugal, aussi bien par des Angolais que par des Portugais", a déclaré à l'AFP le journaliste d'investigation et d'opposition angolais Rafael Marques de Morais.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Pedro Sánchez "réfléchit" s'il doit démissionner en raison de l'enquête sur sa femme

Biden signe un accord d'aide de 95 milliards de dollars attendu pour l'Ukraine

Les rebelles houthis pourraient avoir lancé une nouvelle attaque