Incarnant la relève du cyclisme mondial, Simon Yates (26 ans) a changé de dimension dimanche en remportant la 73e édition du Tour d'Espagne, son premier Grand Tour de trois semaines, après une dernière étape remportée à Madrid par le sprinteur italien Elia Viviani.
Le Britannique Yates (Mitchelton-Scott), porteur du maillot rouge pendant 10 étapes, a terminé sans encombre au sein du peloton lors de la traditionnelle parade dans les rues de la capitale espagnole, où Viviani a remporté sa troisième étape dans cette Vuelta après un sprint mouvementé.
L'Anglais succède au palmarès à son compatriote Chris Froome, tout premier Britannique à remporter l'épreuve l'an dernier mais absent cette saison.
"Merci à tous, merci à tous les supporters", a savouré Yates après avoir écouté le "God save the Queen" retentir sur la place de Cybèle, dans le centre de Madrid.
Le prometteur Espagnol Enric Mas (Quick-Step, 23 ans) et le grimpeur colombien Miguel Angel Lopez (Astana, 24 ans) complètent le podium dans cet ordre. Soit le trio de tête le plus jeune de l'histoire de la Vuelta depuis 1936, beau symbole du rajeunissement du cyclisme sur route autour de nouvelles figures comme le Néerlandais Tom Dumoulin (27 ans) ou le Colombien Egan Bernal (21 ans).
- Sagan bredouille -
"Nous sommes heureux de cette deuxième place du général", a commenté Mas, présenté en Espagne comme l'héritier de son mentor Alberto Contador. "Il me faut progresser sur beaucoup d'aspects et j'espère que l'an prochain les choses se passeront aussi bien."
A 38 ans, l'Espagnol Alejandro Valverde (Movistar) incarne la vieille garde et il s'est retrouvé confronté à ses limites en haute montagne, chutant du podium samedi. Le vétéran, 5e du général derrière le Néerlandais Steven Kruijswijk (4e) et devant le Français Thibaut Pinot (6e), se console avec le maillot vert du classement par points, qu'il remporte pour la quatrième fois.
"Je finis cette Vuelta avec de très bonnes sensations", a prévenu Valverde, désormais tourné vers les très montagneux Mondiaux d'Innsbruck (Autriche) fin septembre. "En terme d'enthousiasme, d'envie et de forme, je crois que j'ai tous les éléments pour bien figurer."
Le champion du monde en titre Peter Sagan, lui, a échoué sur cette Vuelta à la 2e place du maillot vert... Un beau résumé de ses trois semaines de course puisque le Slovaque, bredouille, a fini quatre fois deuxième et deux fois troisième sans remporter la moindre étape!
Le Belge Thomas De Gendt (Lotto-Soudal) a pour sa part décroché le maillot blanc à pois bleus de meilleur grimpeur, tandis que Simon Yates a aussi rapporté à Madrid le maillot blanc du combiné.
- Nouveau statut -
Le triomphe de Yates confirme son immense potentiel sur les courses de trois semaines, surtout après sa désillusion sur le Tour d'Italie en mai où il avait dominé la concurrence avant de s'effondrer dans la dernière semaine avec le maillot rose sur les épaules.
La Vuelta étant souvent considérée comme le plus ouvert des trois Grands Tours, Yates va désormais devoir confirmer à l'échelon supérieur son nouveau statut... sur le Tour de France mais aussi sur le Giro, où il reconnaît avoir "un compte à régler".
En attendant, avec sa forme du moment, ce grimpeur de poche (1,72 m, 58 kg) peut aussi prétendre réussir de belles choses lors des Championnats du monde. Lui et son jumeau Adam devraient être les leaders de la sélection britannique en l'absence de Chris Froome, lauréat du Giro en mai, et de Geraint Thomas, vainqueur du Tour en juillet.
Au passage, la Grande-Bretagne est le troisième pays à réussir un carton plein sur Giro, Tour et Vuelta la même saison après la France (en 1964) et l'Espagne (en 2008), symbole des gros investissements consentis par les autorités britanniques dans le cyclisme. C'est en outre la première fois que trois coureurs différents d'une même nationalité remportent les trois Grands Tours la même année.