Québec: François Legault, un ex-homme d'affaires pragmatique aux commandes

François Legault, le 28 septembre 2018 à Montréal
François Legault, le 28 septembre 2018 à Montréal Tous droits réservés MARTIN OUELLET-DIOTTE
Par AFP
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Ancien ministre indépendantiste rallié à un nationalisme modéré, l'ex-homme d'affaires François Legault, futur Premier ministre du Québec, a réussi son pari d'imposer une "troisième voie" politique malgré des positions jugées populistes sur l'immigration.

"Aujourd'hui, on a marqué l'histoire", a triomphé M. Legault, 61 ans, après la nette victoire du parti qu'il a fondé en 2011, la Coalition Avenir Québec (CAQ), aux élections législatives québécoises lundi.

Ni indépendantiste, ni fédéraliste, l'ancien homme d'affaires multimillionnaire, fondateur de la compagnie aérienne Air Transat, a fait campagne sur le thème du "changement" et se veut l'incarnation d'une "troisième voie".

Pragmatique plus qu'idéologue, cet ancien comptable revendique une approche "business" de la politique et des valeurs nationalistes: moins d'Etat, une meilleure gestion des finances publiques et une plus grande autonomie du Québec.

Il prône également une plus grande fermeté sur l'immigration, qui menace selon lui la langue française au Québec. Il propose de réduire de plus de 20% le nombre d'immigrants et réfugiés accueillis chaque année, et de faire passer des tests de "valeurs québécoises" et de français aux immigrés, après trois ans de séjour dans la province.

S'ils échouent, M. Legault menace de les expulser... avant de reconnaître qu'il n'en aura pas le pouvoir au niveau provincial.

Ces propositions lui valent les critiques de ses rivaux et de ses détracteurs, qui l'accusent d'une dérive populiste parfois comparée à celle de l'extrême droite en Europe.

Mardi, son élection a d'ailleurs été saluée par la cheffe de l'extrême droite française Marine Le Pen. "Contrairement à ce que serinaient les libéraux immigrationnistes béats, les Québécois ont voté pour moins d'immigration. La lucidité et la fermeté face au défi migratoire est le point commun des élections de quasiment tous les pays du monde confrontés à cet enjeu", a-t-elle tweeté.

M. Legault, qui se défend d'être "anti-immigration", rétorque qu'il veut au contraire "bien accueillir" les immigrants, dans une province qui connaît quasiment le plein-emploi et ne peut se passer de cette main-d'oeuvre.

"Je crois qu'à 40.000, le Québec va continuer d'accueillir, toutes proportions gardées, plus d'immigrants que les Etats-Unis ou la France", a-t-il fait valoir mardi lors de sa première conférence de presse de Premier ministre élu.

Issu d'un milieu modeste, comptable de formation, François Legault a cofondé la compagnie aérienne Air Transat en 1986. Il en claque la porte une dizaine d'années plus tard, revend ses parts et devient millionnaire à moins de 40 ans.

- Dynamiter la traditionnelle alternance -

Il est très vite happé par la politique, rejoint les rangs du Parti québécois (indépendantiste), devient ministre de l'Industrie en 1998, puis ministre de l'Education et de la Santé.

En 2009, il claque la porte du "PQ", persuadé que les Québécois veulent entendre parler d'économie et de santé plutôt que d'indépendance.

Deux ans de réflexion plus tard, il fonde la Coalition Avenir Québec, coalition nationaliste hétéroclite située à droite, qui veut incarner le "changement" tout en maintenant la province dans la fédération. Elle va réunir aussi bien des déçus de la cause indépendantiste ou ceux du parti libéral de Philippe Couillard, de la famille politique de Justin Trudeau.

Lundi soir, après deux échecs en 2012 et 2014, M. Legault a gagné son pari: dynamiter la traditionnelle alternance indépendantistes/fédéralistes qui rythme la vie politique québécoise depuis un demi-siècle.

Ceux qui ont connu ou approché M. Legault brossent de lui un portrait mitigé: travailleur infatigable, rassembleur, fidèle en amitié mais impitoyable en affaires, orgueilleux, colérique, imprévisible.

"C'est un grand bosseur, rigoureux, mais il est influençable et donc imprévisible, il peut changer son fusil d'épaule à la dernière minute", témoigne pour l'AFP l'un de ses anciens conseillers politiques, qui a souhaité rester anonyme. "Il est très fidèle en amitié, mais pas très fidèle en affaires".

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Dans son discours de victoire lundi, François Legault a promis "un gouvernement avec le coeur à la bonne place et les deux pieds sur terre". Et il a promis mardi de "rassembler les Québécois" autour de trois priorités bien concrètes: économie, éducation, santé.

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