Ryder Cup: pourquoi la greffe du golf n'a pas pris en France

Vue aérienne du Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 27 juin 2018
Vue aérienne du Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines, le 27 juin 2018 Tous droits réservés Thomas SAMSON
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Elitiste, coûteux... le golf souffre depuis longtemps d'un manque d'intérêt en France et la Fédération française espère que la Ryder Cup, monument mondial du golf qui débarque la semaine prochaine à Saint-Quentin-en-Yvelines, sera l'occasion d'y remédier, au moins en partie.

Dans quel pays a été construit le plus ancien parcours de golf d'Europe continentale ? En France, à Pau en 1856. Mais depuis, les classes populaires du pays ont eu du mal à s'approprier ce loisir devenu sport.

Jusqu'à la Première guerre mondiale, les parcours étaient ainsi situés dans des lieux de villégiature guindés (Bretagne, Normandie, Pays Basque et Côte d'Azur).

Leur nombre a ensuite été multiplié par quatre depuis 1975 sans effacer les racines aristocratiques du jeu.

"On a malheureusement encore quelques golfs représentatifs d'une caste mais l'essentiel du marché ce n'est pas ça", explique à l'AFP Pierre-André Ulhen, directeur général du gestionnaire de parcours UGolf, qui, comme son concurrent Bluegreen, propose des initiations gratuites.

Un sondage Ifop diffusé en juin montrait que 63% des Français ont une bonne image du golf et qu'ils sont 61% à penser qu'il s'agit d'un sport trop méconnu.

"Il ne faut pas oublier que c'est un sport assez jeune en France en terme de développement", souligne Matthieu Pavon.

"Et il ne fait pas partie de notre culture, comme il peut l'être dans les Iles Britanniques", indique l'actuel N.6 français.

"On compte aujourd'hui 400.000 licenciés auxquels s'ajoutent 400.000 pratiquants", constate le président de la Fédération française de golf, Jean-Lou Charon.

A titre de comparaison, le Royaume-Uni s'appuie sur une population de golfeurs de presque quatre millions de personnes.

- Pas de Noah -

En France, les répercussions de la crise économique de 2008 ont fortement affecté les CSP+ qui constituent la grande majorité des amoureux de la petite balle blanche (67% ont des revenus supérieurs à 40.000 euros par an).

Et le nombre de licenciés, certes supérieur au rugby ou au cyclisme, a stagné depuis, revenant à son niveau de 2009, loin des objectifs un temps avancés de 700.000, voire d'un million de licenciés à l'horizon 2020.

La FFgolf s'était habituée à une croissance exponentielle: 4.000 licenciés en 1950, puis 20.000 licenciés en 1970, 100.000 en 1987, et enfin 300.000 en 2000.

"Nous avons souffert de ne pas disposer d'une locomotive du haut niveau comme l'a été pour le tennis Yannick Noah, qui a changé l'image de ce sport auprès du grand public et contribué à le populariser", assure Pascal Grizot, vice-président de la FFgolf.

Cette star, la France pensait l'avoir trouvé avec Victor Dubuisson, N.1 mondial amateur, mais le joueur de 28 ans, forfait cette saison, "n'a pas forcément la tête au golf malgré son immense talent" selon Jean-Lou Charon.

Chez les hommes, seul Arnaud Massy a remporté un titre du Grand Chelem, le British Open en 1907.

Ses successeurs ont souvent manqué de réussite, à l'image de Grégory Havret, 2e de l'US Open 2010 en pleine grève des footballeurs à Knysna.

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"On n'a pas gagné car les entraîneurs ont appris le haut niveau en même temps que nous, il n'y avait pas de structures", estime Raphaël Jacquelin, ex-numéro un français.

Au cours des cinq dernières années, l'Italie et la Suède ont décroché des Majeurs alors que ces pays ont deux fois moins de joueurs dans le Top 300 que la France.

"Il n'y pas assez de golfs au milieu des grands centres urbains, ce qui prive énormément de monde d'un accès facile", souligne Thomas Levet, vainqueur de la Ryder Cup 2004.

- 1.700 euros de budget annuel -

"Dans d'autres pays, on a construit des villes à proximité de parcours, ce qui les valorise", ajoute le 2e du British Open 2002.

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Cent petites structures de proximité ont été achevées avant la Ryder Cup, un plan dans la veine des 5.000 courts de tennis construits à partir de 1980, qui doit apporter un nouveau public.

Malgré la déception de ne pas avoir un Tricolore dans l'équipe européenne, la FFgolf espère toujours que la Ryder Cup, dont l'organisation a été en partie financée par une augmentation du prix de la licence, reste un formidable accélérateur.

Mais la pratique de ce sport redevenu olympique en 2016 nécessite toujours un investissement de départ conséquent.

Le budget annuel d'un licencié approche les 1.700 euros, entre l'équipement et les autres dépenses comme l'adhésion à un club et des droits de jeu ("green fee") demeurant relativement élevés.

La discipline ne bénéficie pas en outre d'une grande exposition médiatique et sa présence télévisuelle en diffusion gratuite s'est réduite comme peau de chagrin depuis la fin des années 1980.

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Aucune chaîne publique ne s'est d'ailleurs portée candidate pour la Ryder Cup 2018 ce qui a poussé Canal+ à proposer un total de cinq heures en direct et en clair sur les trois jours de compétition, une première.

Autre écueil pour la FFgolf: sa vitrine, l'Open de France, a été lâché prématurément par son sponsor-titre chinois, le géant du tourisme HNA, et risque d'être rétrogradé à court terme dans la hiérarchie des épreuves du Tour européen.

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