Les Roumains boudent le référendum contre le mariage gay

Les Roumains boudent le référendum contre le mariage gay
Par AFP
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Les Roumains ont boudé les urnes samedi au premier jour d'un référendum controversé visant à ancrer dans la Constitution l'interdiction du mariage gay, alors que la gauche au pouvoir compte sur ce scrutin pour remobiliser son électorat.

Les quelque 19 millions d'électeurs du pays ont toutefois jusqu'à dimanche soir pour se prononcer sur un changement de la définition du mariage qui ferait que seuls "un homme et une femme" puissent s'unir et non plus des "époux", comme le stipule actuellement la loi fondamentale.

A deux heures de la clôture des bureaux samedi, à peine un peu plus de 5% d'entre eux avaient voté, selon des chiffres officiels. Or la clef du scrutin réside dans la participation: le seuil de 30% des inscrits doit être atteint pour valider le résultat.

"Nous nous attendons à une mobilisation plus forte dans le milieu rural dimanche, après la messe, mais il faudra que cette tendance se maintienne durant toute la journée, y compris dans les villes, pour que le seuil requis soit atteint", a estimé pour l'AFP le sociologue Barbu Mateescu.

D'un point de vue légal rien ne changera à l'issue du référendum, puisque la législation roumaine n'autorise actuellement ni le mariage entre personnes de même sexe ni l'union civile. Les adversaires du scrutin fustigent un vote qui risque d'alimenter l'homophobie et dont l'enjeu serait de faire oublier les déboires du parti social-démocrate (PSD) au pouvoir.

- "Intérêts mesquins" -

"Les hommes politiques ont pris l'habitude d'utiliser n'importe quelle arme, en faisant fi des conséquences, pour protéger leurs intérêts mesquins", déplore le professeur Liviu Papadima de l'Université de Bucarest.

Les responsables de la majorité ont d'ailleurs été parmi les premiers à voter, comme la cheffe du gouvernement Viorica Dancila ou le puissant patron du PSD Liviu Dragnea.

"Le moment est venu de décider nous-mêmes comment nous voulons vivre dans notre pays", a-t-il déclaré, assurant qu'il ne s'agissait "absolument pas d'un vote contre une minorité".

Les sociaux-démocrates comptent sur ce scrutin pour mobiliser la Roumanie rurale et conservatrice, le coeur de leur électorat, alors que le parti est en perte de vitesse, accusé de vouloir affaiblir la lutte contre la corruption et de contrôler la justice qui a épinglé nombre de ses élus.

Les résultats du référendum sont attendus lundi et, le même jour, Liviu Dragnea doit comparaître pour son procès en appel dans une affaire d'emplois fictifs qui lui a valu trois ans et demi de prison ferme en première instance.

S'appuyant sur des citations de la Bible ou agitant le risque d'une "baisse de la natalité", les partisans d'une modification constitutionnelle disent vouloir "protéger la famille traditionnelle".

"Si nous autorisons les homosexuels à se marier, demain ils demanderont de pouvoir adopter des enfants, or cela est inadmissible", s'insurge Tudor, un retraité bucarestois.

Les opposants au vote faisant le pari du boycott, la victoire du "oui" à un changement de la Constitution est assurée, selon les analystes.

Le référendum émane d'une "initiative citoyenne", proche de l'Eglise orthodoxe, qui a présenté les signatures de trois millions de personnes ayant conduit à l'organisation de cette consultation.

- "Nourrir la haine" -

Une interdiction gravée dans la Constitution rendrait plus difficile, voire impossible, tout changement futur de la loi en faveur des couples homosexuels, s'inquiètent les adversaires de la consultation. Ils craignent que d'autres initiatives soient lancées remettant en cause le cadre de l'avortement ou de l'éducation sexuelle.

Le référendum a suscité de vives critiques au sein des institutions européennes qui ont rappelé Bucarest à ses engagements en matière de droits de l'homme.

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"Je ne veux pas que les valeurs de la famille soient transformées en arguments pour (...) nourrir les démons les plus noirs, la haine contre les minorités sexuelles", a lancé le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.

Selon le sociologue Marius Pieleanu de l'Institut Avangarde, de telles mises en garde de l'étranger risquent toutefois d'avoir l'effet inverse, alors que les discours souverainistes et méfiants envers l'Europe gagnent du terrain en Roumanie.

"Une partie des indécis pourraient justement se mobiliser en raison de cette attitude qu'ils perçoivent comme hostile envers la Roumanie", a-t-il déclaré à l'AFP.

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