La vie après l'Aquarius

La vie après l'Aquarius
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Par Anne-Lise FantinoAnelise Borges
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Anelise Borges, qui avait suivi la crise de l'Aquarius en juin dernier, a retrouvé une famille marocaine qui se trouvait à bord du navire humanitaire, et a suivi les débuts de leur nouvelle vie en Espagne.

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Ils nous ouvrent leurs portes, avec quelques mots d'espagnol. Pourtant, il y a tout juste trois mois la famille Dahrabou, originaire du Maroc, se trouvait à bord de l'Aquarius, qui lui a porté secours en Méditerranée. Anelise Borges avait suivi les 630 passagers pendant leur attente interminable, qui ont pu finalement débarquer à Valence.

Elle a retrouvé Ali, Mariam et Miral, qui ont entamé une nouvelle vie à Gandia, au sud de la ville, faute d'avoir obtenu l'asile en France.

"Nous avons essayé", lance Ali Dahrabou. "Nous avons eu deux entretiens avec l'administration française. Mais à la fin, elle ne nous a pas acceptés. Nous voulions vraiment aller en France - surtout à cause de la proximité culturelle et de la langue. Quand on a appris la décision de la France, on s'est sentis mal."

Pour le couple, impossible de revenir au Maroc. L'entretien réalisé pour la demande d'asile de Mariam relate les conditions de vie de sa famille, qui vivait dans une grande pauvreté et l'aurait vendu à un trafiquant de drogue. Il retrace aussi des souvenirs de viols et de contraintes.

La jeune femme dit avoir fui lorsqu'elle a fini par obtenir le divorce, avant de commencer une nouvelle vie, aux côtés d'Ali. Le couple a ensuite décidé de partir en Libye, où les violences les ont conduits à emprunter une embarcation de fortune, pour tenter leur chance de l'autre côté de la Méditerranée.

"Tout ce que nous avons fait, c'est pour notre enfant", explique Ali. Parce qu'elle n'aurait pas d'avenir en Libye. Si je peux trouver un emploi, ici, en Espagne, je suis sûr de pouvoir subvenir à leurs besoins et garantir un avenir meilleur à ma fille".

"Je veux aussi trouver du travail pour offrir à ma fille la chance d'aller à l'école", renchérit Mariam, "afin qu'à l'avenir, je puisse la voir devenir médecin, avocate ou peut-être journaliste".

L'Espagne a voulu envoyer un message de solidarité, et a proposé un port sûr à ceux qui, comme Ali et Mariam, ont pris tous les risques pour changer le cours de leur vie.

La région de Valence a accueilli à elle seule 150 personnes qui se trouvaient à bord de l'Aquarius. Trois mois après l'arrivée de ces demandeurs d'asile, les autorités espagnoles ne voient pas cette situation comme une crise.

"Non, l'Espagne n'a pas de problème de migration", souligne Juan Carlos Fulgencio, délégué du gouvernement central à la communauté de Valence. "Ce qui existe, ce sont des périodes d'afflux d'arrivées. Et cela s'est produit tout au long de l'histoire".

Depuis que l'Italie et Malte ont durci leur ligne à l'égard des migrants, l'Espagne a dû faire face à une hausse significative du nombre de personnes qui rejoignent ses côtes. Pour Madrid, la seule solution reste de trouver une réponse au niveau européen.

"Penser que la migration est un problème ponctuel, ou local, est une terrible erreur", note Juan Carlos Fulgencio, délégué du gouvernement central à la communauté de Valence. "Si l'Europe veut continuer à se développer en tant que société, elle devra y faire face et travailler à élaborer une politique migratoire. Les flux migratoires continueront d'exister pour une série de raisons conjoncturelles, propres à chaque pays. Les gens continueront à vouloir échapper à la guerre, à la mort et à la faim".

Mariam, Ali et Miral ont pu s'extraire de leur sort, et aspirent désormais à un avenir meilleur.

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