Estonie : aux portes de la Russie, le pape dénonce "la menace des armes"

Estonie : aux portes de la Russie, le pape dénonce "la menace des armes"
Par AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Tous droits de reproduction et de représentation réservés. © 2024 - Agence France-Presse.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© 2024 - Agence France-Presse. Toutes les informations (texte, photo, vidéo, infographie fixe ou animée, contenu sonore ou multimédia) reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par la législation en vigueur sur les droits de propriété intellectuelle. Par conséquent, toute reproduction, représentation, modification, traduction, exploitation commerciale ou réutilisation de quelque manière que ce soit est interdite sans l’accord préalable écrit de l’AFP, à l’exception de l’usage non commercial personnel. L’AFP ne pourra être tenue pour responsable des retards, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus dans le domaine des informations de presse, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations. AFP et son logo sont des marques déposées.

Au dernier jour de sa tournée dans les pays baltes, qui l'a conduit à la frontière de la Russie, le pape François a dénoncé mardi ceux qui ont recours à la "menace des armes" et au "déploiement de troupes".

Le souverain pontife, qui a inséré cet avertissement dans son homélie prononcée lors de la messe célébrée en plein air à Tallinn, a évité toute référence directe à la politique de Moscou. Mais c'est bien celle-ci qui, depuis l'annexion de la Crimée et le conflit dans l'Est de l'Ukraine, inquiète les dirigeants et les sociétés en Lituanie, en Lettonie et en Estonie.

"Les relations entre la Russie, l'Estonie et l'Otan offrent une possibilité d'interpréter ce discours. Mais je pense que le pape évoquait plutôt la liberté personnelle, quand il a parlé aussi d'esclavage de consumérisme et d'individualisme", a cependant dit à l'AFP Erkki Bahovski, un expert estonien des relations internationalesas et rédacteur en chef du mensuel Diplomaatia.

Pour une autre spécialiste estonienne des questions stratégiques, Evelyn Kaldoja, il était toutefois "clair qu'il faisait référence à la Russie".

La Russie tient régulièrement des exercices militaires non loin des frontières des pays baltes et ses appareils militaires s'approchent de leur espace aérien, faisant décoller les avions de l'Otan assurant "la police de l'air".

"Certains" pensent parfois que la force d’un peuple se mesure par des paramètres autres que la recherche d'un "pacte d'amour" chrétien, a dit le pape. "Il y a celui qui parle plus fort, (...) il y a celui qui ajoute aux cris la menace des armes, le déploiement de troupes, les stratégies… Celui-là semble le plus +solide+", a poursuivi François. "Cette attitude cache en soi un refus de l’éthique et, avec elle, un refus de Dieu", a-t-il dénoncé.

- Méfiance -

Lors de toutes ses interventions publiques en Lituanie, en Lettonie et en Estonie, le pape n'a pas prononcé le nom de la Russie.

Mais des catholiques sont venus de Russie à sa rencontre à Kaunas et mardi, après un chant estonien, une belle chanson russe a résonné pour le pape dans la cathédrale luthérienne où il rencontrait des jeunes.

De patients efforts de la diplomatie vaticane ont abouti déjà à la rencontre du pape avec le président Vladimir Poutine à Rome et avec le patriarche orthodoxe Kirill à Cuba. Mais la Russie n'est pas pressée d'accueillir le pape sur son territoire.

Par ricochet, pour les chrétiens baltes, cela confirme leur méfiance à l'égard de Moscou.

Au deuxième jour du pape à Vilnius, capitale de la Lituanie, l'archevêque émérite Sigitas Tamkevicius, qui a fait plusieurs années de camp soviétique, n'a pas caché son sentiment à cet égard. "Nous sommes tout près de la Russie, impossible ne pas avoir peur d'eux. La peur est là", a-t-il dit aux journalistes.

"Notre voisin est très difficile à comprendre", a-t-il nuancé, tout en reconnaissant être réconforté par l'appartenance de son pays à l'Otan et souhaitant que ses troupes stationnées en Lituanie soient plus importantes.

La présence des militaires occidentaux était d'ailleurs visible lors des messes du pape : des soldats et officiers belges en Lituanie, canadiens en Lettonie et britanniques en Estonie ont assisté en uniforme aux liturgies.

Un autre haut prélat lituanien a exprimé le sentiment que beaucoup semblent partager, y compris en Lettonie et en Estonie, à savoir que la visite du pape renforce l'esprit patriotique.

"Nous avons surmonté l'occupation. Nous savons ce que veut dire se tenir face aux chars avec la prière, ce que veut dire se tenir côte à côte à la manière balte. (...) Aujourd'hui nous avons besoin d'encouragement, d'espoir, pour que notre projet de liberté de s'arrête pas à mi-chemin", a dit à Kaunas en Lituanie l'évêque de Telsiai, Kestutis Kevalas.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Madrid, nouvel eldorado des riches latino-américains

Ukraine : au moins un mort et 19 blessés à Kharkiv

L’info du jour | 28 mars - Matin