Leader au Kurdistan, bien placé à Bagdad, Barzani gagne sur tous les tableaux

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Un an après le fiasco du référendum d'indépendance porté par son chef Massoud Barzani, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) s'est imposé comme le leader sans partage du Kurdistan irakien, tout en gagnant des points sur la scène politique fédérale à Bagdad.

Le PDK a certes échoué à ravir la présidence de l'Irak à son rival, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), dont le candidat Barham Saleh a obtenu le poste, honorifique.

Mais le rapport de force dans la course aux portefeuilles du gouvernement fédéral --qui sera formé d'ici novembre-- est à l'avantage du PDK.

Il se targue même, un brin provocateur, d'être depuis les législatives fédérales de mai, le premier parti de tout l'Irak, avec 25 députés. Les listes arrivées devant lui, avance-t-il, sont des coalitions de partis, alors qu'il est le seul à avoir rassemblé autant sous sa seule étiquette.

Dimanche, les résultats définitifs lui ont par ailleurs donné 45 des 111 sièges du Parlement local du Kurdistan, région autonome dans le nord de l'Irak. Il peut donc aussi se targuer d'être, de loin, le plus grand représentant des Kurdes irakiens.

Désormais en position, théorique, de former le gouvernement local du Kurdistan uniquement avec les 11 députés des minorités --qui bénéficient d'un système de quota-- et sans aucun de ses rivaux politiques, le PDK, maître dans son fief, peut aussi réclamer des postes fédéraux à Bagdad.

- "Personne ne peut faire sans lui" -

"Maintenant qu'il est le grand poids lourd de la politique kurde, personne ne peut faire sans lui à Bagdad: Massoud Barzani va demander des ministères comme les Affaires étrangères, les Finances, le poste de vice-Premier ministre", prédit Adel Bakawan, chercheur associé à l’École des Hautes Études en Sciences sociales de Paris (EHESS).

"Il a perdu le pari du référendum, mais les législatives de mai ont été un formidable moment de grâce: il a été courtisé par Américains et Iraniens", deux puissances influentes en Irak, poursuit le sociologue.

Et, loin de Bagdad, le PDK pourrait maintenant régler ses comptes avec ceux qui ont préféré pactiser avec le pouvoir central quand il a agi en représailles au référendum d'indépendance.

Quand les blindés irakiens ont pris la direction du Nord, pour reprendre aux Kurdes des zones disputées et leurs précieuses ressources pétrolières, les peshmergas de l'UPK s'étaient retirés sans combat en octobre 2017.

Une "haute trahison", selon les mots de Massoud Barzani, sur laquelle l'UPK n'est pas parvenue à capitaliser. Avec 21 députés au nouveau Parlement, elle n'a gagné que trois sièges.

Le parti Goran (changement en kurde), qui jusqu'alors représentait l'alternative la plus crédible au bipartisme, n'a lui conservé que 12 sièges sur les 24 qu'il détenait.

- "Espoir perdu" -

La crise économique au Kurdistan et les coupes salariales qui en ont découlé "ont éloigné les gens de la politique et fait grimper l'abstention", assure à l'AFP Raouf Othmane, cadre de Goran. "Les gens ont perdu espoir dans l'avenir des institutions, de la démocratie et de la politique au Kurdistan", accuse-t-il.

Pour les observateurs, la chute de Goran est le fruit de la division de l'opposition au bipartisme: alors que Goran perdait la moitié de ses sièges, le dernier-né de la politique kurde irakienne, Nouvelle génération, en emportait huit.

Ce mouvement qui se présentait pour la première fois a déjà annoncé refuser les résultats et appelé à une union de l'opposition ainsi qu'à un boycott des institutions kurdes.

Depuis 1991 et l'autonomie, "cela fait 27 ans que nous vivons une mascarade à cause des fraudes électorales du PDK et de l'UPK", dénonce l'un de ses cadres, Aram Saïd.

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Le danger de la division guette au Kurdistan irakien. Déjà, en raison d'affrontements fratricides de 1994 jusqu'en 2006, les Kurdes avaient eu deux gouvernements: l'un, du PDK, à Erbil et l'autre, de l'UPK, à Souleimaniyeh.

Plus d'une décennie après la réconciliation, "nous pourrions revoir deux directions", prévient le politologue Ouathiq al-Hachémi.

Mais, aujourd'hui, nuance-t-il, "cela ne dégénèrera pas en violences, du fait de pressions régionales" d'Etats voisins peu désireux de voir un conflit supplémentaire déchirer le Moyen-Orient.

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