Maldives: l'homme de fer Abdulla Yameen lâche le pouvoir

Maldives: l'homme de fer Abdulla Yameen lâche le pouvoir
Par AFP
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Coup de théâtre aux Maldives: l'homme fort du pays Abdulla Yameen a reconnu lundi sa défaite surprise à l'élection présidentielle face au candidat de la coalition d'opposition, Ibrahim Mohamed Solih.

"Les citoyens des Maldives ont décidé de ce qu'ils souhaitent. J'ai accepté les résultats d'hier", a déclaré Abdulla Yameen, qui a mené une féroce répression de toute dissidence et muselé la société civile depuis son arrivée au pouvoir en 2013.

L'autoritarisme dont a usé le chef d'État de cette micro-nation de l'océan Indien durant ses cinq années de pouvoir faisait craindre à l'opposition et à la communauté internationale que cet habitué des coups de force ne rejette les résultats du vote défavorable.

Lors d'une allocution télévisée survenant après une nuit de suspens, M. Yameen, 59 ans, a indiqué avoir rencontré et félicité son rival. "J'assurerai une transition en douceur", a ajouté le président maldivien qui quittera son poste le 17 novembre au terme de son mandat.

Contre toute attente, le challenger Ibrahim Mohamed Solih, peu connu des électeurs, a obtenu dimanche 58,3% des voix, selon des résultats provisoires de la commission électorale maldivienne.

Les résultats officiels finaux pourraient se faire attendre jusqu'à une semaine.

Dans la nuit, les partisans du Parti démocratique maldivien (PDM, opposition) ont fêté la nouvelle à travers l'archipel en agitant les drapeaux jaunes de la formation politique et en dansant dans les rues.

Le tribunal pénal de Male a ordonné lundi la libération d'un parlementaire de l'opposition et ancien responsable de la police, Abdulla Riyaz.

Maumoon Abdul Gayoom, 80 ans, qui a dirigé les Maldives de 1978 jusqu'à la transition vers la démocratie en 2008 et qui est le demi-frère de Abdulla Yameen, aurait également déposé une demande de libération avec deux de ses proches. Il est incarcéré depuis février sous l'accusation d'avoir entravé une enquête sur une tentative de renversement supposée de Abdullah Yameen.

Puissance régionale traditionnelle, qui a vu d'un mauvais œil le rapprochement des Maldives avec la Chine sous le mandat d'Abdulla Yameen, l'Inde a "félicité de tout cœur" le candidat de l'opposition.

Les Etats-Unis ont salué un scrutin "qui a ouvert un nouveau chapitre dans l'histoire du pays" et promis une coopération accrue avec l'archipel.

Le scrutin a suscité une mobilisation massive parmi les 262.000 électeurs maldiviens (sur plus de 340.000 habitants). Ils ont formé dimanche de longues queues devant les bureaux de vote. Pour cette troisième élection présidentielle de l'histoire des Maldives, le taux de participation s'est établi à 89,2%.

"Après 4 heures de transport (en voiture, en avion et en bus) et 3 heures d'attente dans une file (en partie sous le soleil de l'après-midi), je suis juste si fière que tant d'entre nous aient sacrifié tout ce temps, cet argent et cette énergie pour voter", a écrit sur Twitter Naazi, une électrice.

- Maître sans partage -

Si les Maldives sont surtout connues du grand public pour leurs plages paradisiaques et hôtels de luxe, la situation politique de ce pays composé d'une vingtaine d'atolls est autrement moins souriante.

Avant le vote, opposition et observateurs internationaux avaient exprimé leur inquiétude de voir le chef de l'État maldivien "voler" le scrutin. La plupart des journalistes étrangers se sont vu refuser l'accès au pays pour couvrir l'élection.

"Le gouvernement voulait truquer l'élection, mais face à la pression massive, ils ont dû abandonner leurs plans", a déclaré à l'AFP Rohana Hettiarachchi, du Réseau asiatique pour des élections libres, une organisation d'observateurs qui a été empêchée d'entrer aux Maldives.

À son arrivée au pouvoir dans des circonstances controversées en 2013, les observateurs des Maldives pensaient que Abdulla Yameen, ce bureaucrate sans charisme, ne serait qu'un pantin aux mains de son demi-frère Maumoon Abdul Gayoom. Mais il s'est imposé comme le maître sans partage du pays.

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Il a envoyé derrière les barreaux nombre d'anciens proches tombés en disgrâce et dissidents. Les autres figures de l'opposition ont dû se résoudre à l'exil.

Au début de l'année, mécontent d'une décision de justice qui cassait les condamnations litigieuses d'opposants, M. Yameen était passé en force en imposant 45 jours d'état d'urgence.

Fustigé pour sa répression par l'Union européenne, les États-Unis et l'Inde, M. Yameen s'est rapproché ces dernières années de la Chine.

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